THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

RELIGION - Le Système pieux

"Les temps sont durs, la bêtise règne, le Bon Dieu redevient à la mode." (Paul Léautaud)


TOUJOURS PLUS FORT !

TOUJOURS PLUS LOIN !

TOUJOURS PLUS CONS !

LES PAPES CATHOLIQUES SE DONNENT A FOND.

 

Voir le Benoît Sixteen Show dans le blog 2009

 

IDIOTS

Désignant à l'origine un simple particulier, un non-spécialiste, puis prenant le sens d'ignorant, d'illettré, le terme "idiot", dans l'Eglise chrétienne en train de se constituer comme institution et en lutte contre les hérésies gnostiques, a servi à désigner les simples croyants, par opposition aux presbytres et évêques chargés de définir et maintenir l'orthodoxie.

Par un curieux retournement, la plupart des chrétiens semblent actuellement nettement moins idiots que leur pape Dumber XVI, successeur du pourtant déjà très réactionnaire Jean-Paul Dumb (cf. ci-dessus).


PIERRE DESPROGES : Lettre ouverte à Mgr. Lustiger

"Cher Seigneur,

Qu'il me soit permis de m'indigner ici véhémentement contre les insupportables attaques portées régulièrement, à la télévision, à mon athéisme militant par vos camarades de goupillon. Il est intolérable, un siècle après la séparation de l'Eglise et de l'Etat, dans un pays qui pousse la laïcité officielle au rang d'institution nationale, que des anti-athées hystériques accaparent l'antenne de la télévision le dimanche matin, avec des émissions intitulées, je cite, La Messe du dimanche, dans laquelle les minorités athées, non-priantes, non-bigotantes et mal bêtifiantes, sont méprisées et bafouées (et je pèse mes mots) au profit de grotesques manifestations incantatoires d'une secte en robes dont le monothéisme avoué est une véritable insulte à Darwin, aux religions gréco-romaines et à ma soeur qui fait bouddhiste dans un bordel de Kuala-Lumpur.

Voilà. Et je précise que j'envoie par ce même courrier une copie de cette lettre à Dieu et que ça va chier."


"De même que la chenille choisit pour y poser ses oeufs les feuilles les plus belles, ainsi le prêtre pose ses malédictions sur nos plus belles joies" (William Blake)


Selon Voltaire, le curé athée Jean Meslier "va jusqu'à comparer le Christ à Don Quichotte et Saint Pierre à Sancho Pança".


Mulder : La religion s'est abritée derrière le paranormal depuis l'aube des temps pour justifier certaines des pires exactions de l'Histoire.

Scully : Comme on dit, les voies du Seigneur sont impénétrables : Dieu doit avoir ses raisons.

Mulder : Ouiii, il a sûrement de bonnes raisons ... mais c'est fou le nombre de psychopathes auxquels il délègue ses pouvoirs.

 (X-Files, "All Souls", saison 5)


ROBERT-HOUDIN CONTRE CULS-BENITS

En 1856, la France envoya le prestidigitateur Robert-Houdin en mission en Algérie pour désamorcer certaines révoltes. Au service de la colonisation, certes, mais surtout (c'est ce que je préfère en retenir) au service de la Raison contre le charlatanisme religieux.

" On n'ignore pas que le grand nombre des révoltes (...) ont été suscitées par des intrigants qui se disent inspirés par le Prophète, et qui sont regardés par les Arabes comme des envoyés de Dieu sur la terre, pour les délivrer des (...) roumi (chrétiens). Or, ces faux-prophètes, ces saints marabouts qui, en résumé, ne sont pas plus sorciers que moi, et qui le sont encore moins, parviennent cependant à enflammer le fanatisme de leurs coreligionnaires à l'aide de tours de passe-passe."


18 juin 1998

Le désir est nécessaire pour perpétuer l'espèce. Mais comment expliquer les diverses perversions ? Papes et papoliques, de l'Eglise romaine et pathologique, s'en tirent à bon compte en affirmant que le Malin crée ces tentations. Le principe du Mal permet d'expliquer bien des choses très facilement, tout comme le principe du Bien d'ailleurs : dès qu'un type fait preuve d'un dévouement exemplaire, on en déduit que c'est Dieu qui lui a envoyé sa grâce.

Desmond Morris (sans parler de Freud) me semble infiniment plus sérieux en supposant que la sexualité, comme terrain d'exploration, satisfait notre instinct exploratoire, permet d'éviter l'ennui et la monotonie et renforce ainsi les liens conjugaux nécessaires à la longue éducation de l'enfant humain.

Toujours est-il qu'il est plus intéressant de chercher à comprendre pourquoi nous agissons que de prétendre l'expliquer à coups de balivernes dogmatiques.


21 juin 2001

Dans la Bible, Dieu distingue les animaux purs, dont 7 spécimens peuvent monter dans l'arche de Noé, des animaux impurs, pour lesquels seul un couple est autorisé à monter ... C'est vraiment reculer pour mieux sauter !


30 juillet 2004

Deux candidates de "Koh-Lanta" expliquent qu'elles sont très pieuses et prient régulièrement. Belle image de la chrétienté ! Des cinglées qui bouffent des scorpions et se font des coups tordus pour s'entredétruire, le tout devant des caméras !


15 novembre 2004

Un type sur France-Culture, déclare que si on y considère l'ampleur de la religiosité, les Etats-Unis sont plus proches d'un pays comme le Pakistan que d'un pays comme la France.


01 avril 2005

Dans un mail, Eric Mie me fait observer qu'il serait cocasse que le pape défuncte le jour du Sidaction.


21 mai 2005

"Les chiens ne comprennent sans doute pas grand chose au monde : cela ne prouve pas qu'il y a un dieu des chiens." (phrase de - ou citée par - Guillaume Lecointre)


18 juillet 2005 : LES AVENTURES DE LA LAÏCITE

A Nancy, la réunion faisant suite aux épreuves anticipées de français a eu lieu au lycée Saint-sigisbert, dans une salle ornée d'un splendide crucifix. Si j'ai bien compris, la raison en est que les établissements publics étaient indisponibles, accueillant des oraux qui avaient été reportés en raison du passage du Tour de France et de ses cons roulants. Si tel est le cas, je ne sais quelle est la chose la plus affligeante pour l'enseignement public, de se réfugier chez les adorateurs de la Croix ou de céder le passage à ceux de la Roue.


