THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

2007


19 février : CUISINE PRESIDENTIELLE

François Rollin suggère le jeu suivant pour pimenter le mois de mars. Associez à chaque candidat à la présidentielle un certain plat, et manger le plat associé au candidat dont on aura entendu le nom en premier dans les médias ce jour-là, une ou deux heures avant le repas.

"Je ne saurais trop vous recommander d'associer aux noms de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal des plats simples et pas trop coûteux, car vous risquez d'en manger souvent."

On peut également, pour corser le jeu, associer un des candidats à une case vide, une absence de repas. Rollin suggère de choisir Le Pen : "Si c'est lui que vous entendez cité en premier, vous sautez le repas. Ca vous fera un petit peu moins rigoler, mais ça va bien vous fixer les idées."


5 mars : QUELQUES CONSIDERATIONS AU LANCE-PIERRE SUR LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE

Faute de temps, je me contenterai de remarques rapides, sans trop développer.

* Le Pen et ses 500 signatures, les aura-t-il ou pas ? C'est le feuilleton de la campagne. Dernier épisode : le piratage du réseau informatique du FN afin de repérer les maires qui lui ont promis leur signature et faire pression sur eux. Bon. Il serait temps de clarifier les choses sur le FN. Soit on considère que ce parti anti-démocratique ne peut participer à la vie démocratique française, pour laquelle il représente un réel danger, et dans ce cas on l'interdit. Soit on estime qu'il a le droit d'y participer et dans ce cas, compte tenu de l'importance de son électorat, on n'empêche pas Le Pen de se présenter par des manoeuvres douteuses. On peut aussi, accessoirement, se demander pourquoi il y a autant de cons et/ou de gens en colère en France et y apporter des solutions, en développant l'éducation (contre la connerie) et en traitant les problèmes sociaux (contre la colère).

* Chaque jour, les médias passent un temps fou à nous tenir au courant des variations des derniers sondages concernant le score que feront les principaux candidats. C'est d'autant plus inutile et saoûlant qu'on sait très bien ce que valent ces sondages.

* Plus rien à espérer, j'en ai bien peur, du côté de la gauche anti-libérale, incapable de proposer un candidat unique, chacun préférant engranger ses 2% dans son coin. Lamentable.

* Bayrou profite de l'agacement légitime suscité par les deux crétins médiatiques. La perspective d'envoyer se faire f... les deux produits préfabriqués dont on nous répète depuis des mois qu'ils sont notre avenir doit en tenter beaucoup et on les comprend. Je songe de plus en plus sérieusement à voter pour lui au second tour, y compris s'il se trouvait face à Ségolène Royal. Celle-ci défend désormais un programme un peu plus à gauche, mais on sait d'avance ce que ça donnera une fois le PS au pouvoir. Quoique grotesquement surnommé Battling François, Bayrou présente l'avantage d'être un type qui semble équilibré et raisonnable, loin de l'hystérie démagogique et de l'opportunisme malsain des deux favoris. Je ne partage pas ses idées mais je préfère voir un type comme lui à l'Elysée (quitte à l'obliger ensuite à gouverner avec une majorité plus à gauche) que des individus plus que douteux comme Sarkozy et Royal. Bayrou semble sincèrement républicain, fiable, intègre. Je peux me tromper sur lui, mais je sais que je ne me trompe pas sur les deux autres, alors je préfère limiter les risques. Et surtout, parmi les candidats susceptibles d'accéder au second tour, c'est le seul qui ait une approche républicaine de l'école. Sans se faire trop d'illusions, on peut se dire que si quelqu'un, parmi les trois favoris actuels, peut mener enfin une politique scolaire correcte, c'est incontestablement lui. Il y a une chance sur 100 pour qu'il le fasse. Mais il n'y a aucune chance avec Sarkozy ou Ségolène. Vote corporatiste donc, si l'on veut. Mais je maintiens que l'avenir d'un pays est dans l'éducation de ses nouvelles générations; Et je pense qu'un Bayrou de centre-droit qui sauve l'école aujourd'hui, c'est, dans l'état actuel des choses, la seule option qui laisse une chance à la France d'avoir dans vingt ans des citoyens à la foix moraux et critiques, capables de construire une société meilleure sans tomber dans les filets des démagogues.

Cela dit, même si cela ne change rien aux considérations "stratégiques" ci-dessous, il ne faut évidemment pas oublier que Bayrou n'est jamais que la réponse apportée par le système lui-même pour marginaliser plus encore les candidatures altermondialistes.

Toujours pour relativiser, cette phrase, trouvée sur le net : "Mais ne nous y trompons pas, François Bayrou est au changement ce que la mongolfière est à l’exploration spatiale."

***

Didier Porte à Gilles de Robien : belle douche écossaise.

