THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

Les joies du LIBERALISME

Cf. aussi POLITIQUE - PARADIS FISCAUX - MANIPULATION

"Je n'ai besoin, pour ma jouissance, de la misère de personne." (Baudelaire)


QUELQUES CHIFFRES

* Cités par Fred Vargas :

4% des 250 plus grandes fortunes mondiales feraient vivre l'Afrique entière.

10% feraient vivre le monde entier.

Estimation un peu différente (plus récente ?) de Yann-Arthus Bertrand : 4% de la richesse cumulée des 225 plus grosses fortunes (qui totalisent 1000 milliards de dollars) suffiraient à assurer l'accès à une éducation, une alimentation correcte et des soins de base à toute la population de la planète.

* Rapport du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) de 1998, cité par Bernard Maris. Dépenses annuelles en milliards de dollars :

- Education pour tous : 6

- Achats de cosmétiques aux USA : 8

- Accès à l'eau et à l'assainissement pour tous : 9

- Achats de crèmes glacées en Europe : 11

- Soins de gynécologie et d'obstétrique pour toutes les femmes : 12

- Consommation de parfum en Europe et aux USA : 12

- Satisfaction des besoins nutritionnels et sanitaires de base : 13

- Achats d'aliments d'animaux en Europe et aux USA : 17

- Budget loisirs des entreprises japonaises : 35

- Consommation de cigarettes en Europe : 50

- Achats de boissons alcoolisées en Europe : 105

- Consommation de stupéfiants dans le monde : 400

- Dépenses militaires dans le monde : 780


Felix Rohatyn, patron américain d'une banque d'affaires, cité par Bernard Maris dans le second volume de son Antimanuel d'économie : "Les Américains ont tellement intériorisé la peur du chômage que celui-ci n'est même plus nécessaire."


"La guerre des classes existe, c'est un fait, mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter" (Warren Buffet)


Clémenceau, sur le libéralisme : "Quest-ce que votre laisser faire, votre loi de l'offre et de la demande, sinon l'expression pure et simple de la force ? Le droit prime la force : voilà le principe de la civilisation. Dès que nous avons constaté votre loi, à l'oeuvre contre la barbarie !"


NOBLESSE

Aucune noblesse n'existe de toute éternité. La noblesse féodale européenne s'est constituée peu à peu à partir des guerriers entourant les chefs barbares, de siècle en siècle, d'abord ouverte à tous ceux qui s'y montraient aptes. Puis la noblesse se ferme aux nouveaux venus et jouit de ses privilèges tout en cessant de les justifier par une activité militaire réelle. Le parallèle avec la constitution d'une nouvelle aristocratie (d'affaires) après le renversement de l'ancienne noblesse est donc assez net.


POLLUTION DELOCALISEE

En 1991, Lawrence Summers, , qui fut membre du staff de la Banque Mondiale et chef des conseillers économiques de Clinton, écrivait ceci (également cité par Bernard Maris) : "Les pays sous-peuplés d'Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l'air y est d'un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays les moins avancés et se préoccuper davantage d'un facteur aggravant les risques d'un cancer de la prostate dans un pays où les gens vivent assez vieux pour avoir cette maladie, que dans un autre pays où deux cents enfants sur mille meurent avant d'avoir l'âge de cinq ans. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable."