9 août 2005 : LES AVENTURES D'ADOLF ET PIE

Dans son "Traité d'athéologie", Michel Onfray montre à merveille que les trois monothéismes sont fondamentalement haineux et intolérants. Leur apparente douceur actuelle étant due au seul fait que les progrès de la science et de la démocratie aux XIX° et XX° siècles ne leur ont pas laissé d'autre choix, du moins en Occident. Mais il ne faut pas désespérer : ils sont en train de se refaire une santé.

Onfray évoque, entre autres choses peu diffusées, les rapports étroits entre le Vatican et le régime nazi. Un film comme "Amen" de Costa-Gavras, qui a pourtant suscité tant de tintouin chez les sectateurs de l'Eglise Papologique, ne fait qu'effleurer le sujet en suggérant que le Vatican a simplement "laissé faire", par une prudence toute diplomatique. Selon Onfray, il y a chez Pie XII et l'élite dirigeante de l'Eglise d'alors un véritable accord de fond avec l'antisémitisme nazi, et une collaboration active avec la politique d'extermination (mise à disposition des nazis des fichiers d'archives généalogiques de l'Eglise pour mieux distinguer le bon grain chrétien de l'ivraie judéo-maçonnique).

Après la chute du régime nazi, l'Eglise continue à le soutenir comme elle soutiendra tous les fascismes du siècle, toutes les dictatures du monde pourvu qu'elles ne soient pas communistes. Elle organise des filières d'évasion pour les nazis et en intègre même dans sa hiérarchie.

Concluons avec quelques comparaisons éclairantes.

L'Eglise, avec Pie IX et Pie X, condamnait les droits de l'homme comme contraires à ses enseignements. En 1949, Pie XII excommunie en masse les communistes du monde entier (qui s'en foutent un peu, dans l'ensemble, mais bon) ; jamais aucun nazi de quelque rang que ce soit n'a été excommunié. "Aucun groupe n'a été exclu de l'Eglise pour avoir enseigné et pratiqué le racisme, l'antisémitisme ou fait fonctionner des chambres à gaz."

"Mein Kampf" n'a jamais été mis à l'Index Librorum Prohibitorum, contrairement à Bergson, Gide, Beauvoir, Sartre et même Pierre Larousse pour son atroce "Grand Dictionnaire universel".


13 août 2005 : LES AVENTURES DES MARCHANDS DU TEMPLE

J'ai constaté l'autre jour que deux panneaux publicitaires étaient fixés sur les murs de l'église Saint-François d'Assise, à Vandoeuvre. On appréciera la cohérence de l'Eglise une et indivisible en comparant cela au joli spectacle qu'il m'a été donné de voir en avril 2002, entre les deux tours des présidentielles : un des curés de Saint-Epvre (Nancy), assisté de deux bigots, émondant, purifiant de sa main les barrières de chantier entourant l'église (éh oui, ici on est plus exigeant qu'à Vandoeuvre : même les barrières de chantier sont sacrées), en arrachant chaque cm2 des immondes affiches qui appelaient à faire barrage au Front National et défiguraient totalement la sobre et méditative esthétique des barrières de chantier.


15 août 2005 : LES AVENTURES DE LUCKY LUKE

Dans une conférence de l'Universitaire Populaire de Caen, Michel Onfray, évoquant le retour du religieux :

- Ou y a des gens comme Luc Ferry, qui vous disent "moi je suis agnostique, je suis pas contre Dieu, je suis pas pour non plus ... je sais pas ... je cherche encore un peu ... et je me fais financer pour ça ..."


17 janvier 2006

Le pape Pie II (1458-1464) était un type assez rigolo. Outre qu'il avait écrit dans sa jeunesse un roman érotique, il se mit en tête, une fois papisé, de lancer une croisade pour reprendre Constantinople aux Turcs. Cela n'enthousiasmait visiblement que lui car aucun prince d'Europe ne vint à sa convocation. Dépité, il choisit une autre solution et écrivit une longue lettre à Méhémet II pour lui proposer un deal : la reconnaissance par le Vatican de son autorité sur les territoires qu'il avait conquis, en échange de sa conversion au catholicisme.

Extrait :

"Cesse d'être incroyant ! deviens fidèle ! (...) Tu ne saurais obtenir auprès des Chrétiens la gloire et la puissance auxquelles tu aspires manifestement, surtout parmi les nations d'Europe et d'Occident, tant que tu demeureras fidèle à ta secte."

 


19 janvier 2006

Pie V aussi était un rigolo (comme tous les Pie visiblement : on se souvient en effet de l'hilarant numéro de duettistes constitué au milieu du siècle dernier par Pie XII et Adolf Hitler). Donc Pie V aussi était un rigolo, mais dans un autre genre. Il fut Grand Inquisiteur, incita à la persécution des Juifs et au massacre des Protestants,... Il institua en outre le rite catholique en vigueur jusqu'à Vatican II, celui-là même donc auquel s'accrochent les rigolos que l'on appelle pudiquement "traditionnalistes". Sa biographe Nicole Lemaître (une rigolote également, semble-t-il) tient à relativiser les horreurs de l'Inquisition. Je cite cette sotte :

"Il ne faut pas imaginer que les bûchers brûlent à longueur d'année (ouf !). L'Inquisition n'est pas du tout la machine de répression aveugle qu'on dénonce parfois par paresse, en reprenant la légende noire édifiée par la polémique anti-romaine du XIX° siècle (méchante polémique !). L'objectif de ce tribunal de foi est bien plus subtil que la mise en oeuvre d'un quelconque sadisme. Le psychodrame spectaculaire qu'est l'autodafé, la lecture en public des jugements et l'exhibition publique des moindres condamnés ont une finalité pédagogique : provoquer un choc en dénonçant l'hérésie, effrayer les populations en les éduquant, de façon à les pousser au conformisme."

En effet. Si ce n'est que ça ... Après tout, c'est l'intention qui compte.

Sarkozy n'aura pas à aller chercher bien loin sa biographe (si d'ici là elle a terminé son hagiographie de Pinochet, bien entendu).


29 janvier 2006

Loreena McKennitt. Voix, musique et atmosphères superbes, de même que la présentation, toujours somptueuse, de ses livrets, en particulier pour The Mask and the Mirror et The Book of Secrets. Même si je trouve assez vaines et niaises toutes ces préoccupations essentiellement mystiques, l'idée est excellente, d'introduire chaque morceau par des extraits d'un journal de voyage, qui en reconstitue discrètement la genèse, en présente les sources, le tout en jouant souvent sur un désordre chronologique.