- Parlons de votre bilan en tant que ministre de l'Education nationale. Il va falloir rendre des comptes. Vous avez entendu Steevy ? Et vous êtes content de vous ? Y a pas de quoi pavoiser, hein ? Faire en sorte que les écoliers sachent lire et écrire à leur entrée en sixième, c'est bien : à leur entrée à la télé ça serait pas mal non plus ... Je vois bien à votre sourire, M. de Robien, que vous partagez mon point de vue. Steevy à l'UMP, c'est ridicule, hein ? Alors qu'Elodie Gossuin au Conseil Régional de Picardie, ça, ça en impose ! (...) Le collège Saint-Jean de Béthune de Versailles (où Gilles de Robien a été surveillant), ça doit être un sacré nid à gauchistes, hein ? M'est avis qu'y en avait pas beaucoup qui y étaient passés, parmi les 4350 lycéens et étudiants anti-CEP raflés par les flics avec votre bénédiction au printemps dernier, et dont 1985 ont été placés en garde à vue, 637 ont subi une procédure judiciaire, 271 en comparution immédiate et 71 collés au gnouf avec les dealers et les bandits, pendant que les vrais casseurs, eux, courent toujours. Je le rappelle, M. de Robien, parce que vous êtes un homme très sympathique, avec beaucoup de douceur dans le regard, et que dans la période que nous vivons en ce moment, il n'est pas inutile de rappeler qu'en politique il vaut mieux éviter de se fier aux apparences.

Il évoque ensuite à nouveau sa soirée au restaurant à la table voisine de Bayrou :

- Et ils ont parlé de vous ! C'était vendredi soir, vers 23h, vous devez vous en souvenir : c'est pas des sifflements qui ont dû vous vriller les conduits auditifs, c'est carrément la bande-son du Pont de la rivière Kwaï.

- Et si un jour vous retrouvez votre portefeuille de l'Education nationale, évitez d'envoyer les flics à l'école, ou alors pour réviser.


29 mars : CA CRAINT DE TOUTES PARTS

Sur sa page d'accueil, Google propose une sélection de titres de la presse du jour, intitulée "A la une". Parfois, le titre étant trop long, on n'en voit que les premiers mots. C'est ainsi qu'à l'heure où j'écris ceci on peut y lire : "La police espagnole craint". Je me souviens être tombé ces derniers mots sur d'autres titres du même genre, comme "Nicolas Sarkozy craint", "Le gouvernement français craint" ou encore "La candidate socialiste craint". Ca prouve en tous cas qu'à l'heure actuelle il y a beaucoup de gens qui craignent.

François Bayrou craint aussi d'ailleurs, à mon avis. Je n'en peux déjà plus de le voir starifié et de voir des tas de "people" se rallier à lui. Certes, ça rappelle nettement moins les belles heures de Paris sous l'Occupation que tous les ralliements visqueux à Sarkozy ces dernières années, mais quand même. Je maintiens tout de même mon intention de voter pour ce type au 2° tour s'il est opposé à un autre candidat de droite (Sarkozy, Pen ou Royal), mais je tiens à souligner que c'est uniquement en tant que moindre mal et que je ne me fais aucune illusion sur le programme de ce personnage. On le désigne partout comme "le candidat centriste" : rappelons tout de même que "centriste" n'a jamais signifié "entre la gauche et la droite", surtout aujourd'hui que le PS est de droite ! Les centristes sont des gens de droite, parfaitement libéraux, il serait dangereux de l'oublier. Simplement un homme politique de droite qui a des convictions me semble préférable à des ordures populistes qui n'ont que des ambitions personnelles.

***

Passionnant, le récit par Michel Onfray de sa rencontre avec Sarkozy :

http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com:80/


20 avril 2007

Une des perspectives les plus effrayantes pour le second tour est celle d'un duel Le Pen-Sarkozy, faf contre faf. Possibilité réelle ou manipulation médiatique pour inciter à voter "utile" (comprenez "Ségolène") dès le premier tour ? Un des arguments souvent entendus est que beaucoup de sondés, n'osant pas avouer qu'ils comptent voter Le Pen, prétendent vouloir voter Bayrou, ce qui gonfle artificiellement les résultats de celui-ci. Ca se tient ... Même si je ne suis pas certain que beaucoup de ces connards rechignent réellement à avouer qu'ils vont voter Le Pen ... Même si on pourrait se dire que, tant qu'à dissimuler leurs intentions, pourquoi ne pas répondre Sarkozy ou Ségolène histoire de brouiller encore plus les pistes ?...Toujours est-il que rien n'est joué. A part le fait que les candidats à la gauche du PS font tous des scores misérables, ce qui est à désespérer. Mais après tout, si tellement de gens trouvent ce système formidable, grand bien leur fasse !


14 avril : NOUVELLES DU FRONT

Sarkozy a récemment déclaré qu'il inclinait à penser que la pédophilie est une chose innée, ainsi que la tendance au suicide chez les jeunes. Outre l'inquiétante dérive eugéniste que cela suggère, on notera que le second point est bien pratique car il évite d'avoir à chercher les véritables causes de ces suicides. Ajoutons à cela les rapprochements plus qu'explicites de ces derniers jours entre Sarkozy et Le Pen.

Bayrou a caractérisé les deux "favoris" par cette formule : "Chacun porte une inquiétude : Sarkozy parce qu'on sait où il va, Royal parce qu'on ne le sait pas."


15 avril

Rocard et Kouchner appellent à une alliance PS-UDF de toute urgence. A une semaine du premier tour, il est un peu tard, les gars : il aurait peut-être mieux valu construire un programme et choisir un candidat valable durant les cinq dernières années, vous croyez pas ? Cela dit, Rocard et Kouchner, ça les arrangerait bien, de pousser le PS encore plus à droite, faut les comprendre (et puis en cas de victoire de Bayrou, ils préparent visiblement le cirage). Mais stratégiquement, ça ne vaut rien. Pour les gens de gauche qui, comme moi, sont tentés de choisir Bayrou, ce n'est absolument pas par désir d'une politique encore plus à droite que celle du PS. Regagner la confiance de ces électeurs-là passerait pas un programme PS réellement à gauche et une Ségolène remplacée ou du moins neutralisée dans ses tentations démagogiques. Mais certainement pas par un alignement sur l'UDF ! Rien à battre, du programme de l'UDF !

