THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG
FASCISMES
Cf. aussi RELIGION
21 octobre 2025 : TENTATIVE DE DEFINITION DE L'EXTREME-DROITE
L'émergence de l'extrême-droite est étroitement liée à la réaction contre-révolutionnaire.
Si on s'en tient à une définition plus large et moins historique et qu'on la définit comme un pouvoir fondé sur la brutalité, la peur et l'arbitraire, on est amené à constaté qu'une telle définition peut également se rapporter à n'importe quelle tyrannie (au sens fort) des périodes plus anciennes. La définition n'en est pas moins exacte. On peut éventuellement considérer que ces anciennes tyrannies étaient déjà des régimes d'extrême-droite avant même que la notion (et les notions même de droite et de gauche) aient été élaborée : le terme est anachronique, mais l'idée n'est pas fausse. Si on veut rester plus précis historiquement, mieux vaut dire que l'extrême-droite est le retour de la tyrannie en réaction à des progrès démocratiques : le type de régime est le même, les principes et les méthodes sont largement les mêmes, mais il y a une chose essentielle qui change, c'est que, visant à détruire la démocratie et l'Etat de droit une fois que ceux-ci sont installés, l'extrême-droite doit, pour reprendre le pouvoir, s'appuyer sur le peuple. Différence minime en ce qui concerne la nature abjecte d'un tel régime, mais importante pour comprendre (et si possible briser) sa dynamique d'accession au pouvoir. Les tyrannies anciennes pouvaient s'appuyer sur la seule force (celle des armes) et la seule peur (celle de la répression mais aussi par exemple la crainte religieuse, utilisée pour justifier un pouvoir « de droit divin »), là où, provisoirement privée de ses anciens moyens de pression et de répression, l'extrême-droite est obligée de mobiliser une partie du peuple, la plus ignorante, en utilisant notamment, ici aussi, les préjugés religieux, soit pour soulever ce peuple (c'est ainsi qu'opèrent les premiers contre-révolutionnaires que sont les Chouans) soit pour faire basculer les élections en sa faveur (ce dernier moyen n'étant qu'un des moyens utilisés, associé qu'il est au soutien des puissants effrayés par les progrès de la justice sociale et, à notre époque, au soutien des médias contrôlés par ces mêmes puissants et outils idéaux, aujourd'hui que la religion a reculé, pour reprendre le contrôle des esprits).
28 novembre 2025 : MASCULINISME VS BISOUNOURS
Dans la rue, j'entends un père parler à sa petite fille avec une grande douceur et je me dis que c'est ce que Pascal Praud et les gens de son espèce appelleraient publiquement avec mépris « un père déconstruit » (en privé, leur jugement serait évidemment bien plus insultant encore).
Interrogeons-nous : où est le problème ? En quoi serait-ce dommageable que ce père donne à sa fille une image de masculinité douce et attentionnée plutôt que celle d'un patriarche revêche ?
- Eh bien, cela pourrait lui donner une fausse image des hommes et l'exposer plus tard à bien des déceptions !
- Vraiment ? Pas si elle rencontre un homme qui a lui-même été élevé dans cette vision des choses, un homme doux et attentionné lui aussi.
On m'objectera que c'est là rêver d'un monde de Bisounours. La référence est évidemment méprisante et disqualifiante au plus haut point pour ces gens-là, autant que le qualificatif de bobo, mais passons là-dessus et considérons-la sans nous soucier pour l'instant de l'avis des Praud.
Les Bisounours (pour le peu que j'en sais) sont simplement une émission pour enfants, visant notamment à promouvoir chez eux une vision et une attitude empathique et tolérante. Certes, elle le fait de la façon niaise qui convient à son public, mais l'attitude qu'elle cherche à développer n'est-elle pas positive ? Davantage de tolérance et d'empathie entre les gens, est-ce vraiment un problème ? A priori non, mais bien entendu on aura beau jeu de répliquer que tout le monde n'est pas comme ça dans la réalité et que ces enfants élevés façon Bisounours risquent de tomber de très haut quand ils tomberont tôt ou tard sur de véritables salopards.
Eh bien, oui, mais ne le voilà-t-il pas, le vrai problème, à savoir l'existence des salopards ?
Les Praud qui ricanent avec mépris de toute vision « Bisounours » du monde sont tout simplement des ordures qui croient que tout le monde est comme eux et/ou qui du moins, se fondant sur ce qu'ils sont eux-mêmes, savent que l'existence de gros connards est bel et bien une réalité.