FRANCE-ARGENTINE

Le film de Solanas, Mémoire d'un saccage, fait froid dans le dos. Il explique comment un pays riche comme l'Argentine a sombré en quelques années dans la misère la plus noire. C'est le pays qui a appliqué avec le plus de zèle la politique économique néolibérale du FMI : on y voit en quelque sorte à l'oeuvre en accéléré le processus dans lequel quasiment tous les pays, dont le nôtre évidemment, sont impliqués. Privatisations massives, biens publics bradés au bénéfice de quelques escrocs, corruption généralisée, trahison des responsables politiques et syndicaux, collusion des médias qui durant des années ont chanté les louanges de cette politique (exactement les mêmes discours truffés de contre-vérités que l'on nous sert ici depuis des années), développement de la répression policière, ... L'opération menée en Argentine est tellement sidérante qu'on se dit qu'une chose pareille ne peut pas arriver en France. Cela arrive simplement plus lentement, plus en douceur, de façon moins frappante donc, mais il suffit de considérer la plupart des éléments décrits dans le film pour constater que c'est bel et bien le même processus. On peut avoir devant ce film l'impression que les politiciens français, aussi véreux soient-ils, ne pousseraient jamais le cynisme et la crapulerie aussi loin qu'un Menem (mais c'est à mon avis sous-estimer les intentions d'un Sarkozy) : mais on se demande aussi si la population française n'est pas infiniment plus anesthésiée et passive que tous ces Argentins qui se sont battus sans relâche et malgré la répression.


UN CLIENT EST UN CLIENT

Le colonel Thompson n'ayant réussi à mettre au point sa mitraillette (Tommy Gun) qu'en 1918, ça n'intéressait plus guère l'armée; aussi décida-t-il de le lancer sur le marché civil, ce qui permit aux gangsters de s'équiper.


5 octobre 2004

François Dagognet : "Le capitalisme est ce qui meurtrit et pathologise les sociétés."


8 juin 2005

La lutte contre le capitalisme est interminable. Le monstre est fort : on peut sans doute tout au plus lui retenir un peu les mâchoires avant qu'ils ne bouffe tout. Le retenir un peu plus. Un peu plus longtemps.

Mais surtout, ce n'est pas une lutte des uns contre les autres. C'est le combat d'une partie "saine" (multipliez les guillemets) ou "opprimée" de l'humanité contre une autre partie, vorace et dominante. Que l'on supprime ces dominants, cette caste et même ce système de domination, et très vite une autre système de domination, une autre caste, se mettront en place, tirant leur épingle du jeu.

Si l'on refuse de réduire tout conflit social à un conflit d'intérêts particuliers, tout combat politique est un combat contre soi-même, contre ce que nous serions si nous avions le pouvoir qu'ont nos ennemis. Bref un combat interne à l'humanité en tant que corps en plein dysfonctionnement, mais en dysfonctionnement permanent, éternel : un organe n'y est "guéri" que pour laisser place au dysfonctionnement d'un autre organe.

Je crois qu'il faut avoir conscience de cela pour avoir une vague chance de sortir un jour du cercle vicieux.

En attendant, on ne peut que retarder la progression du monstre actuellement à l'oeuvre, du monstre sous sa forme actuelle.


26 juillet 2007 : LA SELECTION DES MEILLEURS

Retranscription partielle de l'introduction de Raphaël Liogier, dans son émission d'été sur France Culture, Les évidences universelles, intitulée hier : "Le marché sélectionne les meilleurs". On appréciera notamment l'amusante proposition finale.

Ceux qui se targuent de libéralisme raillent les naïfs qui rêvent d'une société égalitaire, alors que, eux, les libéraux, se vantent de faire appel à la loi du marché, boîte merveilleuse dans laquelle la conjonction de l'offre et de la demande sélectionne les meilleurs produits, les meilleures entreprises, et même les meilleurs hommes, rejetant ce qui est moins rentable, moins utile (...) Mais ce marché est une abstraction. Dans la réalité, nous avons des situations établies, difficilement contestables : des réseaux, des arrangements, des marchés plus ou moins fermés, des consommateurs sous influence et souvent pas assez informés pour juger clairement de la valeur d'un produit. (...) Pour qu'une compétition soit parfaite, il faut des règles et un arbitrage.

Certains leaders politiques ont pu prétendre, et ils ne sont pas seuls, en tous cas à le penser, que ceux qui habitent dans les beaux quartiers, portent de riches tailleurs ou des costumes hors de prix, sont les plus méritants, ceux qui se sont engagés bravement dans la compétition et en sont ressortis victorieux : "ce sont les meilleurs d'entre nous, suffisamment courageux pour se lancer, suffisamment forts pour agir, suffisamment inventifs pour innover ; les autres sont moins efficaces, et sans doute plus paresseux."