Cela dit, Ségolène ignore superbement ces deux guignols et clame partout qu'elle est confiante et certaine de remporter le second tour ! Carrément, oui. Y en a qui ne doutent de rien. Méthode Coué. Comme ça, sans rien faire de spécial, sans arrêter d'être con : suffit de décider qu'on va gagner, et hop ! ... Sarkozy est plus dangereux : il est tout aussi décidé à gagner, mais lui il fait tout ce qu'il faut pour ça.

La grande déclaration du jour vient de Bayrou qui déclare être "en pleine forme". Voilà, ça nous rappelle un peu Jack Lang promettant de "rester lui-même" s'il devenait président. Il faut vraiment que les autres soient épouvantables pour que j'en sois réduit à envisager de voter pour ce type ...


20 avril : ULTIMES CONSIDERATIONS PRE-ELECTORALES

Dire que les perspectives ne sont décidément pas brillantes serait un doux euphémisme. Compte tenu de l'incapacité de la véritable gauche à proposer un candidat unique, nous en sommes donc réduits à :

- éviter la situation répugnante d'un second tour Sarkozy-Le Pen

- ceci évité, à se demander lequel des deux autres a le plus de chances de battre Sarkozy.

Faisant cela, nous tombons évidemment dans le piège tendu par les grands partis. Mais comme la masse des électeurs semble plus stupide que jamais et ne semble même pas avoir l'idée qu'une autre conception de la politique est possible, il ne reste plus qu'à limiter les dégâts.

Cela dit, moi ce que j'en dis ...

"A gauche, à droite, au centre ou alors à l'écart,

Je ne puis t'indiquer où tu dois aller , car

Moi le fil d'Ariane me fait un peu peur

Et je ne m'en sers plus que pour couper le beurre." (Brassens)


22 avril : DEVOIR ACCOMPLI (?)

Je peux dire que j'ai hésité quasiment jusqu'à la dernière minute, ne sachant même pas si j'allais me déplacer pour le premier tour, sentant à quel point ma voix serait peu utile de toute façon, et aucun candidat en position de franchir l'étape ne m'enthousiasmant. Quant à empêcher un second tour Sarkozy-Le Pen, encore faudrait-il savoir lequel des deux autres porter en avant. De Royal ou de Bayrou, difficile de dire lequel a le plus de chance d'être présent au second tour (a priori Royal) et lequel aurait le plus de chance de l'emporter ensuite face à Sarkozy (a priori Bayrou). Bref, dans le doute, je me suis résigné à n'influer en aucune façon sur le choix de la majorité déconnante, et à laisser à mes concitoyens le soin de choisir le challenger : cela m'évite de tirer du mauvais côté et cela m'épargne en outre le dégoût de voter contre mes opinions (le second tour suffira, du moins si les choses se passent au moins pire). Libéré de tout souci de stratégie électorale, je me suis donc permis de voter pour la candidate qui m'est la plus sympathique, Marie-Georges Buffet, histoire d'accroître ses chances d'obtenir au moins le remboursement de ses frais de campagne.


22 avril au soir : ALEA JACTA EST

Bon, et bien voilà, pas de grande surprise, ni bonne ni mauvaise, on a le duel attendu. Le score en baisse de Le Pen est un élément rassurant, même s'il faut bien se dire que c'est en grande partie parce que Sarkozy a largement chassé sur ses terres.

Bon gré mal gré, il va donc bien falloir voter pour cette andouille de Royal, mais quand on a voté Chirac en 2002, on est vacciné. Mais ce qui est inquiétant c'est qu'elle a, j'en ai peur, très peu de chances de battre Sarkozy. J'attends d'avoir les résultats des petits candidats de gauche, mais quand même, je n'y crois guère.

Il faut absolument qu'elle gagne, mais quelle pitoyable dinde ! Dans le débat télévisé, l'autre va la massacrer, c'est évident.

"Ensemble nous allons conjurer les mauvais démons de la déprime et du déclin", vient-elle de déclarer avant un énième rictus figé. Son public l'acclame et elle reste coincée à mort. Tout ça ressemble à une mauvaise farce. Suite à cette intervention lamentable dans la forme, François Hollande rame pour essayer de justifier ce discours crispé par la gravité du moment. A côté de lui, Jack Lang se passe la main dans le col en se disant qu'ensuite ça va être à lui de prendre les avirons.


25 avril

Etant donné le score de Bayrou, voici Ségolène obligée de le draguer pour tenter de récupérer une partie de ses voix. Et là ça ne m'amuse plus du tout. On pouvait dans une certaine mesure se réjouir d'un Bayrou élu président, mais permettant de mettre au rebut l'erreur de casting du PS et obligé de déporter sa politique à gauche (pour remporter le second tour, et peut-être aussi suite à une victoire de la gauche aux législatives). Mais finalement, si l'on veut éviter Sarkozy, non seulement il va falloir voter pour l'autre sotte, mais en plus la voici prête à évoluer vers le centre (vu d'où elle part, ça risque de frôler les pompes de Sarkozy, quand même, tout ça ... mais bon, ce n'est pas le moment de dire de pareilles choses : mieux vaut ça que Sarkozy, indéniablement).