Oui, bon, d'accord, mais faut-il renoncer à une éducation à l'ouverture et à l'empathie juste parce qu'il y aura toujours des pourritures incapables de se comporter correctement avec les autres ?
Certainement pas ! D'une part parce que cela implique de laisser le monde et les gens macérer de génération en génération dans des attitudes « toxiques » qui abîment les autres et ne les rendent même pas heureux eux-mêmes. D'autre part, parce que cette éducation « déconstruite », même si elle ne change pas intégralement les choses, les fait tout de même bien évoluer, et c'est sensible justement dans la façon dont ce père parlait avec sa fille. On voit bien dans les classes à quel point de plus en plus de garçons sont moins bourrins que dans les générations précédentes. Tout cela a un effet, et cet effet est évidemment positif. Il n'y a que les abrutis (qui se sentent incapables de s'adapter à ces nouveaux rapports entre les personnes) pour se braquer, hausser les épaules, crier au wokisme et vociférer de diverses manières.
Mais on s'en fout, le monde peut et doit avancer sans eux, en tous cas sans leur bénédiction ! On ne va pas continuer à fabriquer des gens qui ne savent que se pourrir la vie et pourrir celle des autres, simplement parce que quelques connards aigris bavent leurs sarcasmes sur le « monde des Bisounours ».
Bien sûr que la réalité sera toujours plus complexe que dans une émission enfantine. Bien sûr, Philippe Muray, que la « part de négativité » qui t'obsédait tant et te servait à justifier les pires conneries, continuera à exister dans l'être humain. Mais ce monde nouveau, plus tolérant, plus doux, plus empathique, s'il peut certes verser dans la niaiserie ou, pire encore, dans une forme d'abrutissement au service d'une élite, il peut aussi (et il doit) se construire autrement, en se fondant également sur le développement de la culture et de l'intelligence, et plus encore sur celui de l'humour, qui sont les meilleurs moyens de tenir la niaiserie à distance, de développer l'empathie sans renoncer à la lucidité.
Avec l'intelligence, on peut être empathique tout en gardant à l'esprit que les salauds existent.
Avec l'humour, on peut associer l'empathie à des formes de négativité qui sont apparemment en contradiction avec elle : je connais mal le sujet mais je pense notamment à ce qu'on dit souvent des véritables relations SM, fondée sur le contrat et le respect et dans lesquelles, donc, même la douleur ou l'humiliation, loin d'être opposés à l'empathie, ont une dimension voulue, acceptée, de part et d'autre et même, idéalement, une dimension ludique pas si éloignée que cela, au fond, de l'univers des Bisounours.
(oui, bon, là je vais sans doute un peu loin)
31 août 2021 : LA CULTURE (REAC) CHANGE-T-ELLE LE MONDE
?
France Culture a diffusé début juillet une série d'émissions, proposée notamment par Régis Debray, sur des livres de la seconde moitié du XX° siècle qui ont "changé le monde".
Régis Debray, un des derniers intellectuels un tant soit peu intéressant et républicain, semble désormais entré dans sa phase Michel Onfray et ressasse le fait que "bah ! la politique, le vote, tout ça, ça ne sert à rien". Comme il ne dit pas encore que des conneries, il a tout de même observé dans l'émission consacrée à Albert Camus que celui-ci était désormais récupéré par à peu près n'importe qui. (photo Enthoven)
Passons et évoquons quelques uns des livres évoqués, et les commentaires des invités.
* Jean Raspail, "Le Camp des Saints" : sur 13 livres supposés avoir changé le monde, en voici donc un dont quasiment personne n'avait entendu parler à moins de vivre dans la fachosphère. L'émission nous explique que, certes, des gens Marine Le Pen, Trump, et l'extrême-droite en général se réclament de ce livre, mais bon, c'est tout de même un très grand livre, très bien écrit (comme ceux de Brasillach, sans doute), plutôt visionnaire, mais sans que ni le livre ni son auteur ne soient réellement d'extrême-droite. Au fil de l'émission, on admet que Raspail était un peu catho intégriste, pas excessivement branché droits des femmes, ni trop ceci, ni trop cela. Au total, on constate que le type possède absolumement toutes les caractéristiques d'un écrivain d'extrême-droite, qu'il a écrit un bouquin que l'extrême-droite adore, mais, on vous le garantit, il n'est pas vraiment d'extrême-droite.