D'un autre côté, c'est un peu son fonds de commerce (ou son charme, pour le dire moins injustement) : l'enchantement, le féérique, le surnaturel, la transe, l'extase mystique. Si à côté de ça elle était ultra-rationnelle dans ses propos, ça dénoterait un peu trop. Et puis elle se plonge là-dedans avec une démarche syncrétique, ouverte, libre, et nous épargne tout prêchi-prêcha religieux, donc cessons de dire du mal de cette femme merveilleuse (même si dans le genre femme merveilleuse jouant de la harpe à merveille, on peut préférer Deborah Henson-Conant, dans un style plus jazzy et plus cuir).

En revanche, question tolérance, j'ai appris avec une certaine stupeur que le Mahomet de Voltaire avait bien du mal à être représenté de nos jours. Les éditeurs préfèrent ne pas l'éditer, Tariq Ramadan a empêché qu'elle soit jouée il y a quelques années, et une autre réprésentation, plus récemment, a eu lieu sous la protection de cars de CRS. L'actuelle affaire des caricatures danoises sur Mahomet rejoint évidemment cet exemple. Au nom de la lutte contre le racisme, et par peur d'être taxé de racisme, on est en train de laisser une poignée de fanatiques dicter leur loi. C'est inquiétant en soi, mais on peut craindre que, stimulés par cet exemple, nos propres fanatiques catholiques ne ressortent eux aussi leurs sales gueules.


5 février 2006

Manifestation contre les caricatures de Mahomet, avec cette pancarte : "KILL THOSE WHO INSULT ISLAM !!!".

On nous explique que l'Occident est divisé quant à la tolérance à accorder à ce genre de caricatures. En revanche, personne ne semble vraiment s'interroger sur la tolérance à accorder à des appels aux meurtres.

En tous cas, avec ces dessins, voilà de quoi alimenter la haine pour les crétins de tous bords. Des imams danois (manipulateurs ou manipulés ? et dans ce dernier cas, par qui ?) diffusent auprès des états et institutions musulmanes un étrange mélange des dessins en question (qui, à ce que j'en ai vu ou entendu dire, n'ont franchement rien de si terrible) avec d'autres (dont il serait extrêmement intéressant de connaître l'origine) qui, avec un manque d'humour absolu, représentent Mahomet avec un groin de porc (on rigole), le qualifient de pédophile (mdr) ou présentent un musulman en prière sodomisé par un chien : bref du pseudo-humour de beauf véritable, émanant forcément d'une officine fascisante à la con, qu'elle soit islamiste ou nazie.

Au lieu de s'interroger sur la marge de liberté à laisser aux caricaturistes face aux exigences de factions extrêmistes quelles qu'elles soient, on ferait mieux de tirer au clair l'origine de ces AUTRES dessins qui, eux, sont effectivement inacceptables et insultants,. On ferait mieux de poser très explicitement le problème sur ce terrain-là, en refusant de laisser le débat quitter les limites de cette manipulation.


13 février 2006

Quand je disais que nos fanatiques catholiques à nous n'allaient pas tarder à se manifester, je ne croyais pas si bien dire (ou plutôt si, hélas, car le bigot est fort prévisible). Voici donc une nouvelle "affaire" de sacrilège qui soulève des associations catholiques polonaises contre Madonna représentée sur la une d'un magazine avec son visage inséré dans l'icône de la Vierge Noire.

Il me semble, pour faire court, que le respect que l'on a envie d'accorder à cette icône est une simple question de foi personnelle et de sentiment intérieur. Qu'une personne comme Madonna ne la respecte pas est le problème d'une personne comme Madonna. Je peux en être peiné (mais qui m'oblige à lire ou même à regarder la couverture de ce magazine ?), je peux même espérer (si je suis un catholique particulièrement vindicatif) que "Dieu punira comme il se doit cette chienne lubrique en la vouant aux flammes de l'Enfer", mais à quoi bon me ridiculiser publiquement (et ridiculiser par la même occasion ma religion toute entière, qui n'a pourtant pas besoin de ça pour être risible) en gesticulant et vociférant hystériquement contre une simple chanteuse de beuglant ?

Laissez votre Dieu lui régler son compte post-mortem, si du moins il est, comme vous le croyez, aussi dénué d'humour et d'indulgence que vous ! Et cessez de vouloir régir et juger en son nom les faits et gestes de la terre entière ! Aussi vaines, kitsch et stupides que soient les provocations d'une Madonna, elle vaut mille fois mieux que tous les crétins hargneux qui s'en offusquent au lieu de vivre tranquillement leur vie, et qui, il y a quelques siècles, l'auraient sans la moindre hésitation brûlée comme sorcière.

Vous êtes lourds, les croyants !


4 mai 2006 : "MISERE DE L'HOMME SANS DIEU"

Outre le fait qu'un idéal n'est qu'un idéal (autrement dit un horizon jamais atteint) et que des concepts tels que l'indépendance d'esprit ou la lucidité ne deviennent jamais que des réalités très relatives, on peut se demander à quoi sert, en fin de compte, un idéal intellectuel et/ou moral (hormis une sorte de satisfaction d'amour-propre peut-être bien assez déplacée).

Refuser les illusions spiritualistes, par exemple. Il y a quelques années, devant quelque pizza, I. m'avait dit admirer le courage qu'impliquait mon rejet viscéral des consolations métaphysiques. J'avais trouvé tout cela bien excessif, ça me semblait à la fois normal et aisé, mais le temps, l'âge et les événements font que je saisis de mieux en mieux, depuis, à quelle point cette voie est en effet difficile. Quand on se débarrasse de ces chimères pour faire le zouave (tel Tryphon Tournesol dans Objectif Lune), tout va pour le mieux. Mais lorsqu'arrive le moment où l'on aimerait pouvoir tirer de ces mêmes chimères quelque sujet d'espoir et de consolation, on fait moins le mariole, il faut l'admettre.