6 mai : EVOCATION DE DEUX CATEGORIES DE CRETINS MALFAISANTS

Commençons par les ultra-libéraux (dont nous devrions avoir encore plus loisir de parler dans les années à venir). J'avais entendu dire que Philippe Meyer soutenait Bayrou au premier tour, mais j'ignorais s'il s'agissait de raisons stratégiques (éviter Sarkozy) ou d'une réelle orientation à droite. J'ai voulu écouter son émission L'Esprit public ce matin pour peut-être en avoir une idée, mais il avait évidemment choisi de ne pas parler des élections et d'aborder un thème différent : l'avenir des jeunes. Cela dit, sans vouloir rien en déduire quant aux opinions de Philippe Meyer (mais bon...), c'était une sorte de réunion néolibérale où tous les invités étaient à peu près d'accord pour défendre le credo suivant : la France a voulu régler le problème du chômage par le partage du travail (retraite à 60 ans, 35h,... chacun travaillant un peu moins pour partager le travail disponible), mais ça ne marche pas (constat indéniable) car seule une dynamique de croissance peut créer de l'emploi (chacun travaillant plus, on favorise la croissance et cela crée de l'emploi pour d'autres). Tout ceci est martelé comme une évidence durant toute l'émission.

Beau raisonnement. Je n'y ferai que deux objections :

- s'il est vrai que la croissance peut a priori favoriser l'emploi dans une certaine mesure, ces braves gens oublient une fois de plus de se demander si la croissance est un bien en soi, si la création perpétuelle de besoins nouveaux, tout en favorisant l'emploi, ne "favorise" pas également l'asservissement de l'être humain (ça, encore, c'est pas bien grave, il l'est déjà, asservi) et la destruction de la planète. Les méfaits de la croissance : sujet TOTALEMENT laissé de côté. On pourrait en outre se demander qui récolterait en priorité les plus beaux fruits de la croissance, surtout en faisant bosser tout le monde plus et plus longtemps, mais ne faisons pas de mauvais esprit.

- constater que la solution choisie (le partage du "gâteau", si tant est que le travail puisse être comparé à un truc appétissant, mais retenons simplement l'idée d'un truc qui se partage) n'a pas donné les résultats escomptés n'implique pas qu'elle est mauvaise : le raisonnement n'a l'apparence logique que si l'on omet de tenir compte de tous les paramètres (de même qu'on a beau jeu d'affirmer que telle pilule amaigrissante est inefficace si, tout en la prenant, on continue à s'empiffrer quotidiennement). Quelles sont les paramètres ici ? D'abord, comme nous l'avons dit dans le premier point, la croissance n'est peut-être pas aussi souhaitable qu'elle en a l'air, en tous cas pas une croissance à tout prix et par n'importe quels moyens (renvoyons simplement ici à la notion de développement durable). Mais surtout, on oublie ici de dire que le partage ne marche pas parce que l'élite sociale n'a aucune envie que ça marche : le partage (du travail, j'entends ! je ne parle même pas de celui des richesses, faut pas déconner !) n'est pas une chose qui les intéresse, voilà tout, parce qu'il implique à la fois la limitation de leurs bénéfices (payer plus de gens sans produire pour autant davantage de richesses) et une contribution par l'impôt à l'équilibre social (contribution qui est non seulement mal perçue mais désormais "évitée" par l'élite économique). Bref, je ne suis pas certain que le remède du partage du travail ne fonctionne pas en soi : c'est juste que certains refusent de jouer le jeu et d'arrêter de s'empiffrer.

***

Passons à présent à une partie de l'extrême-gauche, qui se refuse "dignement" à ne pas voter Royal, sous prétexte qu'en gros c'est la même politique libérale de m... que celle de Sarkozy. Et c'est vrai. Tout est dans le "en gros". Je ne vais pas m'attarder une fois de plus sur les dérives politiques et les trahisons du PS, simplement m'intéresser un moment à ce comportement qui consiste à refuser de voter pour le moins pire : c'est oublier ici que "si tu ne t'occupes pas de politique, la politique s'occupera de toi", au nom d'un autre principe qui est que la véritable politique ne se fait pas par des élections mais dans la rue. Et c'est très juste. Seulement, lorsque le droit de grève aura été réduit quasiment à néant et les pouvoirs répressifs de la police renforcés, je souhaite bon courage aux esprits bucoliques qui voudront faire de la politique de plein air. En fait de plein air, attendons-nous plutôt à des "miasmes morbides". Pour cette raison, que je ne developpe pas davantage tant elle est évidente, je suis allé voter Royal, malgré tout le mal que j'en pense. Je ne crois guère à ses chances de victoire, mais j'aurai fait ce que je pouvais. Nous verrons bien, mais revenons au choix de l'abstention, car c'est cela qui m'intéresse ici.

Il peut paraître difficile pour quelqu'un qui se réclame comme moi de l'idéal libertaire d'affimer que les anars sont des crétins irresponsables. Mais en fait non, ça m'est très facile et je crois même que je l'ai toujours un peu pensé. Ce qui fait que l'anarchisme, idéal politique formidable, est irréalisable, c'est la nature humaine, l'incapacité pour la plupart des individus (et là je suis optimiste et généreux pour l'hypothètique minorité qui reste) sont incapables de vivre ensemble de façon apaisée et respectueuse s'il n'existe pas un Etat et des lois pour les y contraindre un tant soit peu. C'est triste, ça entraîne d'autres dérives parce que le pouvoir de l'Etat, c'est toujours un pouvoir, avec tous les dangers que cela suppose, mais dans un système démocratique, c'est viable. Et on peut même espérer qu'un véritable système démocratique, avec un véritable système éducatif (mais là je radote) pourrait conduire les individus à être de plus en plus capables de se passer de l'Etat. Voilà dans quelle vague mesure je reste fidèle à un idéal libertaire, et on peut estimer que ça ne suffit pas pour mériter l'étiquette. Toujours est-il que les anars purs et durs avec leur logique abstentionniste, tiennent dramatiquement peu compte de la réalité de la nature humaine, et que ça les conduit, au nom de beaux principes, à dire pas mal d'énormités.