Les plus riches le sont-ils parce qu'ils sont les meilleurs ? Il faut déjà admettre une définition restrictive de ce que c'est qu'être meilleur : ce gâteau est meilleur au goût, mais mauvais à la santé, cet homme est meilleur poète que cet analphabète pourtant imbattable en négociations commerciales. Les sociétés industrielles avancées peuvent s'enorgueuillir de l'élévation du niveau de vie, mais au détriment d'une certaine qualité de vie. Le projet matériel immédiat se fait parfois au détriment du développement durable. Parler du "meilleur" pour un produit, un homme ou la société dans son ensemble, relève d'un choix préalable de priorités : le marché par lui-même ne peut faire ce choix, seule la politique peut le faire. Le but, est-ce d'être le plus rapide quels que soient les moyens ? ou faut-il être le plus rapide à pied seulement ? ou faut-il être le plus rapide en restant en bonne santé ? On ne peut pas savoir qui a gagné tant qu'on ne sait pas à quel type de performances l'on s'attend.

Mais admettons même que le meilleur soit le plus efficace économiquement. Même dans ce cas, le fameux marché ne sélectionne pas les athlètes du profit, mais conforte souvent la place des faiblards, qui peuvent même être assez paresseux et pas créatifs pour un sou. Car on ne peut dépasser ceux qui ont hérité d’une Ferrari, même s’ils sont des pilotes médiocres, quand l’on n’a qu’une trottinette laissée par un aïeul, ou si l’on est à pied. On n’accepterait dans aucune compétition sportive de telles disparités sur les starting-blocks, d’abord par ce qu’elles ne permettent pas de faire gagner les meilleurs, les plus performants. Pourquoi trouve-t-on ça normal en économie ?

On parle souvent de flexibilité, pour rendre l'entreprise plus adaptable aux changements, pour que chacun ait la place où il est le plus rentable. Mais pourquoi applique-t-on surtout ce principe aux salariés de base ? Plus on monte dans la hiérarchie, plus les gens ont des responsabilités. Leur moindre décision est lourde d'importance pour toute l'entreprise. Le capitaine a plus d'importance que les matelots. C'est donc chez les patrons que la flexibilité doit d'abord s'appliquer pour une meilleure efficacité économique. Comment faire pour que les meilleurs soient à la tête des entreprises ? Simple. Aussi simple qu'insupportable pour ceux qui prétendent défendre la compétition mais qui sont souvent des quasi-rentiers assez peu rentables pour la société. La société française est d'ailleurs parasitée par ces héritiers improductifs. Il suffit de remplacer le fouillis fiscal actuel, les multiples impôts, par un seul prélèvement, sur le patrimoine global de chacun : argent, maisons, usines, voitures, actions, obligations, tout. Peu importe le revenu du travail, du capital ou autre : tout doit compter en un seul bloc. Impôt évidemment progressif, car lorsque l'on dépasse une certaine masse économique, on doit être encore plus efficace, responsable et méritant. C'est ainsi qu'un héritier d'un milliard d'euros, mobilisés en usine, devra faire suffisamment de profit pour être capable de payer un impôt de plusieurs dizaines de millions d'euros chaque année. Dans le cas contraire, il ne pourra pas payer et devra passer la main, vendre ses usines à un meilleur que lui. Les entreprises deviendront moins chères, car il faudra être très performant pour arriver à les garder. Les banques prêtront plus facilement aux moins riches, s'ils prouvent leur efficacité, ce qui permettra une ascension sociale plus rapide, avec en contrepartie évidemment des descentes fracassantes. Personne ne sera dépossédé, mais il y aura un impératif permanent à faire quelque chose de son magot pour le garder. Une personne gagnant beaucoup d'argent chaque mois pourra ne pas être ou peu imposée tant que son capital n'atteint pas une masse critique. Il y aura donc vraiment libération du travail et de l'initiative. Cette flexibilité par le haut, ou turnover patronal, ne serait pas seulement plus juste, mais réellement libérale, surtout économiquement plus rentable, mais évidemment contraire aux intérêts, à la situation, à la paresse parasitaire, de ceux qui en général se prétendent compétitifs.