Voilà, c'était Jean Raspail, le premier écrivain Canada Dry.
* Samuel Huntington, "Le Choc des civilisations"
Hubert Védrine parle du prosélytisme de l'Occident, initié par Saint Paul. On est simplement (?) passé du prosélytisme chrétien à celui des valeurs des Lumières, mais c'est pareil. Ah bon ? Propager un tissu de conneries mythologiques et propager des valeurs fondées sur la Raison et la Justice, c'est pareil ?
Plus loin, quelle est la "civilisation occidentale" telle que la définit Huntington ? "liquides vaisselles, pantalons décolorés et aliments trop riches".
* Soljenitsyne, "L'Archipel du Goulag" :
Slavoj Žižek se permet quelques nuances sur la mise sur le même plan que le nazisme, considérant notamment que les intentions de départ du communisme sont très différentes. Jean-François Colosimo s'agace, répète : "cessons la comparaison avec le nazisme !", puis finit par ce cri du coeur : "les nazis, au moins, avaient le mérite de la franchise."
CHARLIE ET FRANKIE PRENNENT L'APERO
Après avoir quitté le pouvoir en 1969, De Gaulle rendit visite de courtoisie au général Franco, déclarant regretter ne pas avoir pu le rencontrer plus tôt du fait des circonstances internationales. Malraux déclara que si cela s'était produit du temps où il était au gouvernement, il aurait démissionné.
19 décembre 2010 : CONS DIVERS
Le désopilant "philosophe" Luke Ferry vient de déclarer qu'il préférait Marine Le Pen à Olivier Besancenot, arguant qu'il la trouvait "plus raisonnable". Il n'a pas tort : le fascisme a toujours été relativement raisonnable avec la grande bourgeoisie, sa critique du capitalisme relevant très largement de la simple démagogie.
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Autre désopilant dont nous parlions déjà cet automne, Dominique Reynié a déclaré que le FN représentait un danger réel pour 2012, ce qui est vrai dans la mesure où la reprise du discours frontiste par l'UMP ne trompe plus personne (elle a conduit à des politiques plus ou moins racistes, mais n'a évidemment réglé aucun problème social) et dans la mesure où le PS ... (mais est-il nécessaire de rappeler une fois de plus où en est le PS ?). Evidemment, annoncer cette réalité n'a pas pour but d'inciter les partis "démocratiques" à se bouger le cul, mais simplement de faire peur aux électeurs : "si vous ne votez pas UMPS dès le premier tour, attention !"
19 octobre 2010 : LES FACHOS SONT RIGOLOS
Dans le cadre de la lutte interfafs entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, Jérôme Bourbon, directeur de Rivarol, écrit ceci : “Je ne peux pas en conscience rester neutre entre une gourgandine sans foi ni loi, sans doctrine, sans idéal, sans colonne vertébrale, pur produit des media, qui a multiplié les purges depuis des années et dont l’entourage n’est composé que d’arrivistes sans scrupules, de juifs patentés et d’invertis notoires et un homme droit, humble, rassembleur, érudit, à la vie exemplaire, d’une exquise courtoisie, très apprécié dans toutes les composantes de la droite nationale et radicale, tant en France qu’à l’étranger, et aux convictions très solides.”
On ne saurait dire en conscience lequel des deux portraits est le plus hilarant.
7 avril 2010 : UN MECHANT GARZON
Le juge espagnol Baldassar Garzon vient d'être suspendu de ses fonctions et va être jugé pour ses crimes ignobles, suite aux plaintes déposées par de sympathiques associations d'extrême-droite. En effet, faisant fi de la loi d'amnistie générale concernant la période franquiste, le vilain Garzon avait osé rouvrir le dossier des disparus de la guerre civile et autres "désagréments" (tel était je crois le terme de l'évêque Williamson à propos du nazisme) occasionnés par le régime de Franco.
Bref, un type horrible, ce Garzon. Espérons que ses juges seront sans pitié et qu'il sera écartelé.
26 mars 2009 : VOCABULAIRE
Un des refrains les plus ressassés depuis la contre-offensive idéologique des droites, c'est qu'il ne faut pas employer les mots à tort et à travers, en particulier en traitant les CRS de SS ou en traitant n'importe qui de fasciste. Beau moyen de retourner la problème ("votre discours est caricatural, donc injuste et criminel") au lieu de se demander tout simplement ce qu'il peut y avoir (ou ne pas y avoir) effectivement de fasciste ou de fascisant dans ce dont on parle. Le procédé est très proche de cette victimisation des intégristes catholiques qui prétendent combattre le "racisme anti-chrétien" (et on ne rigole pas devant une telle connerie ! sinon on est un sale "raciste anti-chrétien" !).