Mais restons en uniquement à ce problème de l'élection présidentielle. Déjà depuis 2002, des types font les malins en disant : "on a été cons d'aller se salir les mains pour élire Chirac, de toute façon il aurait été élu sans nos voix, et en plus il a passé cinq ans à justifier sa politique pourrie par les 80% qui l'avaient conduit là." Sur le premier point, même si c'est aujourd'hui, évident, qu'en savions-nous à l'époque ? Il est facile de rejouer l'histoire après coup et d'assurer que Le Pen n'avait aucune chance de gagner. Quant à ne pas vouloir qu'un candidat puisse ensuite fonder une politique contestable sur une majorité incontestable de voix, argument qui est repris aujourd'hui au sujet du vote Royal, il me semble que c'est à NOUS, électeurs, de continuer à nous faire entendre après les élections. Si la presse a largement oublié de rappeler à Chirac d'où il sortait ses 80% et quel score minable son programme avait fait au premier tour, c'était à NOUS de le lui rappeler, beaucoup plus souvent et beaucoup plus vivement que nous ne l'avons fait. Ce serait la même chose pour Royal : elle sait très bien quel score elle a fait au premier tour, et ce serait (foutu conditionnel !) à NOUS de faire en sorte qu'elle ne l'oublie pas, en combattant sa politique dans la rue si elle le mérite. Quand vous portez un type au pouvoir uniquement pour en éviter un pire, vous êtes en droit de lui rappeler qu'il représente non plus son programme mais une union sacrée contre ce "pire". Mais si c'est le pire qui est massivement porté au pouvoir, que voulez-vous faire ? Vous pourrez toujours manifester mais on aura beau jeu (en plus de vous matraquer copieusement) de vous dire que "la France a choisi".

Il y a un étrange paradoxe chez ces gens qui dénient toute valeur aux élections, et qui en même temps leur accordent une valeur tellement forte qu'ils s'estimeraient empêchés, en votant pour X pour faire barrage à Y, de contester ensuite la politique menée par X une fois élu. Les élections ne sont QUE des élections et elles permettent ici de choisir de cautionner totalement ou non l'évolution ultralibérale. Après les élections, la parole, le débat, la contestation si nécessaire doivent continuer (s'ils le peuvent encore). Donc voter Royal n'oblige pas à fermer ensuite sa gueule pendant cinq ans si on n'est pas satisfait par son action. Je ne suis pas certain qu'on puisse en dire autant si Sarkozy passe ...

***

Enfin, bon, il faut positiver !

Pour une dernière journée avant Sarkozy, celle-ci est agréablement ensoleillée.

Il faut enfin se dire que, même si on va morfler, il y en a certainement dans le pays qui vont morfler encore bien plus durant les années à venir et qui seront encore plus à plaindre. Et comme en plus une bonne moitié (calcul évident puisqu'à peine une centaine d'individus peut raisonnable espérer tirer profit du régime sarkozyste), comme une bonne moitié de tous les pauvres diables qui vont en prendre plein la gueule auront eux-mêmes voté Sarkozy, ils n'en seront que plus pitoyables.


AN 01 DE L'ERE SARKOZYENNE

BIENVENUE DANS UN MONDE MEILLEUR !

DES VOMIT-BAGS SONT A VOTRE DISPOSITION SOUS LES SIEGES

Un message du Ministère de l'Information et de l'Assainissement des Moeurs


6 mai 01

Comme souvent, Google coupe les titres de presse avant la fin, et là, je n'invente rien, je lis :

Nicolas Sarkozy : "Je vais rendre (...)

Moi aussi.


7 mai

Après cinq années de gouvernement UMP, les Français n'ont pas la moindre excuse. Inutile désormais de reprocher au PS de ne pas être assez à gauche, puisque la majorité dit clairement qu'elle ne veut pas d'une politique de gauche, aussi allégée soit-elle.

Ou plus clairement sans doute, la majorité vient de confirmer qu'elle ne reconnaît plus sa droite de sa gauche, idem pour ses hémisphères cérébraux, et qu'après des décennies de TF1 et d'école pédagogiste, la politique n'est plus qu'un spectacle dans lequel la réflexion ne joue plus aucun rôle.

Cependant, lorsque cette masse de cons aura enfin compris qu'il n'y avait rien de mieux à attendre de Sarkozy que de la majorité UMP qu'il représente et qui nous gouvernait depuis cinq ans déjà, peut-être pourra-t-on espérer une refondation de la gauche. Le côté positif de l'affaire, c'est qu'on échappe à Ségolène et que le PS va peut-être se reconcentrer un peu sur le contenu.