6 novembre 2007 : CONSUMERISME ET INFANTILISATION

Invité de La Suite dans les idées, Benjamin Barber, auteur de Comment le capitalisme nous infantilise, oppose l'ancien capitalisme productiviste (s'enrichir en produisant ce dont les gens ont besoin) au capitalisme consumériste actuel (s'enrichir en créant des besoins nouveaux), lequel a étroitement partie liée à l'enfance, faisant des enfants des consommateurs, de plus en plus tôt, et infantilisant les adultes au maximum. Tout cela évidemment parce que l'état d'enfance est l'état idéal pour consommer tout et n'importe quoi : l'enfance, c'est avant tout l''impulsion égoïste ("je veux ça !") par opposition à la réflexion responsable ("de quoi ai-je réellement besoin ? qu'est-ce qui est bon pour moi, mais aussi pour nous, pour les miens, pour l'Humanité ou la planète en général ?..."), réflexion qui fut pendant longtemps le propre de l'âge adulte. En infantilisant le monde, le capitalisme fait triompher la simplicité, l'immédiateté, l'émotion, sur la complexité, le délai, la raison.

Barber ne se prive pas d'ajouter que la politique fonctionne désormais comme cela aussi.


8 décembre 2007 : EXEMPLE D'IMPOSTURE LIBERALE

Hier, Les Vendredis de la Philosophie sur France Culture, sujet : "Quelle est la liberté du libéralisme ?" Beaucoup d'amalgames, pour une émission à prétention philosophique. Mais le plus beau vient de Catherine Audard, apologiste du libéralisme économique qu'elle tient absolument à ne pas distinguer du libéralisme politique, ce qui lui permet de mobiliser à son service Montesquieu, Constant, etc. Comme l'animateur lui demande tout de même s'il ne faut pas distinguer ces deux "libéralismes", elle se récrie qu'ils sont indissociables : "On a bien vu ce que ça a donné lorsque la Russie est passée à une économie libérale : le marché ne peut fonctionner que dans le cadre d'un Etat de droit, il a vite fallu combler le vide juridique.Donc il n'y a pas de distinction : c'est absurde de parler d'un bon libéralisme politique et d'un mauvais libéralisme économique."

Commentaire n°1 : les dérives maffieuses du libéralisme russe sont simplement plus choquantes et plus violentes que celles du libéralisme (économique) américain ou européen, mais il serait bien naïf de croire qu'il règne au sein de ces derniers une intégrité absolue ! Je persiste à croire d'ailleurs que le libéralisme (économique) est par nature maffieux.

Commentaire n°2 : l'exemple russe a prouvé que le libéralisme économique tourne mal sans le libéralisme politique, et non que le libéralisme politique tourne mal sans le libéralisme économique. Il ne fait que prouver la valeur du libéralisme politique et ne démontre en rien celle du libéralisme économique, contrairement à ce que suggère la conclusion biaisée de cette gourdasse.

 


30 janvier 2008 : TAXIS EN COLERE

Les chauffeurs de taxi manifestent en ce jour contre le projet de déréglementation qui menace leur profession (fin du numerus clausus et donc renforcement de la concurrence).

- Mais pour qui avez-vous en majorité voté l'an passé, amis taxis ?

- Ouais mais c'est pas une raison, il est en train de nous trahir !

- Vraiment ? Vous avez élu un candidat libéral, or l'ouverture à la concurrence est un principe de base du libéralisme : alors où est le problème. Seriez-vous du genre à vous accrocher à vos privilèges (car le numerus clausus en est bien un), comme de vulgaires fonctionnaires gauchistes ? Seriez-vous du genre à livrer à la concurrence le nucléaire, la santé, l'éducation,... mais à refuser que la même concurrence touche votre secteur ?


