THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

2009

Un journaliste américain relativisait récemment l'enthousiaste suscité par Obama en disant que, selon les critères politiques français, celui-ci se rangerait "à la droite de l'UMP". Quoi qu'il en soit, cela vaut certainement toujours mieux qu'un Bush, mais enfin il n'y a pas de quoi sauter au plafond. On sent bien, aux Etats-Unis comme en France, dans les dernières présidentielles, à quel point l'impact médiatique d'un candidat et le fait que son élection constitue une "première" (le premier président noir, la première femme élue à la présidence,...) importe plus que son programme. Il serait peut-être bon qu'on (re)commence à juger nos dirigeants à leurs idées et à leurs actes, en se foutant complétement du fait qu'ils soient des femmes, des métis ou des nains.

Il y a des jours (peut-être tous) où on ne devrait pas regarder la télé tant l'omniprésence des cons y est déprimante. J'ai vu une partie de Ripostes, découvrant le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, champion de la mauvaise foi et spécialiste de l'interruption (lorsqu'il ne parle pas en même temps que son adversaire, profitant des pauses avec une remarquable habileté pour saper son discours). Mais ce type est un aimable plaisantin comparé à Sabine Herold, d'Alternative Libérale, caricature vivante considérant explicitement (et sans rire) Sarkozy comme trop à gauche et enfilant les clichés ultralibéraux avec une assurance que rien ne saurait ébranler, pas même la crise actuelle (qu'il faut bien entendu résoudre selon elle par plus de libéralisme).

Un peu plus tard, aux infos, un autre con, pire encore que les précédents, sinistre pantin en robe blanche, l'ignoble pape qui nous ferait presque regretter Jean-Paul II et qui, après avoir réintégré dans l'Eglise un évêque négationniste, vient de condamner l'euthanasie. C'est selon lui "une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l'homme." Quelle buse, ce pape.

Un autre article est intitulé : Bernard Kouchner défend son "honneur". Intéressants guillemets !

Kouchner a déclaré : "Je suis un singe d'ouverture qui doit gêner des gens." Peut-être est-ce une erreur typographique pour "signe d'ouverture" ? Peut-être.

De nouveaux et géniaux humoristes nous arrivent enfin pour remplacer des gens comme Pierre Desproges. Mais attention, c'est un humour à froid, maniant l'ironie avec une dextérité redoutable, ce qui met leur humour hors de portée du plus grand nombre. Tant pis pour la masse ignare, ne nous privons pas de savourer ces quelques traits hilarants :

* "Barack Obama s'est beaucoup inspiré de moi pour sa campagne", déclare Ségolène Royal. Devant l'incompréhension des imbéciles, elle est ensuite obligée de le souligner lourdement : c'était de l'humour !

* "Il y en a assez avec cette critique du bling-bling et du président Sarkozy ! Il a une Rolex, et alors ? C'est quand même normal ! Une personne qui à 50 ans n'a pas de Rolex, elle a raté sa vie !" tonitrue Jacques Séguéla. Le lendemain, traité de gros con de tous côtés (quel scoop !), il se voit obligé de rectifier : mais non, c'était de l'humour !

* "A ma connaissance, les chambres à gaz n'ont jamais existé", affirme le chansonnier épiscopal Richard Williamson. Nombreuses plaintes adressées à M. Ratzinger, directeur du célèbre cabaret Le Vatican. Williamson précise : vous avez rien compris, c'était de l'humour !

Lors de son voyage en Afrique, Benoît XVI a déclaré que l'utilisation du préservatif "aggravait" l'épidémie de SIDA.

On critique l'éducation laxiste, mais ça ne lui réussit pas, à ce type, d'avoir été élevé chez les nazis.

Titres du Monde :

* Royal exhorte les adhérents de Désirs d'avenir à se "faire respecter" au sein du PS. Voilà. On est en pleine crise économique et politique, et l'autre en est encore à défendre sa gamelle au lieu de laisser une chance à l'émergence d'une vraie alternative de gauche. Inscris toi à l'UMP et fais y ton trou, abrutie !