Pourquoi ne pas envisager la création d'un grand parti centriste regroupant les UDF non-ralliés à Sarkozy (derrière Bayrou donc) et la branche droite du PS (derrière qui elle veut), tandis que la gauche du PS pourrait enfin redevenir réellement socialiste. Au moins les choses seraient claires, avec une vraie gauche, un vrai centre-droit, et une vraie droite. Après, ce qu'en fera la majorité de buses qui vient d'élire Sarkozy, c'est un autre problème, l'avenir nous le dira.

***

Le temps ne fait décidément rien à l'affaire. Il semble que toutes les classes d'âge aient voté majoritairement Royal, excepté les retraités, qui font tout basculer : 60% des sexagénaires, près de 70% au-delà. En gros, des gens qui ont fini de bosser, qui n'en ont rien à foutre que les suivants en bavent, que leurs enfants et petits-enfants vivent dans une société de merde et sur une planète en péril. Ca ne donne pas envie de vieillir ! Je m'abstiendrai de tout commentaire haineux concernant des gens pour qui le meilleur de la vie est derrière eux et qui, dans leur angoisse et leur aigreur ne trouvent même pas refuge dans la générosité altruiste envers les suivants. La vieillesse est un naufrage, on le sait bien, mais ça fait tout de même ch... d'en prendre pour cinq ans parce que nos "anciens" sont devenus majoritairement des égoïstes irresponsables.

Moi qui ai déjà l'impression d'avoir pris un coup de vieux en me résignant à voter pour un candidat aussi rock n'roll que François Bayrou au 2° tour (ce dont le sort m'a préservé, je ne sais si je dois dire "heureusement") ! Si je suis voué à évoluer plus encore dans cette direction, voilà une raison de plus pour souhaiter que l'euthanasie soit légalisée en France avant le jour où j'en aurai besoin.

PS : Emmanuel Berl, qui avait combattu durant la Grande Guerre, déclarait que ce qui l'avait le plus choqué lorsqu'il rentrait en permission, ce n'était pas tant la débauche parfois dénoncée que les vieux qui disaient "nous irons jusqu'au bout !", prêts à sacrifier les générations suivantes. Comme quoi ... Ca doit être des cycles ...

***

En revanche, je ne saisis pas trop la démarche qui consiste à organiser depuis hier soir des manifs anti-Sarkozy. Certes, cela donne lieu à une répression policière typiquement sarkozienne, mais bon, à quoi ça rime ces manifs, là, dans l'immédiat ? Il y a eu une élection, avec une participation massive et un résultat très net, donc à moins d'avoir éventuellement des soupçons à peu près fondés de fraude électorale massive (façon élection de Bush), il n'y a qu'à s'incliner devant le verdict et préparer la suite, tant au niveau des législatives que des mouvements de contestation portant sur les réformes à venir.

De plus, la plupart de ces manifestants n'ont pas voté au second tour. "Les socialistes sont aussi des connards", déclare l'un d'entre eux au Monde : cela témoigne d'un excellent sens de l'observation, mais il fallait combattre lesdits connards une fois élus, et non laisser Sarkozy s'installer en choisissant l'abstention. Enfin je crois ...


10 mai 2007 : LÂCHEURS

Il y a quelques années, quand je disais que Claude Allègre n'avait rien d'un homme de gauche mais que c'était plutôt une sorte de pourriture poujadiste, on me disait que j'exagérais. Aujourd'hui, après avoir flingué le système éducatif français, en tant que conseiller de Jospin pour la loi d'orientation de 89, puis en tant que ministre de l'Education, il rejoint tout naturellement la niche sarkozienne et il s'en trouve encore pour être surpris par cette "trahison". Ce n'est pas Allègre qui a trahi, mais le PS, en lui donnant les moyens de faire le sale boulot que la droite n'aurait jamais osé faire elle-même quand elle était au pouvoir. "N'aurait jamais osé faire" autrefois, bien sûr, car désormais, elle peut tout se permettre, dans l'état où sont les institutions, la gauche, les syndicats, et les mentalités en général.

***

En début de semaine, Sarkozy annonçait qu'il ouvrirait son gouvernement au centre et à la gauche. Parmi les "personnalités de gauche" pressenties, les médias évoquent Nicole Notat.

On est prié de ne pas rire.

***

Devinette : qui donc vient de publier ceci dans Le Monde ?

"On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et se comporter comme Silvio Berlusconi. On ne peut pas en appeler à Michelet, à Péguy, à Malraux et barboter dans le mauvais goût d'une quelconque célébrité de la jet-set ou du show-biz. On ne peut pas prononcer des odes à l'Etat impartial et inaugurer son mandat en acceptant les très dispendieuses faveurs d'un magnat des affaires. Contrairement à ce qu'il avait annoncé sur un ton grave, Nicolas Sarkozy ne s'est pas retiré du monde pour habiter la fonction présidentielle : entre Fouquet's, Falcon et palace flottant, il a oublié qu'il venait d'être élu président de la République. Il avait peut-être ses raisons que la raison ignore. Espérons cependant qu'il s'en souviendra, une fois de retour sur le plancher des vaches, et qu'il saura, comme il l'avait promis dans des discours de très haute tenue, incarner la France. Pendant trois jours, il nous a fait honte."

Eh oui, c'est Finkielkraut, quatre jours après les élections, qui se réveille douloureusement et qui réalise qu'il a apporté sa caution intellectuelle et morale (en plus de celle de Steevy et de Doc Gynéco, donc) à un arriviste cynique. Franchement, il est d'une naïveté désarmante parce que personne en France, à droite comme à gauche, n'a jamais entendu sans rire Sarkozy se réclamer de Michelet, Péguy, Malraux ou même De Gaulle. Vous lui balanceriez Marc Dutroux faisant un "discours de très haute tenue" écrit par n'importe quel bon communiquant, et hop ! Finkielkraut vous en fait un saint en oubliant totalement à qui il a affaire.

