THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

BÊTISE, vie des crétins et mésaventures de la Raison

Cf. aussi RELIGION - MANIPULATION - FASCISMES - STEEVY - CLAUDE ALLEGRE


"Le courage, la résignation aux lois de la nature, le profond mépris pour toutes les superstitions, le plaisir noble de se sentir d'une autre nature que les sots, l'exercice de la faculté de penser, sont des consolations véritables." (Voltaire, lettre à Mme du Deffand)


LES ARCHIVES DU MAILLON FAIBLE

* Quel leader étudiant de mai 68 était surnommé Dany le Rouge ? Dany Brillant.

* Comment appelle-t-on les habitants de Périgueux ? Les Péruviens.

* Si les abeilles volent en essaim, en quoi se regroupent les sardines ? En boîtes.

* Quel médecin autrichien est considéré comme le fondateur de la psychanalyse ? George Michael.

* Avec quel homme politique français Ségolène Royal a-t-elle eu quatre enfants ? Marcel Proust.


26 septembre 2009 : AURAIT-ON ENFIN TOUCHE LE FOND DE LA CONNERIE ?

Finkielkraut cite un rapport de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité) : "Certains textes pourraient contenir des stéréotypes. Par exemple, en français, le poème de Ronsard, "Mignonne allons voir si la rose", est étudié par tous les élèves : toutefois, ce texte véhicule une image somme toute très négative des seniors. Il serait intéressant de pouvoir mesurer combien de textes proposés aux élèves présentent ce type de stéréotypes et chercher d'autres textes présentant une image plus positive des seniors pour contrebalancer ces stéréotypes."

***

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit déclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu cette vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil.

"Mignonne" est désobligeant envers les personnes non-belles.

"Pourpre" est discriminatoire à l'égard de toutes les autres couleurs de roses (et donc, au-delà, attentatoire à la diversité).

 

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautés laissé choir !

Ô vraiment marâtre Nature,

Cruelle mise en doute de la perfection (et de la gentillesse) de la Nature.

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Manque de confiance anti-citoyen dans les progrès possibles de la science, capable de prolonger la vie des roses.

 

Donc, si vous m'en croyez, mignonne,

Tandis que votre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

MAL !


UNE AUTRE AFFAIRE POUR LA HALDE

Abel Bonnard, collabo et homosexuel notoire, était surnommé par certains résistants "la Gestapette". Lui et Abel Hermant (même profil) étaient en outre surnommés collectivement "les deux belles" (la belle Bonnard et la belle Hermant, vous suivez ?). Il y a là une homophobie manifeste : les nazis furent visiblement beaucoup plus ouverts et tolérants avec ces deux personnages. Nous savons désormais qui sont les vrais méchants.


METAPHYSIQUE DU VROUM VROUM ET DU HEILI HEILO

Heidegger considérait la motorisation de la Wehrmacht comme un événement fondamental et "un acte métaphysique". Mais je ne vais pas tomber dans le piège de le traiter de crétin. Après tout, je ne le connais pas assez, peut-être qu'il disait juste ça en déconnant, pour faire rire son Führer.


HYPOTHESE EXTRA-TERRESTRE AU SECOND DEGRE

Mauvais Genre, qui est une émission de France Culture (par ailleurs souvent intéressante) même si ses animateurs s'emploient généralement à parler tous en même temps (pour faire rebelle) et dans un français approximatif (mais ça ce n'est pas volontaire), accueille (janvier 2009) Bertrand Mesheust, défini sans rire comme "philosophe et ufologue". Je découvre sur Wikipédia qu'il a notamment développé l'hypothèse extra-terrestre au second degré. En gros, on constate que la science-fiction précède les premières "apparitions d'OVNIs" et que la nature de ces apparitions est largement conditionnée par l'image déjà créée par les oeuvres de fiction et leurs illustrations. Jusque là, tout va bien et semble logique, mais devant cette réalité, on avance l'hypothèse suivante : "il y aurait bien un vaisseau spatial extraterrestre dans le ciel, mais la technologie de celui-ci serait tellement avancée que nous, humains, serions incapables de le percevoir tel qu'il est réellement. Du coup, à la place, nous projeterions sur celui-ci (le vaisseau extraterrestre servant alors de support) nos représentations culturelles."

Une telle aberration intelectuelle n'est pas sans rappeler les théories créationnistes de Philip Henry Gosse (1810-1888), reprises avec délectation par Borges dans une de ses Enquêtes. Les squelettes de dinosaures prouvent que la Bible se trompe sur la date de la Création ? Il suffit d'affirmer que les dinosaures n'ont jamais existé, mais que Dieu a placé des fossiles dans le sol comme si ils avaient existé (*).

NB : Dans l'émission, un intervenant parle de "phénoménologie soucoupique".

(*) : dans le détail, il s'agit de considérer qu'il y a certes une "logique" de l'évolution de la planète et de la vie, évolution par étapes que la science peut reconstituer, mais que Dieu a créé le monde in medias res, en plein milieu de son histoire, en laissant des traces des étapes précédentes telles qu'elles auraient existé si elles avaient eu lieu. Ne me demandez surtout pas pourquoi Dieu a fait ça.


CREATIONNISME

Depuis Darwin, et aujourd'hui encore, de nombreux individus, clairement créationnistes ou "sans opinion" sont choqués par l'idée que l'homme "descendrait" du singe. A y regarder de près, ils ont certainement raison. Le singe est un animal extrêmement curieux, d'esprit vif et ouvert, qui cherche perpétuellement de nouvelles solutions plus intelligentes lorsqu'il est confronté à un problème : en ce sens, il ne peut guère être l'ancêtre ou le cousin que d'une infime minorité (anormale ou mutante) d'humains : intellectuels, artistes et autres rastaquouères. L'humain normal, qui possède un cerveau énorme mais rechigne à s'en servir, qui se délecte à se vautrer dans sa merde au lieu de chercher à en sortir, qui végète devant TF1 et qui, comme seule solution à ses problèmes, vote Sarkozy,... cet humain-là, l'humain normal, descend visiblement du porc. D'ailleurs, si l'on en croit les voyageurs qui ont eu l'occasion de dîner chez des anthropophages, il a quasiment le même goût, et la disposition des organes internes fait du porc un des animaux les plus proches de l'homme. CQFD.