Mais à bien y réfléchir, chacun ne perçoit que le caillou qui est dans sa propre chaussure, et je persiste à penser que la conscience douloureuse du néant est préférable à l'optimisme qui naît de l'appartenance décérébrée à une secte, quelle qu'elle soit, christianisme, islam et judaïsme compris.


juillet 2006 : L'EVANGILE DE JUDAS

Dans la foulée du Da Vinci Code, on lance actuellement à grand fracas (du moins sur la station de radio de merde que je m'obstine stupidement à laisser se répandre dans mon autoradio, sans doute parce que l'humain descend de très nombreux degrés dans l'échelle de l'intelligence lorsqu'il se place derrière un volant) ... on lance à grand fracas sur Europe 1, disais-je, l'évangile de Judas, qui "révèle" que le Christ a en fait demandé à Judas de le trahir. Vieille hérésie qui était déjà citée avec délectation par Borges, mais pour le plaisir de l'esprit et non pour essayer de la faire passer pour je ne sais quelle faramineuse "révélation". L'évangile apocryphe de Judas n'est ni plus ni moins pertinent que n'importe quel autre évangile : pour le dire autrement, sa valeur de document est elle aussi égale à zéro. S'interroger ainsi sur la mythologie chrétienne est absolument aussi vain que de s'interroger sur la sexualité de Fantômas. La seule excuse de pareilles errances est de s'y livrer sans se prendre au sérieux.


21 octobre 2006

Michel Cool, qui m'a tout l'air d'être un peu monomaniaque, consacre une série d'émissions (après l'Histoire des Papes) à l'Histoire du Christianisme. Il souligne que, contrairement à ce que prédisaient les méchants positivistes, et malgré un indéniable fléchissement, la religion n'a pas disparu et connaît même, sur certains points et dans certaines régions du monde (Tiers-Monde, Russie,... rien que des zones où tout baigne), un certain renouveau. Il oublie que les positivistes prévoyaient la disparition des religions par l'extension de la connaissance et du bien-être pour tous. On est loin d'en être là puisque les bénéfices du progrès humain sont à nouveau largement confisqués par une minorité. Reste donc une population de plus en plus grande qui vit la misère économique et/ou intellectuelle. Et avec cela, Michel Cool s'étonne que les sectes de tous bords, en particulier sous leurs formes les plus stupides et les plus virulentes, connaissent un bel essor ?

Mais l'oecuménisme nous sauvera sans doute. Comme disait Jean-Paul II après sa rencontre avec le Dalaï-Lama : "Y a un espèce de cave qui s'est levé avec une robe rouge, y s'est mis à dire que j'étais un bandit ! que j'avais fait le barbeau toute ma vie ! Y m'avait jamais connu, il était même pas du quartier, je sais pas d'où qu'y décambutait çui-là !" (cf. Trignol)


22 octobre 2006 : PECHE ORIGINEL

Certes, les innocents ne le restent jamais bien longtemps et même un nouveau-né, tenaillé par la faim, pourrait tuer s'il en avait la capacité physique. Mais je trouve choquante et aberrante la notion religieuse de péché originel. La tendance à nuire est liée à notre nature et non à la faute de quelque ancêtre mythique. On pourra m'objecter qu'il ne s'agit que d'un symbole exprimant notre tendance consubstancielle au mal, mais dans ce cas qu'on dise les choses clairement au lieu d'user de paraboles choquantes dans lesquelles toute l'humanité paierait les pots cassés jadis par deux guignols. En outre, la religion fait intervenir Dieu, une fiction, pour racheter ou pardonner le péché originel, alors que la rédemption ne peut être qu'humaine. On cesse de nuire, ou plutôt (soyons réaliste) on diminue plus ou moins son degré de nocivité, soit en n'ayant pas besoin de nuire, soit, plus fréquemment, sous l'effet des limites que la civilisation fixe depuis des siècles à cette nocivité, à travers notamment des formes collectives ou individuelles (conscience) de morale.


27 novembre 2006

846 : Le pape Leon IV déclare que mourir en combattant pour l'Eglise conduit au Paradis. La notion de "djihad" apparaît dans la chrétienté !


31 janvier 2007 : "ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX"

Il est toujours question depuis quelques années (et en Moselle et Alsace, c'est depuis toujours une réalité, grâce au Concordat) d'intégrer l'enseignement religieux dans les programmes de l'Education nationale. On parle aujourd'hui d'enseigner "le fait religieux", en arguant (à juste titre d'ailleurs) qu'il est utile d'avoir une relative connaissance de ces choses pour comprendre la civilisation qui est la nôtre et apprécier un grand nombre d'oeuvres d'art. Le danger est évidemment que cet enseignement soit récupéré par les culs-bénits au bénéfice de leur propagande.

Une idée simple pour prévenir cette dérive. Ne parler ni d'enseignement religieux, ni d'enseignement du fait religieux, mais simplement de "cours de balivernologie".


8 février : BALIVERNOLOGIE (suite)

Invité sur France Culture, le philosophe Jacques Bouveresse, auteur de "Peut-on ne pas croire ?", dénonce l'apologie actuelle du retour au religieux, présenté comme inévitable, à commencer par la phrase inepte de Malraux ("Le XXI° siècle sera spirituel ou ne sera pas"), phrase aberrante, fondée sur rien, qui ne tire sa force que de son caractère paradoxal, ronflant, pseudo-prophétique, et sur laquelle se jettent évidemment tous les abrutis "en quête de sens" (sic).

Bouveresse rappelle que Renan parlait au XIX° siècle de l'Avenir de la science, et qu'aujourd'hui la science semble ne plus avoir d'avenir (en particulier avec la désaffection croissante pour les études scientifiques) alors que le religieux refleurit. Il est pourtant évident qu'une telle désaffection ne remet nullement en cause la valeur de la science : si l'homme a de plus en plus tendance a quitter la voie exigeante de la Raison et de l'analyse, de plus en plus tendance à retourner vers la foi, le dogme, la crédulité, ça ne prouve en rien que la science est sans valeur. Ca prouve juste que l'homme est con (quel scoop !).


18 février 2007 : CATHOS LOGIQUES

Mon intérêt malsain pour la logique me pousse actuellement à lire le fameux mais assez indigeste traité de logique des jansénistes de Port-Royal Antoine Arnauld et Pierre Nicole, ouvrage qui a le mérite de réunir plutôt clairement un certain nombre de notions et de règles, mais qui a le défaut de s'obstiner à vouloir concilier logique et religion. Voici un bel exemple des désordres de pensée auquel cela peut conduire :

"Ainsi le mot de véritable religion ne signifie qu'une seule et unique religion, qui est dans la vérité la catholique, n'y ayant que celle-là de véritable. Mais parce que chaque peuple et chaque secte croit que sa religion est la véritable, ce mot est très-équivoque dans la bouche des hommes, quoique par erreur. Et si on lit dans un historien qu'un prince a été zélé pour la véritable religion, on ne saurait dire ce qu'il a entendu par là, si on ne sait de quelle religion a été cet historien ; car si c'est un protestant, cela voudra dire la religion protestante ; si c'est un Arabe mahométan qui parlât ainsi de son prince, cela voudrait dire la religion mahométane, et on ne pourrait juger que ce serait la religion catholique, si on ne savait que cet historien était catholique."