12 février 2008 : POUVOIR D'ACHAT

Le Monde (que, soit dit en passant, Alain Minc cherche actuellement à faire tomber entre les mains de Lagardère) nous apprend que les grands patrons français ont vu leur rémunération croître de 40% en 2007. Si l'on considère ce que peut être leur rémunération initiale, on peut supposer que pas mal de pauvres diables se contenteraient largement des seuls 40% d'augmentation. Entre cette bonne nouvelle et l'augmentation de 140% du salaire de notre président, on se demande bien comment certains peuvent encore dire que le pouvoir d'achat n'augmente pas.

Au passage, rappelons que l'argument utilisé pour justifier l'augmentation présidentielle (elle était inférieure à la plupart des salaires des autres chefs d'Etat européens) est un argument biaisé : les autres recevaient davantage simplement parce que tous leurs frais ne sont pas pris en charge par l'Etat. Bref, Sarkozy avait déjà le beurre et il a réussi à s'octroyer en prime l'argent du beurre.


19 mars 2008 : PIRATES

Montesquieu écrivait que "Les premiers Grecs étaient tous des pirates", avant de devenir assez puissants pour exercer un commerce légal et considérer dès lors la piraterie avec réprobation (une réprobation souvent tempérée par le fait que les pirates étaient aussi pour eux de grands pourvoyeurs d'esclaves, esclaves sans lesquels leur beau système civilisé aurait un peu moins facilement prospéré). Toute puissance, tout pouvoir, toute fortune repose sur une violence et une ignominie passées que l'on s'efforce de faire oublier.

Peu de différence d'ailleurs à mes yeux entre les pirates "primitifs" et leurs équivalents civilisés d'aujourd'hui. Si ce n'est que les véritables pirates risquent leur vie sur les océans et affrontent le risque du châtiment s'ils sont capturés, tandis que les pirates capitalistes (et même dans une - à peine - moindre mesure les pirates maffieux, qui sont une variété intermédaire entre les deux autres) limitent les risques au maximum et créent des lois qui les protègent, y compris de leurs victimes.


16 mai 2008 : TOUJOURS PLUS

Non content de ne plus vouloir payer d'impôts, les maîtres de l'économie cherchent perpétuellement de nouveaux moyens d'augmenter leur part du gâteau, dont d'appauvrir toujours plus le reste de l'humanité. L'actuelle montée des prix de l'alimentation, résultat de spéculations abjectes, en est une belle illustration. Ces pourris seraient capables de profiter un jour d'une catastrophe environnementale (voire de la provoquer - vous me dites si j'exagère ...) pour vendre de l'air respirable et non-contaminé aux pauvres (ou plutôt aux classes moyennes : les pauvres, incapables de payer, pourraient bien sûr crever, comme toujours).

Lorsqu'on considère la science, la technique, l'Art, on est obligé de constater que l'Homme est capable d'une ingéniosité et d'une créativité fantastiques pour rendre la vie meilleure. Sa capacité à résoudre les difficultés est admirable. Malheureusement, l'Homme est en concurrence avec la Râclure d'humain, qui emploie ses capacités à prospérer sur la misère des autres au lieu de la combattre.

A tort ou à raison, je préfère le réformisme éclairé (en tous cas, je l'apprécierais s'il avait un peu plus de couilles) aux révolutions sanglantes et hasardeuses. Je ne crois pas que la violence soit une bonne solution. Pourtant, en voyant aujourd'hui des ordures spéculer sur la faim, je me dis que si un jour ces types-là, et les politiciens qui leur servent de larbins, sont mis à mort par un peuple poussé à bout, il n'y aura pas grand chose à y redire. Mais il y a évidemment peu de risques que cela arrive : ces gens sont prévoyants et savent se protéger. Le peuple poussé à bout se défoulera sur les classes moyennes, voire sur le voisin, comme c'est désormais le cas lors de chaque flambée de violence en banlieue.