***

RIEN A VOIR ?

Cet après-midi, beaux embouteillages en raison de manifestations d'agriculteurs en colère. Loin de moi l'idée de contester le droit de manifester dans l'absolu, mais bon ... des connards qui ont massivement voté pour le pouvoir actuellement en place, ça devrait avoir la pudeur de fermer sa gueule pendant au moins cinq ans, non ?

On notera au passage que les électeurs sarkozysto-poujado-lepénistes ne manquent jamais de dénoncer les grèves et manifestations de "gauchistes", qui "prennent en otage" les honnêtes gens. Pourtant, à gauche, les journées d'action sont systématiquement annoncées, ce qui permet de prendre ses dispositions. Les spécialistes du blocage inattendu, voire d'actions plus répugnantes encore (déversement de nourriture), ce sont bel et bien nos amis de droite, routiers, taxis et autres paysans.

(7 novembre 2008)


26 mars 2009 : UN SOCIOLOGUE EPATANT

Un sociologue, constatant, à partir d'une étude sur le niveau scolaire dans divers pays, que la France est caractérisée à la fois par une efficacité très médiocre et un écart énorme de réussite en fonction de l'origine sociale, en déduit que plus l'école est égalitaire, plus elle est efficace. C'est un point de vue, et le type semble brandir sa conclusion comme une découverte étonnante, mais il me semble qu'il serait plus logique, plus pertinent (quoique beaucoup moins spectaculaire et plus banal) d'en déduire l'inverse, à savoir que plus l'école est efficace, plus elle réduit les inégalités.

Evidemment, le problème, c'est que ça ne nous dit pas vraiment à quoi tient l'efficacité, alors qu'avec la formulation du gus, on avait une solution-miracle toute trouvée. C'est beau, la sociologie.


8 juillet 2009 : PORTES OUVERTES (MAIS NEANMOINS DEFONCEES) SUR LES SECTES ou UN AUTRE SOCIOLOGUE EPATANT

Sylvain Bourmeau a invité un sociologue, Arnaud Esquerre, qui publie un livre sur les sectes. Après quelques banalités, on finit par en arriver à l'essentiel du propos : les sectes sont généralement dénoncées (par exemple par le méchant Roger Ikor) au nom d'une idéologie réactionnaire, anti-soixante-huitarde, fondée sur l'autorité familiale. On accuse les sectes d'être totalitaires : "comme si la famille n'était pas totalitaire !" ironise une comparse (l'ethnologue Jeanne Favret-Saada, si je ne me trompe), "et en fait ce qui est sous-entendu là-dedans, c'est que toute nouvelle forme d'autorité qu'on se donne, à quoi on consent librement, ne peut être que mauvaise puisqu'on y consent librement, alors que l'autorité, on doit y adhérer et point."

Quand on songe un peu à tous les paumés, déjà bien amochés par la vie, qui en prime se retrouvent, en pensant avoir enfin trouvé un peu de chaleur humaine et un peu de sens à leur vie, entre les mains d'escrocs manipulateurs, on se dit que les bien-pensants comme Bourmeau et ses invités du jour sont de bien tristes et bien sinistres cons.

Cela dit, notre sociologue a réalisé une enquête fort instructive. En effet, il a eu l'idée de génie de comparer une secte reconnue (l'Eglise de Scientologie) et un groupe que personne ne considère comme une secte (les Narcotiques Anonymes). Il a découvert des différences étonnantes : chez les Narcotiques Anonymes, il n'y a pas de gourou, les frais sont réduits au minimum et on n'arnaque pas les gens, on peut quitter le groupe quand on veut, etc. Sidéré par ses trouvailles, il en conclut que finalement "ça échappe complètement à l'accusation d'être une secte, on voit bien pourquoi". Eh ouais. On pourrait aussi comparer un groupe maffieux reconnu comme tel et une association de joueurs de pétanque, histoire de voir si on découvre également qu'on ne retrouve pas chez les pétanquistes les caractéristiques pourtant généralement présentes dans tout gang maffieux.


COMMENT SE SENTIR SUPERIEUR A PEU DE FRAIS

Considérer systématiquement comme des imbéciles tous ceux qui ne savent pas (encore ?) ce que nous savons et comme de risibles pédants tous ceux qui savent des choses que nous ignorons.

NB : Pour ceux qui ne savent ni ne pensent quoi que ce soit, la technique reste valable. Il suffit de se moquer de ceux qui savent et pensent des choses. On peut de même tenir pour inférieurs ceux qui ne respectent pas nos codes vestimentaires ou autres, ceux qui ne parlent pas la même langue que nous, ou la parlent avec un accent (Michel Leeb a construit jadis sa carrière là-dessus), etc.


GRANDEUR D'ACTUEL

Wikipédia nous informe (?) que les paroles de Pit et Rik furent comparées en leur temps par Actuel à celles de Bobby Lapointe.


PIGEONS

Après la Première Guerre mondiale, un pigeon, qui avait transmis un message au risque de perdre la vie (ce qui lui est arrivé : asphyxié par les gaz de combats) a été décoré à titre posthume. Cela laisse songeur. Même s'il avait été vivant lors de la cérémonie, on se demande bien ce que ça peut foutre à un pigeon d'être décoré (outre la difficulté technique que cela suppose d'épingler une décoration sur un oiseau) : un animal préférerait sûrement une double ration de bouffe comme récompense.

D'ailleurs, c'est une question qui devrait aussi se poser pour les décorations données à des êtres humains. Par exemple, Jean d'Ormesson est Grand Officier de la Légion d'Honneur, mais il aurait certainement préféré une double ration de bouffe.


LES JEUNES ET INTERNET ou UN AUTRE PANGLOSS

France Culture, dans une émission (juin 2008) consacrée à la génération née avec le numérique, invite un docteur Pangloss en Sciences de l'Education, moins doué que Meirieu pour emballer sa salade mais non moins inepte. Florilège :

- "Face aux adultes qui eux ont appris sur le tard à utiliser ces techniques, les jeunes ont un certain nombre de compétences, surtout de compétences relationnelles : savoir quand utiliser MSN, savoir utiliser un blog, quoi dire sur un blog, qu'est-ce qu'on peut dire ou pas,..."