Voici donc des gens capables de démêler les équivoques avec intelligence et précision, mais qui ne voient même par l'ineptie qu'ils profèrent en affirmant benoîtement que l'expression de "religion véritable" ne devrait désigner en réalite que la religion catholique, qui ne voient même pas pourquoi ils tombent dans une telle absurdité, alors que la cause est là, dans leurs propres mots : "chaque peuple et chaque secte croit que sa religion est la véritable". Mais évidemment ce relativisme concerne tout le monde, sauf les catholiques. N'incriminons pas trop vite l'esprit du temps. Un siècle auparavant, Montaigne était parfaitement capable de pousser un tel raisonnement jusqu'à son terme. Le temps ne fait donc rien à l'affaire.


Septembre 2007 : FAIT DIVERS

Un Roumain a porté plainte contre Dieu pour escroquerie et abus de confiance. Le parquet de Timisoara l'a débouté, au motif que "Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse."


30 novembre 2007 : PITRE EN MITRE

Dans sa dernière encyclique, Benoît XVI dénonce les "espérances fallacieuses" des idéologies athées.

Pauvre abruti ! Un athée n'a pas la moindre espérance. En matière d'espérances fallacieuses, je ne sais pas si un type qui pense qu'après sa mort il ira danser le jerk au milieu des anges est bien placé pour donner des leçons.

Confondant sciemment le matérialisme philosophique avec le consumérisme, Benoît nous rappelle le danger d'un monde sans éthique. Comme si l'athéisme empêchait d'avoir une éthique ! Seulement c'est une éthique pour rien, une éthique gratuite, une éthique pour le pur plaisir de n'être pas qu'un animal et de conserver le respect de soi-même ... Rien à voir avec l'éthique servile du croyant qui craint le gendarme divin et espère sa récompense. Crétin de pape ! Aussi con que le précédent !


L'ENNEMI PRIORITAIRE ?

Faut-il combattre en priorité le capitalisme ou le fanatisme religieux ? Lorsque le fanatisme religieux désigne le capitalisme comme son ennemi, peut-on s'allier à lui ?

Réponse : La seule arme efficace à long terme contre toutes les idéologies dangereuses, quelles qu'elles soient, étant l'esprit critique, on peut estimer que l'ennemi prioritaire doit être l'ennemi le plus dogmatique, soit ici le fanatisme religieux. Malgré sa propagande de plus en plus massive et nocive, le capitalisme n'interdit pas par principe l'esprit critique et lui laisse donc une chance de saisir les aberrations du système.

Contre-argument intéressant - L'apparente liberté de pensée associée au matraquage médiatique endort l'esprit critique, alors que l'oppression de l'esprit critique par un dogmatisme féroce peut le réveiller.

Réponse au contre-argument - Il est sans doute vrai que l'esprit critique est plus en éveil lorsqu'on essaie de le supprimer, mais faut-il pour autant, lorsque l'on a la chance de vivre sous un régime de liberté d'expression, souhaiter régresser vers un régime autoritaire, simplement pour réveiller (dans quelle proportion d'une population, d'ailleurs ?) un esprit critique que la liberté tend à endormir, alors qu'il nous suffirait simplement de nous forcer un peu plus à utiliser cet esprit critique que nos lois nous permettent d'utiliser ? C'est prendre un bien grand risque et désirer des étapes bien déplaisantes pour un résultat incertain. C'est reculer avec l'idée que l'on y retrouvera plus d'élan, mais rien ne garantit que cet élan maintiendra davantage sa force que la première fois, ou pour le dire peut-être plus clairement, c'est revenir à un système archaïque pour stimuler l'esprit critique, lequel, dans le meilleur des cas finira par triompher et installer la démocratie, mais ceci obtenu, rien ne garantit que les défauts de nos démocraties actuelles ne réapparaîtront pas tels quels. Donc la seule solution est de combattre ces défauts de là où nous sommes, depuis le présent, et non de revenir en arrière.


INEPTIES EVANGELIQUES

Les sectes évangéliques américaines, avec leur interprétation littérale de la Bible, sont le fruit pourri de la belle idée protestante selon laquelle chacun doit accéder au texte sacré sans intermédiaire. Le problème, c'est qu'un théologien un tant soit peu informé débite des calembredaines qui ont encore une vague cohérence et qui essaient de tenir compte autant que possible de la réalité du monde (ne serait-ce que pour éviter les contradictions trop flagrantes et l'air con qui en résulte), alors que, s'il n'est pas un tant soit peu instruit, le croyant lambda, livré à lui-même, se met vite à raconter encore plus de conneries que le texte ne le permet.


CATHARES

Les dignitaires du catharisme, traqués par l'Inquisition, s'étant exilés, le soin des fidèles fut laissé à des diacres ou sous-diacres, lesquels se mirent bien vite à déformer la doctrine de départ en la rendant (encore plus) délirante. Ainsi, un certain Limosus Nigri déclare que Dieu créa les archanges, qui créérent les anges : "Tous ces êtres sont appelés anges et Vierge Marie. Ceux-ci ont fondé l’abstinence et la chasteté, qui sont supérieures au soleil et à la lune. Les mictions (!!!) du soleil et de la lune ont, en s’agglutinant, formé la terre."


9 septembre 2008 : SATANISME

L'évolution de Huysmans montre bien que le satanisme, loin d'être l'ennemi de la religion, marche avec elle main dans la main. Leur ennemi commun : l'athéisme, le scepticisme.

***

Les satanistes sont beaucoup plus stupides que les jeunes enfants (c'est donc peu dire !) qui croient au Père Noël. D'abord, ils n'ont pas, pour croire au diable, l'excuse de l'âge. Et puis les enfants, eux, ne profanent pas des cheminées.


24 décembre 2008 : MARIAGE ET ZOOPHILIE

C'est seulement au Concile de Latran, en 1215, que l'Eglise a estimé qu'on pouvait accepter au paradis les gens mariés. Jusque là, le coït, même pour la conception d'enfants dans le cadre du mariage, était considéré comme un péché.

Rien à voir (?), mais Elisabeth Roudinesco rapporte qu'au Moyen Age le zoophile était brûlé avec l'animal, lui aussi considéré comme porteur du mal.