Prenons le cas de Sarkozy et ses sbires : les Devedjian, les Balkany, les Morano, les Hortefeux, les Besson,... Fascistes ? Non, bien sûr. Objectivement, le fascisme italien, c'était différent. Dans les faits, ces gens ne sont pas des fascistes. Mais pas par nature ! Simplement parce que le lieu et l'époque ne leur en donnent pas (encore) pleinement les possibilités. On pourra toujours me dire que je leur fais là un procès d'intention, mais j'ai tendance à penser que ceux que j'ai cités auraient vraiment pris leur pied sous Mussolini.
13 août 2005 : LES AVENTURES DES MARCHANDS DU TEMPLE
J'ai constaté l'autre jour que deux panneaux publicitaires étaient fixés sur les murs de l'église Saint-François d'Assise, à Vandoeuvre. On appréciera la cohérence de l'Eglise une et indivisible en comparant cela au joli spectacle qu'il m'a été donné de voir en avril 2002, entre les deux tours des présidentielles : un des curés de Saint-Epvre (Nancy), assisté de deux bigots, émondant, purifiant de sa main les barrières de chantier entourant l'église (éh oui, ici on est plus exigeant qu'à Vandoeuvre : même les barrières de chantier sont sacrées), en arrachant chaque cm2 des immondes affiches qui appelaient à faire barrage au Front National et défiguraient totalement la sobre et méditative esthétique des barrières de chantier.
9 août 2005 : LES AVENTURES D'ADOLF ET PIE
Dans son "Traité d'athéologie", Michel Onfray montre à merveille que les trois monothéismes sont fondamentalement haineux et intolérants. Leur apparente douceur actuelle étant due au seul fait que les progrès de la science et de la démocratie aux XIX° et XX° siècles ne leur ont pas laissé d'autre choix, du moins en Occident. Mais il ne faut pas désespérer : ils sont en train de se refaire une santé.
Onfray évoque, entre autres choses peu diffusées, les rapports étroits entre le Vatican et le régime nazi. Un film comme "Amen" de Costa-Gavras, qui a pourtant suscité tant de tintouin chez les sectateurs de l'Eglise Papologique, ne fait qu'effleurer le sujet en suggérant que le Vatican a simplement "laissé faire", par une prudence toute diplomatique. Selon Onfray, il y a chez Pie XII et l'élite dirigeante de l'Eglise d'alors un véritable accord de fond avec l'antisémitisme nazi, et une collaboration active avec la politique d'extermination (mise à disposition des nazis des fichiers d'archives généalogiques de l'Eglise pour mieux distinguer le bon grain chrétien de l'ivraie judéo-maçonnique).
Après la chute du régime nazi, l'Eglise continue à le soutenir comme elle soutiendra tous les fascismes du siècle, toutes les dictatures du monde pourvu qu'elles ne soient pas communistes. Elle organise des filières d'évasion pour les nazis et en intègre même dans sa hiérarchie.
Concluons avec quelques comparaisons éclairantes.
L'Eglise, avec Pie IX et Pie X, condamnait les doits de l'homme comme contraires à ses enseignements. En 1949, , Pie XII excommunie en masse les communistes du monde entier (qui s'en foutent un peu, dans l'ensemble, mais bon) ; jamais aucun nazi de quelque rang que ce soit n'a été excommunié. "Aucun groupe n'a été exclu de l'Eglise pour avoir enseigné et pratiqué le racisme, l'antisémitisme ou fait fonctionner des chambres à gaz."
"Mein Kampf" n'a jamais été mis à l'Index Librorum Prohibitorum, contrairement à Bergson, Gide, Beauvoir, Sartre et même Pierre Larousse pour son atroce "Grand Dictionnaire universel".
18 février 2003
Le régime fasciste a bel et bien été quelque chose de fondamentalement ignoble, mais comparé au nazisme, il présente quelques aspects qui prêtent à rire, en particulier sa déroute militaire face à l'armée grecque.
Après son exécution par des partisans, Mussolini fut exposé sur une place de Rome où les Allemands avaient fusillés des résistants. Une foule immense se pressa pour venir cracher sur son cadavre.