- "Cependant, même parmi ces adolescents qui ont un ordinateur à la maison, on observe qu'il y a des différences dans la manière de l'utiliser, de le considérer, de l'intégrer dans sa vie, avec probablement un rapport plus distancié chez les enfants qui ont dans leur entourage familial accès à un environnement culturel plus important que parmi les enfants de milieux plus populaire." Probablement, oui.

- Attention : scoop ! "Si on regarde dans les différents pays européens, plus l'internet est développé, répandu dans un pays, plus les enfants adoptent tôt ces outils. Alors que dans les pays où internet est moins développé, c'est à un âge plus tardif que les adolescents adoptent massivement l'internet."

- "C'est vrai que souvent sur les chats (tchat's), on ne dit pas grand chose, mais quelque part, ceux qui utilisent le chat, ce n'est pas ce qu'ils cherchent. Ce qu'ils cherchent, c'est, alors qu'ils sont le soir à la maison, de continuer à rester en contact avec leurs amis. Et ce qui est important c'est plus de dire "je pense à toi", comme quand on envoie une carte postale." (si l'analyse est exacte, passer des heures sur une simple carte postale pour rester en contact, c'est tout de même un peu pathologique, mais bon, lui, Pangloss, il doit trouver ça cool et moderne).


SATANISTES

Les satanistes sont beaucoup plus stupides que les jeunes enfants (c'est donc peu dire !) qui croient au Père Noël. D'abord, ils n'ont pas, pour croire au diable, l'excuse de l'âge. Et puis les enfants, eux, ne profanent pas des cheminées.


SOMMET

J'avais oublié que ça existait. L'émission de télévision la plus stupide de tous les temps. Successivement présentée par les animateurs les plus nases de chaque époque. Vidéo-Gag.


SARKOZIQUES

On ne devrait pas parler de sarkozystes, mais bien plutôt de sarkoziques. Le sarkozysme n'a rien à voir avec une idéologie, ce n'est qu'une maladie, une purulence de l'âme.


VENDETTARIAT

J'ai appris par la chronique de Danièle Moreau, l'existence (sic) de Michael Vendetta, lequel a déclaré que son nom était un pseudonyme : "C'est comme Louis XIV ou Henri IV, ils s'appelaient pas comme ça au départ". On croit atteindre le fond devant la télé, mais une visite rapide sur le blog de ce personnage et sur ce qui gravite autour laisse entrevoir des abîmes qu'on ne soupçonnait même pas. De plus, cet âne nous vient de Neuilly et le fond de sa pensée (qui est frais, à cause des courants d'air) laisse aisément deviner pour qui il a voté en 2007.


UNE PHILOSOPHE A LA CON

Ayn Rand, dont un roman a inspiré un excellent film de King Vidor, Le Rebelle, a également écrit et dit beaucoup de conneries. Par exemple, qu'il "n'est rien de plus injuste que de donner à celui qui ne mérite pas". Je renvoie à Wikipédia pour en lire encore bien d'autres, en particulier sur l'infériorité des femmes (on évitera de généraliser en affirmant qu'Ayn Rand est justement la preuve vivante de cette infériorité) ou sur la guerre du Kippour ("Les Arabes sont une des cultures les moins développées. Ils sont typiquement nomades. Leur culture est primitive et ils éprouvent du ressentiment contre Israël car c'est la seule tête de pont de la science moderne et de la civilisation sur leur continent. Quand vous avez des hommes civilisés qui combattent des sauvages, vous soutenez les hommes civilisés, peu importe qui ils sont."). Ayn Rand est une égérie du mouvement libertarien : ne surtout pas confondre avec le libertarisme, dont les défenseurs disent également parfois des conneries, mais moins nauséabondes.


SUICIDE ET TOTALITARISME

Citant certaines affirmations d'Emmanuel Todd dans Le Fou et le prolétaire, deux auteurs ont cette belle formule : "Ce que l'on peut souhaiter de pire à ces gens, c'est d'être lus."

Florilège :

"L'apparente diversité des concepts de suicide, d'alcoolisme, de folie et d'adhésion totalitaire cache une profonde parenté. Ces catégories ne sont pas disjointes. Toutes incluent un degré élevé d'abandon de liberté, d'aliénation ou de destruction de la conscience."

"L'alcoolisme aboutit souvent à la cirrhose du foie ou au délire alcoolique, versions éthyliques du suicide et de la démence."


COMMENT NE PAS FINIR COMME UN PORC

Tels les bourgeois et les cochons de Brel, comment faire pour ne pas devenir de plus en plus con avec l'âge ? Car force m'est de constater, si je considère deux individus que je connais de près (moi-même) ou de loin (Alain Finkielkraut), qu'ils sont sur bien des points en train de devenir plus cons avec le temps (surtout le second). Il serait donc souhaitable de lancer une vaste campagne de prévention en recherchant et en étudiant les principales causes de ce phénomène. en voici déjà quelques unes :

* le corps fatigue et n'est plus capable de vivre les choses avec la même légèreté, la même insouciance : on devient au mieux un pisse-froid résigné qui ne sait plus s'amuser, au pire un sale con qui ne supporte plus que les autres s'amusent (je ne découvre rien de bien nouveau, tout cela est déjà chez tous les moralistes).

* de façon générale, la tendance est à l'aigreur et à la jalousie, car on voit ce qu'on perd (et que les générations suivantes ont encore) mais on oublie de considérer ce qu'on gagne (sur le fond, pas grand chose : une maturité d'esprit qui nous permettrait de vivre formidablement si nous étions encore jeunes ... là encore, je sens que j'emprunte des sentiers battus et rebattus).

* pour revenir à Brel, il faut bien sûr ajouter le fait d'avoir des choses à défendre, une situation sociale, une propriété, une fortune, qui rend à tout le moins plus con-servateur.