5 mai 2008 : BIGOTS DEMAGOS

Quelqu'un m'ayant suggéré de contempler un tableau de Max Ernst sur lequel la Vierge Marie flanque une fessée à l'Enfant Jésus, j'ai trouvé l'image sur le net, mais insérée dans un site de propagande chrétienne. L'auteur se félicitait du côté provocateur que peut avoir à première vue l'emploi d'une telle illustration, après quoi il s'évertue à montrer que ce tableau peut servir à l'édification des fidèles (car il montre, par exemple, je cite, que Jésus aussi a pu avoir des malheurs dans son enfance et même être puni). Un peu plus tard, j'entends dans Les Chemins de la Connaissance un dominicain étaler son admiration devant la nouvelle déco branchouille d'une église par un artiste contemporain. Dans les deux cas, il s'agit de montrer qu'on peut être à la fois un cul-bénit accroché à ses superstitions et un esprit ouvert aux audaces (dans la logique déjà évoquée le 7 avril, "Encore une forme de subversion épatante !", section Bluff). Dans le premier cas, il s'agit aussi, volontairement ou non, de désamorcer la force ravageuse du rire de Max Ernst.

***

Ayant évolué vers la gauche en m'arrachant à une éducation catholique soutenant la droite au moins par l'habitude d'une longue association, je vois sans peine tout ce qui unit fondamentalement la pensée religieuse aux idéologies de droite. Ce n'est apparemment pas le cas d'un certain nombre de gens "nés à gauche", qui non seulement ne voient pas le rapport, mais encore trouvent judicieux de s'allier à une religiosité pseudo-révolutionnaire telle que l'islamisme (présenté comme "religion des opprimés", donc comme une "bonne religion", ce qui a littéralement autant de sens que de parler d'une "bonne baffe dans la gueule").

Je ne sais si cela vient d'une prédisposition au dogmatisme (venant d'une idéologie de gauche reçue dès le départ comme une évidence et donc vécue un peu comme une religion transmise plus que comme une conquête personnelle) ou d'un désir de se démarquer de parents dont la pensée de gauche est perçue comme un peu ringarde dans sa laïcité terne, sans pittoresque, sans élan spirituel. Ou plus simplement d'une tendance généralisée à renoncer à la pensée et à sombrer dans le mysticisme d'une manière ou d'une autre.


24 mai 2008 : PESTE

Dans Concordance des Temps, une archéozoologue du CNRS, Frédérique Audoin-Rouzeau, vient parler de la peste. Elle y va assez fort en expliquant comment l'Eglise a toujours utilisé la peste pour asseoir sa domination et culpabiliser les gens, suggérant que ce manège continue à propos du SIDA : "c'est votre faute, Dieu vous punit, etc."

Je la trouve donc d'emblée étonnament virulente, anticléricale et sympathique pour une spécialiste scientifique venue parler de la peste. Tout s'éclaire après quelques minutes lorsque Jeanneney précise que son invitée est également connue comme auteur de romans policiers sous le nom de Fred Vargas. De romans policiers et, je l'ajoute, de précieux traités de toutes vérités sur l'existence !


1° février 2009 :

Benoit XVI, après avoir réintégré dans l'Eglise un évêque négationniste, vient de condamner l'euthanasie. C'est selon lui "une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l'homme." Quelle buse, ce pape.


Trouvé dans les livres d'or de divers lieux religieux :

"La Sainte Vierge est belle et les jeux rigolos."

" Seigneur, je prie ta maman pour qu'elle dise à tous les dirigeants d'Europe de former une armée de réservistes volontaires pour aller mettre la paix en Afrique."

" Mon Dieu, si tu as le temps, guide moi. Montre-moi le chemin que je dois faire sur cette terre avant de te rejoindre. PS : il peut être long. Je ne suis pas pressé. Merci."

"Je n'étais pas retourné dans une église depuis ma profession de foi. Et ici, dès l'entrée, j'ai ressenti comme du dégoût."


RECYCLAGE

Recyclage chrétien des dieux égyptiens. Chez les Coptes, Horus devient un Saint Georges à tête de faucon, et on trouve sur une icône grecque un Saint Christophe à tête de chien, souvenir d'Anubis.


PRENEZ ET BUVEZ

Dans les Actes des Apôtres, lors du discours de la Pentecôte, une partie de la foule suggère que les apôtres ont picolé (chapitre 2, verset 13). Et Pierre rétorque (verset 15) qu'ils ne sont pas bourrés car il n'est que 9h du matin (tu parles d'un argument).


DELIRIUM (suite)

Le rachat des péchés humains est tout de même une sacrée histoire. Dieu offrant son fils (lui-même ?) en sacrifice (à lui-même ?) pour racheter (à lui-même ?) les péchés des hommes, voilà tout de même une opération bien singulière sur le plan économique.


CHRISTIANISME ET EXPLOITATION DE L'HOMME PAR L'HOMME

A plusieurs reprises dans diverses lettres, Saint Paul recommande aux esclaves chrétiens de servir avec zèle, afin qu'on ne puisse dire du mal des chrétiens (quel louable souci de l'ordre existant et de l'opinion publique !) et aux maîtres chrétiens de traiter gentiment leurs esclaves (mais pas de les libérer : on n'en est visiblement plus à la communauté des biens). Cette approche révolutionnaire atteint des sommets dans la Première Lettre à Timothée, 6, 1-2 : "Tous ceux qui sont esclaves doivent considérer leurs maîtres comme dignes d'un entier respect, afin que personne ne dise du mal du nom de Dieu et de notre enseignement. Les esclaves qui ont des maîtres croyants ne doivent pas leur manquer de respect sous prétexte qu'ils sont leurs frères. Au contraire, ils doivent les servir encore mieux, parce que ceux qui bénéficient de leurs services sont des croyants qu'ils aiment."

Il faut certes tenir compte du contexte historique, mais tout de même, quelle grande leçon pour notre époque !

***

La lettre unique de Jacques, frère de Jésus, conservée dans le Nouveau Testament, laisse apparaître un autre genre de gaillard. Là où Paul s'obstine dans sa théorie délirante de la justification par la Foi (c'est la Foi seule qui rend juste et qui sauve : peu importe que l'on obéisse ou non à la Loi), Jacques estime que la Foi ne sert à rien si elle ne se manifeste par des actes.