17 mai 2008 : JOIES DE L'ESCLAVAGE

L'inusable Alain Finkielkraut consacre une émission à la traite négrière. On sent qu'il se contrôle autant qu'il peut pour ne pas aller jusqu'à affirmer que les esclavagistes européens étaient des philanthropes qui arrachaient de pauvres nègres à la cruauté de l'esclavage interne à l'Afrique, des sacrifices humains et autres terribles coutumes locales, les sortant de cet enfer pour les conduire vers le paradis des plantations de sucre et de coton.

Plus tard, son invitée Françoise Vergès, constate : "La traite est un système de prédation rentable. C'est une économie de prédation qui se répand à travers le monde, il y a des fortunes qui se font. Et cette économie de prédation très très forte, il faudrait de nouveau l'explorer car elle peut nous faire comprendre des choses sur notre monde contemporain, car il y a de grandes leçons dans cette histoire."

Réaction d'Alain Finkielkraut, soutien de Nicolas Sarkozy : "Ah bon ?"


29 juillet 2008 : ALIMENTER LA PENURIE

We feed the World - Le Marché de la Faim, de Erwin Wagenhofer est un film intéressant et édifiant (quoique pas génialement conçu). Un aspect de plus du monde actuel qui me conforte dans l'idée qu'il faudrait être naïf pour croire encore que l'économie et la politique sont actuellement autre chose qu'un détournement de fonds universel et organisé. Toute l'habileté consiste à gérer le pillage au plus près, à prendre le plus au maximum de gens, y compris aux plus pauvres, tout en maintenant un minimum de légalité apparente pour retarder le plus possible les explosions de révolte, et accumuler d'ici là un maximum de richesses, entre gens de bonne compagnie. Je dis cela poliment. Jean Ziegler, lui, écrit ceci :

"Etant donné l'état actuel de l'agriculture dans le monde, on pourrait nourrir 12 milliards d'individus dans difficulté. Pour le dire autrement, tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné."

On appréciera aussi l'interview finale de Peter Brabeck, le tartuffe Président de Nestlé, lequel dénonce (par l'affirmation péremptoire) les dangers de l'alimentation bio, ou encore vante les bienfaits du libéralisme pour multiplier les emplois (avant de s'extasier sur des images d'une usine mécanisée qui n'emploie presque plus personne). Echantillon :

"Concernant l'eau, deux points de vue s'affrontent. Il y a un point de vue que je qualifierais d'extrême, celui des ONG, pour qui l'accès à l'eau devrait être nationalisé. Autrement dit, tout être humain doit avoir accès à l'eau. C'est une solution extrême. Et un autre point de vue qui dit que l'eau est une denrée alimentaire, et que, comme toute denrée, elle a une valeur marchande. Il est préférable selon moi de donner une valeur à une denrée, afin que nous soyons tous conscients qu'elle a un coût et qu'on prenne des mesures adaptées pour les franges de la population qui n'ont pas accès à cette eau."

En bonus, les conseils du toujours excellent Jean Ziegler pour agir en tant que consommateurs. Ca commence à se savoir parmi les esprits éclairés, mais rappelons les tout de même :

- refuser d'acheter les produits contenant des OGM.

- acheter autant que possible des produits locaux (et donc uniquement en saison).


5 septembre 2008 : TRAVAILLER PLUS ?

Songeant au climat régnant dans l'Education nationale, j'évoquais devant une classe la nécessité d'un minimum de travail pour progresser, "même si, ajoutai-je, à notre époque, la tendance n'est pas vraiment à inciter les gens à l'effort." Je sentis immédiatement une certaine surprise chez certains et compris que ce que je disais était comme réfuté par le discours actuel du "travailler plus pour gagner plus".

Fausse contradiction, cependant. On n'incite pas les gens à travailler pour eux, pour s'instruire, s'épanouir, se construire, mais on leur demande en revanche, une fois adultes (et si possible sous-qualifiés) de travailler toujours plus pour les autres, et pour un salaire de misère.