***

APPLICATION PRATIQUE

Finkielkraut reproche à l'un de ses contradicteurs qui le classe parmi les "réactionnaires" d'être un "progressiste sans progrès", en d'autres termes de se positionner en tant que progressiste (puisqu'il qualifie les autres de réactionnaires) alors que l'histoire a montré qu'il n'y avait pas de progrès moral de l'Humanité. Je ne sais pas s'il y a progrès moral ou non (il y a en tous cas élargissement et libération de la conscience morale, mais difficulté à la faire fonctionner soi-même une fois les dogmes balayés : cette libération est déjà un progrès, un progrès qui peut effectivement devenir nuisible parce qu'on ne le conduit pas à son terme, mais un progrès tout de même par rapport au passé où la conscience morale était réservée à une infime minorité de privilégiés, les autres étant soumis comme des boeufs au joug de la crainte superstitieuse) ... En tous cas, je sais que, depuis le XVIII° siècle et l'affirmation de l'idéal de Progrès, il y a eu progrès politique et social. Et je constate aussi qu'une partie de ces progrès sont remis en cause actuellement par l'idéologie ultra-libérale de M. Sarkozy, que Finkielkraut soutient (sauf lorsqu'il dîne au Ritz ou fait des croisières de luxe, cf. pisse-froid).

Je ne comprends pas cette expression de "progressiste sans progrès". Le progrès n'est sans doute pas toujours une réalité, mais il peut et doit rester un idéal à viser (sinon à atteindre). Si on renonce totalement à l'idée de progrès, si l'on ne croit pas possible d'agir pour améliorer un tant soit peu les choses, je ne conçois même pas qu'on puisse juger utile d'animer une émission de débats à la radio et d'y ouvrir sa gueule.


LA GAUCHE BIGOTOPHILE

Ayant évolué vers la gauche en m'arrachant à une éducation catholique soutenant la droite au moins par l'habitude d'une longue association, je vois sans peine tout ce qui unit fondamentalement la pensée religieuse aux idéologies de droite. Ce n'est apparemment pas le cas d'un certain nombre de gens "nés à gauche", qui non seulement ne voient pas le rapport, mais encore trouvent judicieux de s'allier à une religiosité pseudo-révolutionnaire telle que l'islamisme (présenté comme "religion des opprimés", donc comme une "bonne religion", ce qui a littéralement autant de sens que de parler d'une "bonne baffe dans la gueule").

Je ne sais si cela leur vient d'une prédisposition au dogmatisme (venant d'une idéologie de gauche reçue dès le départ comme une évidence et donc vécue un peu comme une religion transmise plus que comme une conquête personnelle) ou d'un désir de se démarquer de parents dont la pensée de gauche est perçue comme un peu ringarde dans sa laïcité terne, sans pittoresque, sans élan spirituel. Ou plus simplement d'une tendance généralisée à renoncer à la pensée et à sombrer dans le mysticisme d'une manière ou d'une autre.

(5 mai 2008)


ENCORE UNE FORME DE SUBVERSION EPATANTE !

Dans son émission du 6 avril 2008, Abdelwahab Meddeb eut fort à faire avec ses deux crétins d'invités (Nacéra Guenif et Eric Macé) qui s'extasiaient notamment devant la modernité de la démarche de nombreuses filles voilées, démarche provoquant selon eux le même type de "trouble" que le mouvement queer dans sa remise en cause des normes. Ils assurent ainsi que, lorsqu'ils présentent leur livre quelque part, ils constatent que des filles voilées produisent souvent une "panique morale" par leurs interventions extrêmement subversives.

Meddeb : Quel genre, dites-moi, de paroles subversives ?

Guenif : Par exemple le fait de dire "je suis voilée et en même temps je revendique l'égalité des droits, je revendique la liberté sexuelle,...

Meddeb : En quoi ça c'est subversif ???

Son interlocutrice en reste bredouillante et s'en sort par de vagues généralités. Il a en effet mis le doigt exactement sur le problème : si l'on retire l'élément "je suis voilée", la phrase n'a alors plus rien de subversif (en 2008) et on ne voit plus guère en quoi elle peut produire le moindre trouble ou la moindre panique morale. A-t-on besoin d'être voilée pour revendiquer des droits aujourd'hui évidents ? Bien sûr que non, mais le fait de l'être crée une situation paradoxale propre à épater la galerie, alors que si on affirme de telles banalités sans voile on n'épate personne. Bref, le port du voile serait peut-être dans de tels cas tout simplement une de ces astuces aberrantes de l'ego en quête de reconnaissance à tout prix (y compris en disant ou en faisant des conneries).

Dans le même registre ("je suis prêt à dire et à faire n'importe quoi, du moment qu'on me regarde"), on trouve des curés qui racontent des histoires de cul ("je fais voeu de chasteté mais je parle de sexe avec la plus grande crudité : regardez comme je suis un être complexe et mystérieux !"), des profs de philo d'extrême-droite ("la plupart des intellos sont de gauche, mais moi je ne suis pas un mouton de Panurge, je suis philosophe et néo-nazi en même temps : ça vous la coupe, non ?"), des aristocrates qui disent "con" (rooooh !) ou des présidents de la République se comportant comme des blaireaux agités (rien que pour faire les originaux par rapport aux autres présidents de la République, "tous des coincés qui se prennent au sérieux au lieu de s'augmenter de 140%, de se taper des greluches et d'insulter des péquenots").

PS : On me signale également le cas des "anarchistes républicains" et autres "gauchistes réactionnaires", mais je ne vois vraiment pas de quoi il est question ...

 


REVELATIONS SENSATIONNELLES

Ceux qui se mêlent d'informer les gens sur le comportement des animaux domestiques ne manquent en général pas de souligner doctement que l'affection d'un animal est pour l'essentiel une illusion, qu'elle est en réalité purement intéressée, liée aux gratifications qu'il attend de vous, et que ce n'est pas pour vous faire plaisir qu'il se caresse à vous mais seulement parce que ça LUI fait plaisir. Cela est évidemment vrai, mais pourquoi nous annoncer cela comme un scoop : toute affection entre humains ne se ramène-t-elle pas à cela, elle aussi, d'une manière ou d'une autre ? Il suffit de lire Desmond Morris pour voir comment les comportements animaux se perpétuent chez nous en se complexifiant, certes, mais sans changer pour autant de nature, même si nous nous plaisons à le croire.