Quant aux exploitants de misère humaine, le discours qu'il leur consacre a un peu plus de gueule que les veuleries et les complaisances de Paul. Ce type aurait fait un tabac à un congrès du MEDEF :

"Et maintenant écoutez-moi, vous les riches ! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui vont venir sur vous ! Vos richesses sont pourries et vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont couverts de rouille ; cette rouille sera un témoignage contre vous et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses dans ces jours qui sont les derniers. Vous n'avez pas payé le salaire des ouvriers qui travaillent dans vos champs (...) Vous avez vécu sur la terre dans le luxe et les plaisirs. Vous vous êtes engraissés pour le jour de la boucherie."


ENCORE UNE RELIGION A LA CON

Au paragraphe 94 du Livre IV de l'Enquête, Hérodote décrit ainsi la religion des Gètes (sortes de Daces ou de Thraces peuplant plus ou moins l'actuelle Roumanie) :

"Ils se disent immortels, et voici ce qu'ils entendent par là : ils croient qu'ils ne meurent point et qu'à l'heure du trépas ils s'en vont rejoindre leur divinité, Salmoxis. Tous les cinq ans, ils tirent au sort l'un d'entre eux pour être leur messager auprès de Salmoxis et lui confient toutes leurs requêtes. Voici comment ils l'expédient : les uns s'alignent armés de trois javelots, d'autres prennent par les mains et par les pieds le messager qu'il s'agit d'envoyer à Salmoxis et le lancent en l'air (d'où sans doute le nom de Gètes...) pour le faire retomber sur les pointes des javelots. Si l'homme s'enferre et meurt, c'est, disent-ils, que le dieu leur est favorable ; si le messager n'en meurt pas, ils s'en prennent à lui, le traitent de méchant homme et en expédient un autre à sa place."


CINEMA

L'acteur qui incarna Jésus dans l'Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini raconte que, durant le tournage, des paysans du coin venaient le voir pour lui demander des miracles.


DES VERTUS DU VIOL

On se souvient des aberrations de l'Eglise face à l'avortement d'une fillette de 9 ans, enceinte après avoir été violée par son beau-père : "Le viol est moins grave que l'avortement", déclara l'évêque de Recife, joyeux couillon s'il en fut jamais, après avoir excommunié les médecins et la mère de la victime.

Paul Veyne affirme que dans La Cité de Dieu, évoquant le sac de Rome par Alaric et le fait que les bonnes soeurs ont été violées, Saint Augustin assure que ce n'est pas grave car cela leur apprend la modestie.


UCHRONIE 732

Les Francs qui arrêtèrent l'expansion musulmane à Poitiers étaient essentiellement des pillards et comptaient parmi les moins civilisés des peuples barbares qui avaient été en contact avec Rome. On peut se demander ce que serait devenue l'Europe (puis le monde) s'ils avaient perdu cette bataille, laissant la place à une civilisation déjà extrêmement raffinée et plutôt tolérante à cette époque. Peut-être un espace plus vaste aurait-il été entraîné dans les décadences du monde islamique, dans le despotisme politique, dans l'évolution vers le fanatisme religieux (mais certaines de ces évolutions étant liées à la période coloniale, difficile de deviner comment les choses auraient tourné) et peut-être l'Islam n'aurait-il pas permis la fantastique évolution intellectuelle qu'ont permis les Lumières. Rien n'est moins sûr car l'Islam d'alors avait déjà ses Lumières ... On peut donc imaginer au contraire qu'une expansion de la civilisation arabe sur toute l'Europe aurait acceléré de quelques siècles les progrès de l'esprit et la disparition du phénomène religieux. Au lieu de quoi la civilisation arabe a périclité et traîne encore sa religion avec elle comme un boulet de plus en plus asservissant. Mais bon, vu les conneries proférées par Benoït XVI, la Chrétienté n'a pas vraiment de quoi frimer.

Complément : Les Arabes n'ont en outre jamais interdit Jérusalem aux pélerins chrétiens : ce fut le fait des Turcs (aujourd'hui alliés de l'Occident, d'ailleurs). Lorsque les Croisés arrivèrent à Jérusalem en 1099, la ville venait d'être reprise aux Turcs par les musulmans d'Egypte, lesquels auraient sans doute réautorisé l'accès ... Mais puisqu'ils étaient venus de si loin, les Croisés ont tout de même pris la ville et massacré tout le monde.

2009


26 février 2009 : YOUPI ! L'EVEQUE NAZI DEVIENT GENTIL !

Devant le tollé suscité par sa réintégration, en particulier parmi les catholiques eux-mêmes, l'évêque négationniste Williamson vient, paraît-il de "demander pardon". On sait déjà ce qu'on va trouver si on regarde de près sa déclaration, il y a à peu près autant de suspense que si l'on entreprenait d'explorer une fosse à purin, mais bon, pour la forme, allons y ...

"Le Saint Père et mon supérieur, le cardinal Bernard Fellay, m'ont demandé de reconsidérer les déclarations que j'ai faites à la télévision suédoise, il y a quatre mois, en raison de leurs si lourdes conséquences. En examinant ces conséquences, je peux dire sincèrement que je regrette d'avoir fait ces déclarations, et que si j'avais su à l'avance tout le mal et les blessures qu'elles allaient susciter, spécialement pour l'Eglise, mais également pour les survivants et les proches des victimes d'injustices sous le IIIe Reich, je ne les aurais pas faites."

Deux constatations :

- comme on pouvait s'y attendre, notre ami nazi ne regrette absolument de penser ce qu'il pense, mais simplement d'avoir mis son pape en fâcheuse posture en exprimant son opinion.

- il s'excuse au passage auprès des "survivants et des proches des victimes d'injustices sous le IIIe Reich". Au moins, il est honnête : on ne lui fera pas dire que la Shoah est une réalité historique s'il ne le pense pas, donc il adopte une formulation particulièrement floue qui ne l'engage à rien.

Pour une prochaine fois, je lui suggère cette formulation : "En déclarant cela, je ne voulais en aucun cas heurter la sensibilité de ceux qui ont pu être victimes d'éventuelles tracasseries sous le III° Reich."

C'est bien, comme mot, "tracasseries" : pas vrai, Williamson ?


18 mars 2009 : L'AMI BEN SE DEPASSE

Lors de son voyage en Afrique, Benoît XVI a déclaré que l'utilisation du préservatif "aggravait" l'épidémie de SIDA.

On critique l'éducation laxiste, mais ça ne lui réussit pas, à ce type, d'avoir été élevé chez les nazis.