Autre devinette : lequel vaut mieux pour diriger la France, de Sarkozy ou d'un parrain de la Maffia ?

A mon avis, le second, car, déjà enrichi par ses activités criminelles, il a une chance d'avoir une vague envie de rédemption en accédant à une responsabilité politique et il pourrait bien faire son boulot de président avec le souci de ce qu'il estimerait le bien commun. Sarkozy n'est pas en quête de rédemption : il est sur la voie du triomphe et du pillage et il va s'en donner à coeur joie. Il aurait tort de se priver, plebiscité qu'il est par 53% de cons (moins Finkielkraut, donc).

En tous cas, Finkielkraut semble très remonté depuis cette déception. Sa dernière émission a pris un peu de recul par rapport à l'actualité, mais son émission du 19 mai aura pour thème : "Qu'est-ce qu'une églogue ?". Putain, ça va chauffer !!!


27 mai : SERVICE MINIMUM

Ségolène Royal met en garde les Français contre les mensonges du nouveau président et l'illusion de ces premières semaines. Parmi les fausses promesses, elle dénonce celle du service minimum, dont Sarkozy semble se rendre compte qu'il ne peut mettre en place une telle réforme aussi rapidement qu'il l'avait annoncé.

En réalité, tout se passe en douceur mais pour le mieux puisque la plupart des dirigeants syndicaux semblent enchantés qu'on les consulte avant de mettre ça en place. Cela se fera et ce sera, pour certaines catégories, la fin du droit de grève car personne (et certainement pas cette droite-là) ne daigne plus négocier avec vous lorsque vos grèves ne dérangent personne. La plupart des catégories socio-professionnelles le savent et l'expérimentent déjà par nature. C'est bien pourquoi les dernières catégories encore capables d'avoir des moyens d'action (SNCF, EDF,...) ont souvent été les fers de lance des mouvements sociaux, parfois même ceux qui pouvaient agir au nom des autres. Et c'est bien pour cela qu'il importe de les rendre inoffensifs en instaurant le service minimum, ce qui sera d'autant plus facile que la plupart des cons jalousent le pouvoir que donne la grève a ces catégories et les perçoit comme de perpétuels fainéants au lieu de voir qu'ils constituent potentiellement un bouclier social pour de nombreuses autres catégories. Bref, le service minimum passera bel et bien, les syndicats semblent en tous cas prêts à entériner la réforme et à enterrer l'efficacité du droit de grève.

Une question pour finir : la soi-disant représentante de l'opposition de gauche ne devrait-elle pas expliquer les dangers d'une telle réforme au lieu d'ironiser sur le fait qu'elle n'est pas mise en place aussi vite que prévu ?

La gauche semble morte. Grâce au pouvoir des médias qu'elle contrôle, l'idéologie ultralibérale triomphe alors que toute pensée de droite semblait totalement et à jamais dépassée il y a trente ans. Cette contre-révolution a été facilitée également par le fait que la gauche politique a largement abandonné ses idéaux : comment la gauche pourrait-elle survivre si elle se contente d'être une version allégée de l'idéologie à laquelle elle est supposée proposer une véritable alternative ?

Devant l'impuissance idéologique d'une gauche engluée dans ses propres renoncements, devant la toute-puissance de TF1, l'ultralibéralisme a d'ores et déjà gagné la partie, même si son discours regorge d'aberrations logiques et morales : plus personne ne se soucie de voir, ni d'indiquer toutes ces aberrations, qui sont devenues des vérités, à force de répétition, pour au moins 53% des français ; mais le chiffre est à mon avis très optimiste car les fervents électeurs de Bayrou ou Royal n'échappent qu'en faible partie à l'emprise de cette idéologie. Quant à la gauche antilibérale, elle n'est pas non plus à l'abri des aberrations, du dogmatisme, des contradictions, ... loin s'en faut !

Hormis peut-être la prise de contrôle durable des grandes chaînes de télé, comme dans tel roman de Norman Spinrad (En Direct) ou d'Herbert Quain, par un groupe d'individus déterminés et idéologiquement bien armés qui se chargeraient de démonter point par point le discours dominant (et encore, les gens sont tellement cons qu'ils zapperaient directement sur Les Chiffres et les Lettres), je ne vois guère d'espoir de modifier cette évolution. En ce qui me concerne, dans la mesure de mes faibles moyens et dans les limites du temps que je pourrai y consacrer, je tenterai ici, goutte d'eau dans l'océan, tonneau des Danaïdes, rocher de Sysiphe, de dénoncer ponctuellement ce que je crois être des aberrations logiques et/ou morales : dans ce blog, dans la "mieux que jamais bien-nommée" section Kit de Survie et dans ma relecture de la Logique de Port-Royal.

Dérisoire, effectivement.


30 mai : REFORMES DU SYSTEME DE SANTE

Plusieurs ouvrages présentées dans La Suite dans les idées du 29 mai viennent de nouveau le confirmer : le fameux trou de la Sécu dont politiques et medias nous rebattent les oreilles depuis des décennies n'est qu'un mythe. Ce n'est pas la Sécu qui fonctionne mal, ce sont les gouvernements successifs qui utilisent depuis bien longtemps les comptes de la Sécu comme variable d'ajustement de leur budget et qui augmentent ce trou par eux-mêmes creusé en accumulant les exonérations et allègements de charge.