C'est étonnant comme on peut s'aveugler sur des évidences et recevoir ensuite toute information sur ces évidences comme une révélation brutale. Il y a quelques mois, par exemple, un scandale a éclaté en Allemagne lorsqu'on a découvert des preuves de fraude et d'évasion fiscale de la part de grandes fortunes allemandes mais aussi françaises et autres. Le monde tel qu'il est actuellement rend la fraude et l'évasion fiscale possibles, et même faciles : que croyait-on ? que personne n'en profitait, du moins pas chez nous ? Pour quel genre de créatures mythologiques pensait-on qu'étaient faits tous les paradis fiscaux de la planète ?

 


SPIRITUELS

Les catholiques ne finiront jamais de nous émerveiller. J'apprends que Bernanos a un jour déclaré ceci : "Hitler a déshonoré l'antisémitisme."

***

Une amie me faisait part récemment des diverses élucubrations mystico-délirantes de quelques farfelus de son entourage. Elle-même s'interrogeait et était troublée par le fait qu'un étudiant en philosophie rencontré par hasard était, sur bien des points, du même avis que les farfelus en question. Je lui ai assuré que les études de philosophie n'étaient pas un antidote absolu contre les dérapages de la pensée, loin de là. Sans même parler des philosophes de renom (dont un grand nombre s'est partiellement fourvoyé dans des théories fumeuses par simple refus d'admettre que l'existence divine n'est pas un fait démontré ni démontrable), les "philosophes" au sens large (étudiants, enseignants,...) se divisent en deux catégories (que je ne me hasarderai pas à chiffrer) :

- ceux qui conçoivent la philosophie comme un exercice rigoureux de la Raison.

- ceux qui la conçoivent comme une science occulte permettant à ses initiés de faire joujou avec des concepts (souvent inutilement) compliqués et d'en mettre plein la vue aux non-initiés. Certains ne sont d'ailleurs soucieux que de s'épater eux-mêmes et se donnent frissons et orgasmes à peu de frais en jonglant avec les mots et les idées : "la mort de la vie, est-ce la vie de la mort ?" (frémissement), "la nature de la culture est-elle de cultiver la nature ?" (exaltation), "la pensée de l'idée n'est pas l'idéité de la pensée" (éjaculation).

PS 1 : En ce qui concerne les "grands" philosophes, il faut tout de même bien admettre que, même si ça ne les empêche pas de dire ça et là des choses utiles et pertinentes sur certains points, l'oeuvre de la majorité d'entre eux n'est qu'un vain et absurde effort visant à plier la Raison aux exigences de leur foi religieuse.

PS 2 : Loin de moi l'idée de condamner le fait de jouer avec les mots et les idées. C'est la définition et l'intérêt mêmes de la littérature. Mais la littérature n'est pas la philosophie : soit on joue et on l'admet, soit on prétend exercer sa Raison pour approcher de la vérité et dans ce cas on le fait sérieusement.


DEFENSE DE MARIE-ANTOINETTE

Régulièrement, de pompeux lurons se prétendant historiens ou journalistes se chargent de faire pleurer dans les chaumières sur le destin tragique de Marie-Antoinette. Ce phénomène éditorial m'a toujours prodigieusement navré. Non que ce destin ne soit pas tragique en effet, non que j'estime que l'Autrichienne méritait pleinement ce qui lui est arrivé, mais à cause du jugement de valeur social et quasi-racial (sang bleu et tout le bataclan) sur lequel repose cette émotion. Dans une révolution, il y a assez souvent des morts, beaucoup de morts, et d'ailleurs généralement inutiles, ce qui est une raison de plus pour les déplorer : mais rien ne justifie qu'on s'apitoie davantage sur la mort d'une reine que sur le sort des milliers de ploucs, bouseux et autres prolos que la monarchie française a exploités, opprimés, massacrés, durant des siècles. Voilà pourquoi je déteste les connards pseudo-romantiques à la compassion sélective, qui ne jugent dignes de leur intérêt et de leur pitié que les cadavres avec de la dentelle autour. Et puis, même si je suis par principe hostile à la peine de mort, il faut tout de même reconnaître que quand on se vautre dans le luxe à la tête de l'Etat tandis que la misère fait rage, qu'on a le pouvoir de changer les choses et qu'on ne daigne pas le faire, il ne faut pas s'étonner si ça fait un peu mal le jour où toute cette misère vous pète à la gueule.

On voit évidemment où je veux en venir. Aujourd'hui, en France, les méthodes d'exploitation des masses sont devenues moins sanglantes et on peut donc supposer que si un jour la marmite explose de nouveau, la revanche populaire sera elle aussi physiquement moins violente que lors des révolutions passées. Nul ne souhaite à Carla Sarkozy le sort de Marie-Antoinette, et pourtant, si l'on compare d'un peu plus près le cas de ces deux dindes frivoles mariées au pouvoir et prospérant sur la misère des sujets-citoyens, on se rend vite compte que la plus ignoble harpie des deux n'est pas celle qu'on pourrait croire. Marie-Antoinette vivait coupée des réalités, élevée à une époque où les distinctions de caste étaient encore une évidence, mariée à un roi plus incompétent que véritablement hargneux, dans un monde sans grands médias capables de lui ouvrir l'esprit à d'autres façons de voir. Carla Sarkozy n'a aucune de ces excuses : elle vit dans un monde d'information, elle fréquente des tas de gens cultivés et bien informés, elle est parfaitement en mesure de savoir et de comprendre qui il épouse. D'autant qu'il ne s'agit pas ici d'un pauvre diable qui aurait préfèré l'exercice de la serrurerie à celle du pouvoir royal, mais d'un assoiffé de pouvoir dont tout le monde connaît les trahisons passées, les procédés douteux, l'idéologie nauséabonde, et surtout l'incontestable volonté de nuire. Alors, oui, si je trouve agaçant qu'on s'apitoie sur le destin d'une famille royale sans tenir aucun compte de la misère endurée jusqu'alors par le peuple, je ne peux non plus m'empêcher de penser que Louis XVI et Marie-Antoinette étaient certainement de fort braves gens comparés aux actuels locataires de l'Elysée.

L'autre grande différence, c'est que les Français du XVIII° siècle subissaient un régime qu'ils n'avaient pas choisi, alors que ceux du XXI° siècle ont voté en masse l'an dernier pour Sarkozy.