18 mars 2010 : CROISADES

Le médiéviste Alessandro Barbero développe à propos des croisades quelques idées stimulantes :

1. Il rappelle d'abord qu'avant cela le christianisme restait nettement opposé à la guerre : même si Saint Augustin s'est lancé dans une réflexion assez hésitante et paradoxale sur l'idée de "guerre juste" du moment qu'elle est menée par un empereur chrétien (allant jusqu'à estimer à un moment qu'après tout, si on ne tuait pas les ennemis à la guerre, ils finiraient bien par mourir tôt ou tard et que ce n'était donc pas si grave), on considérait tout de même que tuer un ennemi était un péché, en tous cas une impureté, qui demandait repentir et purification. L'appel à la première croisade marque donc un tournant : à partir de là, l'Eglise se met à valoriser les guerres qu'elle décrète.

2. De même que la première tolérance du christianisme face à la guerre a découlé du fait que l'empire romain était devenu chrétien, la notion de croisade naît durant la période d'opposition entre papes et empereurs germaniques et on peut supposer que la croisade a été pour le pape un moyen d'affirmer son pouvoir temporel en montrant sa capacité à être considéré comme chef par les chrétiens et à lever une armée. Nous avons donc la naissance d'un concept religieux nouveau (et en contradiction avec le discours précédent de l'Eglise) qui s'explique par un contexte historique particulier. On pourrait certainement montrer de la même façon en quoi la notion de djihad, généralement considérée comme inhérente à l'Islam, est apparue après la naissance de cette religion, peu après certes, mais là aussi à la suite de circonstances particulières.

3. Il semble que ce changement radical d'attitude, cette sanctification de la guerre, cette valorisation du meurtre des "ennemis de la religion" a été le point de départ de la mentalité qui a rendu plus tard possible l'Inquisition. Outre les infidèles tenant Jérusalem, les Croisés se sentirent autorisés à massacrer au passage les Manichéens qui leur semblaient peu catholiques, mais aussi les Juifs des villes traversées, déclenchant apparemment les premiers pogroms.


19 mars 2010 : BLASPHEME

Un dessin réutilisé dans un album à colorier offert avec des repas McDo et représentant un évêque-patate "mariant" deux pommes de terre et disant "Acceptez-vous de prendre Suzanne ici présente pour repas ?" soulève l'indignation de certains catholiques, nous apprend Eric Hazan sur son blog. Il n'y a pourtant pas de quoi vociférer. On peut à la limite estimer que McDo devrait choisir des dessins un peu plus neutres pour son marketing, mais lorsqu'on entend l'abbé Cormary déclarer à ce sujet "Je n’ai rien contre l’humour décalé, mais l’on ne touche pas au sacré", il y a de quoi s'inquiéter et s'indigner. Bonjour la régression ! L'hystérie des islamistes donne des ailes aux papophiles (je vous l'avais prédit !).

"Je n'ai rien contre la liberté de pensée et de parole, du moment que tout le monde est de mon avis."


27 avril 2010 : UN SISMOLOGUE D'ENVERGURE

Non, il ne s'agit pas de Claude Allègre, mais d'un gaillard encore plus compétent que lui (s'il est possible) en matière de géologie, à savoir l'hodjatoleslam Kazem Sedighi, imam de Téhéran, qui a déclaré il y a quelques jours : "Il y a beaucoup de femme qui ne s'habillent pas décemment (c'est-à-dire qui ne sont pas voilées), qui détournent les jeunes hommes du droit chemin, corrompent leur chasteté, ce qui augmente les tremblements de terre."

Comme disait Brassens, l'Iran ne fait rien à l'affaire.


20 août 2010 : A MEDITER ...

Benoît XVI est au christianisme ce que Nicolas Sarkozy est à la République française.


15 septembre 2010 : THOMAS RÖMER ET LA BIBLE

Dans sa leçon inaugurale de la chaire "Milieux bibliques" du Collège de France (5 février 2009), Thomas Römer explique que la Bible et sa chronologie apparente ne sont que "le résultat d'un effort théologique et éditorial de réunir à l'intérieur d'une même bibliothèque des traditions et des rouleaux d'époques diverses, véhiculant des idéologies différentes, voire contradictoires."

"Pour illustrer un tel phénomène, poursuit-il, permettez moi d'évoquer un film, qui a connu l'année dernière un certain succès, et dont la banalité, si d'aventure vous l'avez vu, a dû vous effrayer. Il s'agit de Mamma Mia. Le fil narratif, donc la chronologie de ce film, est clairement secondaire. Le seul but de l'intrigue est de permettre de regrouper et d'organiser un certain nombre de chansons du groupe suédois Abba, qui à l'origine ne racontent pas du tout une histoire continue et qui n'ont pas de lien thématique entre elles. Il en va de même pour certaines chronologies bibliques."

Römer explique entre autres choses que les textes concernant les Patriarches et ceux concernant Moïse et l'Exode n'étaient nullement successifs au départ mais représentaient deux mythes des origines concurrents, l'un mettant l'accent sur la généalogie, l'autre sur l'alliance avec Dieu. La mise en place d'une chronologie entre eux ne relève que d'une volonté de conserver les deux mythes et ce que chacun d'eux apportait à la constitution d'une identité religieuse et "nationale" (*). Il affirme également que l'aniconisme des Hébreux est très tardif (au plus tard VII° siècle avant notre ère : il semble qu'il y avait avant cela au moins une statue de Yahvé dans le Temple de Jérusalem), de même que le monothéisme (VI° siècle environ : auparavant, la prédominance de Yahvé, variante d'autres dieux de l'Orage du Proche-Orient, n'excluait pas initialement la croyance en d'autres dieux et il semble même qu'il ait eu jadis une parèdre, ou si l'on préfère, une Mme Yahvé).

(*) : concernant la constitution mythique de l'identité juive, voir aussi l'ouvrage de Schlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé.


20 octobre 2010 : LES AVIGNONNAIS SONT DE RUDES GAILLARDS

Un historien a estimé qu'il y avait entre 400 et 500 prostituées à Avignon en 1376. Je ne connais pas grand chose à cette activité, mais le chiffre me semble énorme pour une ville comme Avignon. Si l'on considère en outre qu'Avignon était à l'époque le siège de la papauté, ça rend la chose encore plus improbable : la ville étant pleine de cardinaux, évêques et clercs en tous genres, ces dames ne devaient pas avoir beaucoup d'occupation ...


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