25 avril 2009 : ATTRACTIVITE

Raffarin a déclaré que les séquestrations de patrons nuisaient à l'attractivité économique de la France. Il a raison, Raffarin, il faut se laisser faire, sinon ça ne donne pas envie de venir exploiter du prolo chez nous. C'est comme si les enfants thaïlandais rechignaient brusquement à se laisser prostituer : ce serait ignoble de leur part, car cela nuirait à l'attractivité de leur pays.


6 mars 2010 : QUELQUES EVIDENCES ECONOMIQUES

Si l'événement le plus frappant du XX° siècle est certainement la Shoah, qui nous a appris jusqu'où l'homme pouvait descendre dans la barbarie, les événements les plus intéressante pour nous aider à construire l'avenir se sont déroulés dans la période précédente.

1921 : Pour surmonter de grandes difficultés économiques, Lénine renonce (provisoirement) au communisme intégral et met en place la N.E.P., qui introduit un peu de libéralisme dans la machine.

1933 : Pour surmonter la crise commencée en 29, Roosevelt instaure le New Deal, qui met fin (provisoirement) au libéralisme intégral pour y introduire une part d'étatisme et de planification.

Dans les deux cas, le résultat est tout à fait positif. On en tirera d'utiles réflexions sur les bienfaits du panachage, ou pour mieux dire de la mesure. Quant à savoir pourquoi nous sommes depuis lors retombés un peu partout dans les difficultés, je crois que la réponse est dans les parenthèses.

***

Invité de Finkielkraut ce samedi, le pétulant enfumeur Alain Minc souligne que le capitalisme actuel n'a rien à voir avec une lutte des classes puisqu'il se fonde sur la défenses des intérêts de petits actionnaires, et en particulier des fonds de retraite. Il oublie de préciser quels décideurs (pour ne pas dire quels escrocs) ont fait en sorte que, dans certains pays, le système de retraite se fonde sur la spéculation et non plus sur la solidarité (*).

(*) : évolution qu'on cherche d'ailleurs à fourguer aussi aux pays qui y ont jusqu'à présent plus ou moins résisté. Il est évident que la dégradation progressive du système des retraites en France est idéale pour inciter de plus en plus de gens à passer à un autre système, a priori plus rémunérateur (du moins, si nul Madoff ne s'en mêle ... mais quel serait l'intérêt de mettre en place un tel système si ce n'était pour arnaquer plus ou moins nettement les petits actionnaires ?)


16 mai 2010 : OLIVER STONE

Assez désabusé ("La Fox produit mon film parce qu'elle sait parfaitement qu'un film ne changera pas les choses"), Oliver Stone conclut une interview en répondant ainsi à la question "Quelle est la personne dont vous souhaitez le plus qu’elle voie le film?" :

En fin de compte je ne crois pas que les gens qui détiennent ce pouvoir réagissent. C’est leur vie quotidienne. C’est une question de coeur, on en a un ou pas. Mais je ne crois pas que les gens qui sont dans cette position ont l’imagination nécessaire pour comprendre que des millions de gens ont été affectés. Mais je ne crois pas que Tim Geithner (le secrétaire au Trésor) ou Larry Summers (qui préside le conseil économique de la Maison Blanche) seraient affectés par le film. Ils diraient que tel ou tel détail est erroné. J’aimerais bien que Joseph Stiglitz (économiste, prix Nobel) le voie. Il me semble qu’il bien vu la façon dont le monde fonctionne. Je viens de réaliser un documentaire sur l’Amérique latine (South of the Border, présenté au dernier festival de Venise) qui montre à quel point le FMI a entubé la planète. Je vois qu’ils vont s’occuper de la zone Europe. C’est ce que Stiglitz a toujours dit, nous avons imposé des conditions aux pays émergents, un jour il faudra nous les imposer à nous-mêmes.


18 mai : UN HOMME BON

M. Daubresse, ministre de la jeunesse, a déclaré : "Je veux offrir aux jeunes une boussole pour s'orienter". C'est là qu'on mesure à quel point la logique libérale s'est relativement humanisée depuis l'époque des parents du Petit Poucet.

 


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