CHARGE COMIQUE

A propos de Mein Führer, un film que je n'ai pas vu et ne peux donc pas juger, je viens cependant de lire une critique assez étonnante du JDD, qui, après avoir placé le film dans la lignée de Lubitsch, Chaplin et Benigni (comparaison que justifie au moins le sujet du film), nous dit ceci :

"Les dialogues font mouche, les situations sont délicieusement surréalistes (un exemple avec la scène où Hitler tente de faire l'amour à Eva Braun qui "ne sent pas son Führer"), les nazis sont des abrutis racistes, esclaves de la bureaucratie."

Passons sur le gag d'Eva Braun qui évoque davantage Jean-Marie Poiré dans Papy fait de la Résistance que Chaplin ou Lubitsch, mais j'ai du mal à percevoir où est la dimension comique, où sont le décalage ou la caricature, dans le fait de représenter les nazis comme "des abrutis racistes, esclaves de la bureaucratie."

C'est un peu comme si on affirmait qu'un film est hilarant parce qu'il représente Jean-Paul II comme un nuisible cul-bénit réactionnaire, Steevy comme un crétin, Sarkozy comme un vulgaire arriviste et un arriviste vulgaire, Jack Lang, Kouchner et Allègre comme des traîtres et des lèche-culs ou encore David Martinon comme un insondable couillon. Cela dit, dans la plupart des exemples que je viens de donner, le fait que le film n'ajouterait rien à la réalité n'empêche pas qu'on puisse en rire, évidemment.

( 21 février 2008)


ATTENTION INFANTILISATION DES ENFANTS !

Même confronté aux réactions de gens plus compétents et avisés, à commencer par Simone Veil, Sarkozy persiste quant à son projet insensé concernant la Shoah. Sa directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon, le confirme.

Interrogée sur les critiques émises par Simone Veil, Mme Mignon répond : "On va travailler avec la communauté éducative et avec tous ceux qui s'investissent dans la mémoire de ces sujets, pour voir la meilleure manière de faire (...) Il ne s'agit ni de traumatiser, ni de culpabiliser les enfants, mais il ne faut pas non plus les infantiliser en permanence", ajoute-t-elle.

Ne pas infantiliser les enfants, ça c'est de la réflexion puissante et novatrice ! Bientôt nous cesserons d'animaliser les animaux et de personnifier les personnes, de refroidir les trucs froids, de durcir les trucs durs ou de prendre pour des imbéciles les présidents imbéciles.

( 17 février 2008)


Janvier 2008

Philippe Lucas, l'ex-entraîneur de Laure Manaudou, affirme : "On ne devient pas champion rien qu'en claquant des dents."


STUPEFIANTES REVELATIONS SUR LE TELEPHONE PORTABLE

Une sociologue (nous éviterons les noms) qui a étudié les usages du téléphone mobile vient expliquer avec enthousiasme sur France Culture que les gens ne perçoivent pas du tout cet objet comme une sorte de couteau suisse, un objet à tout faire, mais à chaque fois comme un objet différent qui se métamorphose. Oui, je sais, c'est complexe, mais c'est fascinant, alors écoutons les explications de la dame :

"Ils le traitent comme un appareil-photo au moment où ils prennent la photo, et le rangent dans leur sac, et ça devient un téléphone après, avec une toute autre gestuelle (*), et quand il s'agit d'envoyer un SMS, on a des gestes ... euh ... de machine à écrire, pratiquement (**)"

"Il ne s'agit donc pas d'un agrégat de fonctions et on passerait de l'une à l'autre. Non, pas du tout. Les utilisateurs investissent chaque fois à plein un usage." (***)

(*) : incroyable ! et dire qu'il y a des cons pour essayer de téléphoner en conservant la gestuelle de l'appareil-photo !

(**) stupéfiant ! les gens composent des mots en tapant sur des touches, mais avec ... euh ... quasiment les mêmes gestes que s'ils tapaient sur des touches pour composer des mots ! c'est dingue !

(***) : je suis scié ! "ils investissent chaque fois à plein une fonction" ! Un peu comme le type qui cale un meuble avec un bouquin, il investit à plein cette fonction et donc il ne lit pas le bouquin en même temps (et réciproquement, s'il le lit, il s'abstient de caler une table avec). Mais enfin, on passe quand même bien (en tous cas on peut passer) à un moment d'une fonction à une autre. Ce point m'échappe. Je suis trop con pour saisir toute la subtilité de telles observations.

( Octobre 2007)


20 avril 2007

Une des perspectives les plus effrayantes pour le second tour est celle d'un duel Le Pen-Sarkozy, faf contre faf. Possibilité réelle ou manipulation médiatique pour inciter à voter "utile" (comprenez "Ségolène") dès le premier tour ? Un des arguments souvent entendus est que beaucoup de sondés, n'osant pas avouer qu'ils comptent voter Le Pen, prétendent vouloir voter Bayrou, ce qui gonfle artificiellement les résultats de celui-ci. Ca se tient ... Même si je ne suis pas certain que beaucoup de ces connards rechignent réellement à avouer qu'ils vont voter Le Pen ... Même si on pourrait se dire que, tant qu'à dissimuler leurs intentions, pourquoi ne pas répondre Sarkozy ou Ségolène histoire de brouiller encore plus les pistes ?...Toujours est-il que rien n'est joué. A part le fait que les candidats à la gauche du PS font tous des scores misérables, ce qui est à désespérer. Mais après tout, si tellement de gens trouvent ce système formidable, grand bien leur fasse !

Les gens qui se mêlent de faire des analyses politologiques concernant les élections semblent assez généralement ignorer un fait pourtant majeur, qui est que l'immense majorité des électeurs est d'une inculture politique absolue et vote sans trop savoir pourquoi, à la gueule du client, par tradition familiale, etc. Comme le disait si bien Pierre Mortez, "je n'aime pas dire du mal des gens", mais il faut tout de même bien avouer que les gens sont globalement très cons.