* Rémunérations des patrons : Seillière se méfie des "donneurs de leçons". Ah ouais, les donneurs de leçon ... genre les connards qui viennent expliquer aux salariés qu'il faut revaloriser la valeur-travail, c'est ça ? Il a raison : c'est la plaie, ces mecs-là.

Je découvre aujourd'hui seulement, sur les affiches d'Europe Ecologie, la présence de José Bové. Aux côtés du très libéral Cohn-Bendit, c'est un contraste du plus bel effet. Mais sans doute n'y a-t-il pas ou plus de réel contraste.

Concernant les résultats, évidemment consternants, on relativisera un peu le "triomphe" de l'UMP en considérant que 28% n'est un chiffre impressionnant que comparé à celui des autres et en n'oubliant pas que l'abstention a été massive. Il n'empêche. Etait-ce bien le moment, à l'heure où le libéralisme montre enfin à quoi il conduit, de plébisciter la droite un peu partout en Europe ?

D'un autre côté, on conçoit que les gens soient désorientés, étant donné l'état de la gauche. La bonne nouvelle du scrutin est l'effondrement du PS, mais il est regrettable que cela profite essentiellement au coup de bluff libertaro-écolo de Cohn-Bendit (on a presque envie de dire "libertaro-écolo-sarkozyste" tant cela sent le torpillage téléguidé de la gauche, avec ou sans l'assentiment des torpilles elles-mêmes). Que les électeurs se soucient enfin de l'urgence écologiste, c'est formidable, mais, de grâce, pas avec ces crétins !!!

Enfin, la seconde bonne nouvelle est que le Front de Gauche, malgré un score faible, dépasse le NPA, contrairement à ce qui était annoncé, et obtient ainsi quelques députés. Tout cela montre au moins que Mélenchon a eu raison de quitter le PS. Ce premier cap étant passé, il reste à espérer que dans l'avenir, davantage d'électeurs de gauche, en voyant que cela peut prendre de l'ampleur, se rallieront au Front de Gauche en délaissant le marasme du PS ou la stratégie absurde du NPA.

On peut estimer aujourd'hui que l'intérieur des bâtiments publics français a perdu l'essentiel de son imprégnation tabagique. On sent qu'on vit désormais dans un monde meilleur, du moins à l'intérieur, car il reste encore à traiter le problème des inciviques qui persistent à fumer dehors et à intoxiquer notre oxygène. Ce combat courageux et essentiel a néanmoins porté ses premiers fruits et il faut s'en réjouir ...

Bon. Et maintenant ? Quelle est la prochaine étape ? A quel fléau majeur du monde contemporain va-t-on s'attaquer ? Aux buveurs de panaché ? Aux agriculteurs qui refusent de serrer la main des cons ? Aux gens qui traversent lorsque la route est totalement dégagée mais que le bonhomme est rouge quand même ? Aux ordures qui trichent au jeu de l'oie ? Aux paradis fiscaux ? Aux licenciements abusifs ? A la manipulation médiatique ? A la connerie papale ? Au sarkozysme ?

Benoît XVI ou les sarkozyques réduits à sortir sur le trottoir pour proférer leurs slogans malsains autant qu'ineptes, ce serait un pas de plus vers l'hygiénisme, non ? C'est là qu'on se rend compte que toutes les maisons closes n'ont pas encore été fermées.

Et Lagaf chargé d'une étude sur le nucléaire iranien, c'est pour quand ? 

Paris Hilton : "Barbie est mon modèle : elle ne fait rien, mais toujours dans une super tenue."

J'ai un peu de mal à comprendre la polémique actuelle autour des frasques sexuelles de Frédéric Mitterrand. Le "roman" dans lequel il évoquait ses pratiques tarifées est sorti il y a déjà un moment, en tous cas largement avant qu'il ne devienne ministre, et on en avait suffisamment parlé à l'époque pour que ça ne soit pas une découverte aujourd'hui. On peut s'étonner que Sarkozy n'ait pas été conscient du problème avant de le nommer, s'étonner que Mitterrand n'ait pas jugé plus décent de s'abstenir d'entrer en politique après avoir publié ça, s'étonner que ceux qui se scandalisent ne le fassent qu'aujourd'hui,...