Un bel exemple d'irrationnel électoral : il semblerait qu'une grande partie des Antillais de Saint-Denis ait, en 2002, voté Taubira au premier tour (ce qui en soi est tout à fait légitime). On pourrait penser que cela a fait perdre des voix à Jospin, mais pas du tout, car on constate que beaucoup de ces mêmes électeurs, au second tour, ont voté Le Pen.


27 septembre 2006

André Velter déplore que Walt Whitman n'ait pas combattu durant la guerre de Sécession "parce que comme on dit dans Le Bon, la Brute et le Truand, quand on tire on tire, on raconte pas sa vie." Excellent film et excellente réplique de cinéma, certes, mais quand on juge la vie d'un individu réel, on évite de le faire en fonction de simples bons mots venus d'un univers de fiction.


FRUSTRATION

Si elle permet de comprendre bien des choses dans les comportement humains, l'idée que les "frustrés" constituent une catégorie potentiellement dangereuse est particulièrement simpliste, naïve et optimiste, dans la mesure où il ne s'agit pas d'un groupe fixe, mais d'une catégorie extensible avec le temps, et l'âge. Qui peut en effet nous garantir que même ceux qui ont eu leur moment de bonheur ne risquent pas un jour de sombrer dans l'aigreur ? J'ai vu des gens intelligents devenir racistes en moins d'une heure pour n'avoir pas su éviter la généralisation après un vol d'autoradio, des relations se dissoudre sur un malentendu, et des tas d'autres choses qui montrent bien à quel point nous sommes fragiles face à la moindre erreur de jugement.


Cité dans Télérama. Dans un documentaire sur la formation des gendarmes, un formateur déclare :

- Faut pas rester enfermé dans vot' coquille comme un Saint-Bernard !

(26 mars 2006)


Quand on repense à Claude François, à ses chansons, à ses costumes, à ses chorégraphies, on a quand même du mal à se dire que tout ça a vraiment existé. Il semble justifié de se demander si un monde dans lequel tout cela a existé n'est pas le pur délire de notre imagination malade.


LA CRITIQUE DES LUMIERES

Dangereuse, cette tendance à condamner la notion de Progrès, les Lumières et la rationalité au nom des erreurs ou des crimes qui ont pu être perpétrés en leur nom (la tendance la plus délirante, mais aujourd'hui assez répandue, étant de démontrer l'échec des Lumières par le rationalisme mis en oeuvre par les nazis dans l'organisation du génocide: comme si le nazisme se référait le moins du monde aux valeurs des Lumières !)

Il serait intéressant de se demander à quoi les Lumières auraient réellement conduit l'humanité sans l'interférence de la rapacité et des névroses de divers individus. Quitte à employer un proverbe populaire à la con (tous les proverbes étant par nature populaires et à la con, comme l'a fort bien dit Pierre Desproges), je dirais que nous avons une tendance assez fâcheuse à jeter le bébé avec l'eau du bain.

Alors que si l'on étudie l'Histoire, et en particulier l'Histoire récente, d'un peu plus près, on constate que les adversaires des Lumières, et des valeurs qui en sont issues, passent leur temps à souiller, à polluer, à dégueulasser délibérément l'eau du bain, afin de pouvoir convaincre tôt ou tard les cons qu'il faut jeter le bébé.


BETISIERS

Quoi de plus pénible, lourd et stérile à regarder qu'un "bêtisier" ? Pour quelques lapsus ou erreurs vraiment drôles, que de temps perdu à regarder des acteurs médiocres bafouiller, oublier leur texte, rire de façon incontrôlée, bref mal faire leur boulot et trouver ça hilarant au point de vouloir nous faire partager leurs ratés. A quand un bêtisier des boulangers qui ratent leur pain, ou des chauffeurs de taxi qui se trompent de carrefour (ah ah ah ...)


LA HAINE DU CONSENSUS

Consensus, clichés, certitudes rassurantes, sont certes assimilables à des manifestations de "bêtise" (en tant que volonté d'échapper au nouveau, à l'étrange, et de tout ramener au même, au classable, au déjà connu), mais on ne peut être en permanence dans le questionnement et ce sont aussi des moyens de supporter la plupart du temps, hors des temps de véritable réflexion, l'existence individuelle et (surtout ?) collective. Nuance judicieusement formulée, lors d'une émission (rediffusion) consacrée à "Deleuze et la bêtise", par François Zourabichvili, qui devait juger nécessaire d'affraîchir quelque peu les ardeurs de Raphaël Enthoven.

Le problème est fascinant, complexe au possible, mais il est toujours un peu gênant d'entendre certains récupérer des penseurs comme Deleuze pour fustiger avant tout les "clichés" et les "consensus" qui leur déplaisent. Ici, par exemple, le plus bel exemple de consensus cité par Enthoven est celui que soulève (selon lui) la politique de Bush. Il est en effet tout à fait urgent de dénoncer un consensus aussi peu justifié et de sauver le pauvre Georges, déjà bien malmené comme cela par ses accidents de bretzels et de bicyclette. J'ai l'impression que ce discours anti-consensus (qui s'attaque à des consensus qui n'en sont pas et qui en tous cas ne suffisent absolument pas à influer sur la réalité des décisions politiques) n'est souvent que la façade pseudo-philosophique d'un discours réactionnaire (au sens intemporel de ce terme, qualifiant une réaction politique régressive, et non au sens où ceux qui ont déjà recyclé la liberté en libéralisme l'utilisent pour qualifier ceux qui s'opposent à la régression qu'ils entendent bien imposer ... cette parenthèse est totalement incompréhensible, j'en ai bien peur). Parmi les consensus dénoncés par certains, on ne trouve curieusement jamais le consensus des médias au sujet du "libéralisme, seul système économique viable". Au contraire, certaines journalistes (comme ce Denis Jeambar qui nous gratifiait il y a quelques mois de ses jérémiades burlesques) passent leur temps à dénoncer le discours anti-libéral qu'ils entendent partout (ce en quoi ils ont bien de la chance).


CLASSIFICATION DES CONS EN VUE D'UNE REPARTITION RAISONNEE DE NOTRE INDULGENCE

Si l'on classe sommairement les cons en quatre catégories - jeune / vieux / pauvre / sale - et sans perdre de vue que nous sommes tous autant que nous sommes partie intégrante de ce classement et que, d'autre part, ces catégories ne sont pas étanches et qu'on peut passer de l'une à l'autre, voire cumuler, alors il me semble que seule la dernière catégorie, celle des sales cons (également catégorisables comme "sinistres" ou "ignobles"), ou du moins les actes dont ces cons-là se rendent coupables, ne doivent pas mériter l'indulgence.

Exercice : classez les individus suivants dans la bonne catégorie et indiquez lesquels méritent l'indulgence des autres cons.

JEAN-PIERRE CH. / NICOLAS S. / LIONEL J. / STEEVY B. / BERNARD-HENRI L. / SEVRAN P. / FLORENT P. / JACK L.

(Bof ... quand je relis mes exemples, je n'en vois pas beaucoup qui méritent une quelconque indulgence, finalement)


10 août 2005 : LES AVENTURES DU PARADOXE (bilan des aventures précédentes)

Philippe Muray, qui est un esprit véritablement intéressant, mais aussi ses épigones les plus pittoresquement indigents comme Olivier Barrot, en réponse à la pensée dominante de notre temps (mais cette pensée dominante présente de multiples facettes et tel cherche à en éviter une qui se cogne dans une autre), cultivent un goût du paradoxe qui les conduit parfois (parfois pour Muray, inévitablement pour l'imbécile Barrot) à défendre des inepties. Sans doute est-ce le principal danger pour ceux qui ont la prétention de se poser en penseurs originaux. C'est loin d'être ma prétention, je n'ai d'autre ambition que de rappeler et remettre en vue des choses de bon sens (mais peut-être est-ce aujourd'hui, dans un univers quelque peu sorti des gonds de la raison, le meilleur moyen d'être original), et peut-être que je me trompe totalement, que je suis tout bonnement incapable de saisir le fond de la pensée d'un Muray (ou d'un Barrot ?...). En attendant qu'on me le prouve, je persiste à dire que certains de ces paradoxes conduisent à des aberrations.

Exemple. Muray dénonce l'obscurantisme, les tendances au magique et à l'irrationnel, des courants progressistes des XIX° et XX° siècles. Excellente initiative ! Il est essentiel de purger de ces scories délirantes même (et surtout !) les idéologies qui se réclament en principe de la Raison et des Lumières. Jusque là, Muray fait oeuvre utile et intelligente. Mais quel besoin d'aller ensuite chercher, défendre et mobiliser, pour l'opposer à cet irrationnel "progressiste", un autre irrationnel, vieil et puant, celui de l'Eglise catholique ?

Toujours le même mouvement absurde de la pensée : devant les imperfections du progrès, ne pas chercher des solutions qui les atténueraient ou même les élimineraient (en attendant d'autres inévitables imperfections, mais peu importe), mais rejeter le progrès en bloc et souhaiter le retour à un système encore plus imparfait.


7 juillet 2005

Sur la page d'accueil de Yahoo, deux titres d'actualités proprement sidérants :

* "La France pleure", titre qui ne s'applique évidemment pas à quelque catastrophe ayant causé des milliers de morts, mais à l'attribution à Londres de l'organisation des JO 2012. Donc, voilà, il paraît qu'on pleure tous à cause de ça, c'est écrit.

* "Porte-t-il la poisse ?", titre accompagné d'une photo de Chirac et du développement suivant : "échecs européen et olympique, croissance en berne, affaires : série noire pour le président". Voilà un titre vraiment inacceptable de la part de journalistes supposés sérieux. On nage en pleine superstition ! Chirac porte la poisse ! N'importe quoi ! Pourquoi pas ensorcelé, envoûté, zombifié ? Ces gens devraient s'en tenir aux faits, ou du moins à des hypothèses rationnelles, et se contenter de se demander si Chirac n'est pas incompétent, si Chirac n'est pas malhonnête, si Chirac n'est pas un médiocre pantin élu à 80% pour faire barrage à l'extrême-droite mais unanimement méprisé et profitant de cette situation pour faire passer en force sa politique infecte. Ça, à la limite, ils pourraient se le demander. Mais ils préfèrent l'hypothèse de la poisse, allez savoir pourquoi !

En outre, ces actualités m'apprennent le dernier exploit de George W. Bush, cet homme qui, il y a quelques années déjà, avait failli mourir en s'étouffant avec un bretzel devant sa télé. Eh bien, cette fois il est rentré dans un policier en vélo (lui en vélo, le policier à pied, immobile) : Bush a eu "les mains égratignées", le policier, blessé à la cheville, a été conduit à l'hôpital.

"Ce n'est pas la première fois (précise l'article) qu'il est victime d'un accident de bicyclette. Il était déjà passé par dessus son guidon lors d'une randonnée dans son ranch de Crawford (Texas)."


15 mars 2005

"1° Compagnie". Le commandant demande solennellement :

- Recrue Castaldi, je vous demande de me dire si vous décidez de continuer l'aventure ou bien de partir.

L'autre réfléchit longuement puis il répond :

- Non.


17 octobre 2004

"La bêtise, c'est vouloir conclure." (Flaubert)

"Simone Weil s'était fait une liste des formes de bêtise, d'automatismes, auxquelles elle risquait de succomber, et se la récitait deux fois par jour." "Eviter de succomber à une absence de pensée" (Michel Adam)

"L'attention est une prière naturelle, par laquelle nous obtenons que la Raison nous éclaire." (Malebranche)


11 septembre 2004

Erik Orsenna parle du subjonctif comme d'un "instrument contre l'abaissement civique". Celui qui n'a à sa disposition que l'indicatif se limite à ce qui existe, l'accepte, renonce à l'utopie, "à l'ambition personnelle - d'aimer - ou à l'ambition collective d'essayer d'améliorer un peu la société."


21 décembre 2000

Entre les mains d'un con, un avertisseur devient un klaxon.


26 février 1999

Le mensonge est un sujet fascinant. Il est si facile de faire croire une chose fausse. Et si facile de "démentir" une chose vraie.


13 juillet 1998

Ce soir encore, il se trouve des types pour klaxonner et chanthurler : "On est les champions ! On est les champions ! Les champions du mon-de !". A quel titre êtes-vous champions, pauvres fous ? Et de quel monde en déliquescence ? Bande de névrosés !

 


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