On peut surtout s'étonner que Sarkozy ait choisi pour ministre un type comme lui. Car finalement, tourisme sexuel ou pas, il me semble bien que Frédéric Mitterrand est avant tout un gros connard, et la meilleure preuve en est sa décision d'accepter de travailler pour Sarkozy. D'ailleurs, c'est un cercle vicieux : doit-on s'étonner que Sarkozy choisisse un connard, en fait ? Le contraire serait beaucoup plus surprenant. Mais comme seul un connard peut accepter cela, Sarkozy est voué à choisir des connards (et je doute que ça le dérange outre mesure, ça lui donne sans doute la sensation de travailler "en famille").

Reste à savoir pourquoi Claude Allègre n'est pas encore ministre alors qu'il en bave d'envie depuis deux ans.

Trop gros connard, sans doute. Il y a des limites à tout, même au sarkozysme.

C'est ce que demande la direction d'une entreprise de Sarreguemines à ses salariés (sinon ....).

"C'est inadmissible. On est en pleine régression. Aucun syndicat n'est prêt à accepter une chose pareille", déclare, aux actualités régionales, un syndicaliste portant une casquette CFDT.

On parle apparemment beaucoup ces derniers temps, généralement pour s'en moquer (à l'exception de Frédéric Lefebvre dont la raison d'être semble d'assumer systématiquement et fièrement toutes ses conneries, ou, pour mieux dire, toute sa connerie), du risible lipdub (*) des risibles "jeunes pops", avec de risibles personnalités de l'UMP. Pour être tout à fait franc, et après l'avoir regardé deux fois (ce qui est plus qu'il n'en faut) en quelques jours, je dois avouer que je ne saisis pas ce qu'on y trouve de si énorme. Tous les intervenants n'y sont ni plus ni moins grotesques, ni plus ni moins répugnants, que dans leurs apparitions habituelles. Il est curieux qu'on s'étonne de voir de tels blaireaux s'abaisser à cela : n'avait-on pas encore compris qu'ils sont capables de tout ?

Non, je ne retiens qu'une chose de ce bazar, c'est que ses auteurs ont eu la désastreuse idée d'utiliser une chanson de Luc Plamondon. Et le problème avec Plamondon, c'est qu'en plus d'être nul, ça reste dans le crâne pendant des jours (**).

(*) : si je ne me trompe, en plus d'être un clip en play-back, le lipdub est logiquement constitué d'un seul plan-séquence, ce qui n'est pas le cas ici (sans doute trop compliqué à réaliser par des jeunes "pops").

(**) : d'un autre côté, c'est pratique, il suffit de combattre le mal par le mal : pour oublier l'infecte rengaine du clip UMP, penser à "Beeeelle" et hop ! un clou chasse l'autre !

Invité de La Suite dans les idées, le philosophe Michel Feher analyse le volontarisme de Sarkozy. Plus que d'un trait de caractère, il s'agit d'une stratégie consistant à redonner une apparence de légitimité au pouvoir politique en montrant que "quand on veut on peut", à une époque où le pouvoir semble résider ailleurs, en particulier dans la sphère économique. Il distingue deux techniques principales :

- le changement de sujet permanent : comme en réalité on ne peut pas faire grand chose, il suffit de se contenter d'affirmer son volontarisme sur un sujet, puis sur un autre, puis sur un autre, etc. en espérant qu'on oubliera les annonces précédentes.

- comme la première technique, à elle seule, aboutirait tôt ou tard à l'évidence d'une impuissance, il faut aussi exploiter un domaine dans lequel le volontarisme fonctionne : chez Sarkozy, c'est la lutte contre l'immigration. Elle n'a par ailleurs aucune utilité réelle, même du point de vue du patronat, mais c'est une des rares choses que Sarkozy peut faire réellement : annoncer qu'on renverra tant de clandestins et parvenir aux chiffres annoncés. C'est inutile, accessoirement c'est ignoble, mais c'est réalisable.

Michel Feher en déduit notamment que la formule réelle du volontarisme sarkozyen est officiellement "quand on veut, on peut", mais en réalité "quand on peut, on veut" (on se fixe les objectifs que l'on sait pouvoir réaliser, aussi absurdes soient-ils).