L'Etat a donc créé lui-même une situation de crise, dont il fait porter la responsabilité aux citoyens afin de les culpabiliser ("vous détruisez le système de santé par vos abus"), de les "responsabiliser" (= les habituer à payer de plus en plus), voire préparer les esprits à une privatisation du système selon le bon vieux principe néolibéral : qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

Plus de détails dans la section bibliographie.

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Trouvé sur le net :

Monsieur, Madame,

Il y a un mois, j'ai changé ma version Chirac 2.0 par la version Sarkozy 1.0 et j'ai noté que le programme a lancé une application inattendue appelée MVAVEC (Maintenant_Vous_Allez_Vraiment_en_Chier) 1.0 qui a considérablement réduit les performances de mon processeur. Dans la notice, cette application n'était pourtant pas mentionnée. De plus, Sarkozy 1.0 s'installe dans tous les autres programmes et se lance automatiquement lors du lancement de n'importe quelle application, parasitant l'exécution de celles-ci.

Des applications telles que LDE (liberté-d-expression) 8.9 ou VE (vivre-ensemble) 3.2 ne fonctionnent plus. De plus, des programmes occultes (virus?) nommés Folie_Furieuse 11.5, Démagogie 7.0 et Autoritarisme 9.5 se lancent de temps en temps et soit plantent le système, soit font que Sarkozy 1.0 se comporte de façon totalement inattendue. Je n'arrive pas à désinstaller ce programme ce qui est très embêtant, surtout quand j'essaye d'exécuter l'application JVL (Joie_de_Vivre_en_Liberté) 8.2. Par exemple, la commande : /service_public.exe ne fonctionne plus. D'autres utilisateurs de Sarkozy 1.0 m'ont fait part de l'existence d'applications telles que TTPC (t'as_tes_papiers_connard) 6.0 et AZCB (allez_zou_charter_bamako) version 3.4 liée à l'utilisation de Sarkozy 1.0 sur certains processeurs. J'envisage de revenir à la version Chirac 2.0, voire Mitterrand 2.0, que j'avais avant, mais cela à l'air très, très compliqué.

Que faire ?

Un utilisateur démoralisé.

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Réponse du Service Après Vente:

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Cher Monsieur,

Votre plainte est très fréquente chez les utilisateurs de Sarkozy 1.0, mais elle est due le plus souvent à une erreur de conception de base. Beaucoup d'utilisateurs passent de leur version Chirac 2.0 à Sarkozy 1.0 en pensant que Sarkozy 1.0 n'est qu'un programme d'utilitaires et de divertissement.

Cependant, Sarkozy 1.0 est bien plus que cela, il s'agit d'un SYSTÈME D'EXPLOITATION COMPLET conçu pour gérer TOUTES vos applications, même les plus personnelles. Il est entendu que le retour à Chirac 2.0 est impossible.

Deux options s'offrent à vous :

- Vous avez décider de conserver Sarkozy 1.0, et vous attendez 5 ans avant de changer pour un système d'exploitation plus performant. Pour ce qui concerne les programmes Démagogie 7.0 ou Autoritarisme 9.5, ce sont des programmes d'ancienne génération utilisés sous Berlin 34, Madrid 36 ou Vichy 40, qui aujourd'hui connaissent des problèmes de compatibilité eu Europe (mais pas aux États-Unis, Australie, Zimbabwe ou Birmanie).

- Des mises à jour de République_Française, bientôt téléchargeables, devraient permettre de résoudre le problème. Évitez cependant d'utiliser les touches 'Échap' et 'Suppr' sous Sarkozy 1.0 , car vous risquez de lancer des applications néfastes comme CDMDLG.EXE (coup_de_matraque_dans_la_gueule.exe) ou PFPB.EXE (prison_ferme_pour_broutille.exe). Il vous faudra de plus lancer manuellement la commande C:/allô-c-est-pour-dénoncer_mon_voisin.exe (très efficace dans certains pays anglo-saxons) ou manifestation_de_soutien_ump.exe pour rendre le système stable.

ATTENTION : Il va sans dire que les déceptions lors de l'utilisation de votre outil peuvent être nombreuses. Une autre solution est une restauration complète du système. Pour cela il vous faudra tout simplement télécharger le patch Je_ne_vote_pas_UMP_aux_législatives 1.1 pour récupérer l'ensemble des fonctionnalités de votre ordinateur et en augmenter les performances. Sarkozy 1.0 vous enverra des message d'alerte, mais votre système fonctionnera beaucoup mieux.

Cordialement, le SAV bureautique toujours à votre service.


18 juin : APRES LA VAGUE, QUELQUES MOLLUSQUES S'AGITENT SUR LE SABLE

La "vague bleue" annoncée n'a pas eu lieu et la droite se retrouve avec moins de sièges à l'Assemblée qu'elle n'en avait avant ces législatives. Plus que comme un revirement, je crois qu'il faut y voir simplement le fait que les électeurs UMP, sûrs du triomphe, se sont en bonne partie abstenu d'aller voter, tandis que se mobilisaient plus que jamais les électeurs espérant encore faire barrage au sarkozysme.

De toute façon, peu importe. L'UMP a sa majorité absolue. Ce résultat moins glorieux que prévu ne changera rien à la politique des cinq ans à venir. Il donne juste l'occasion au PS, qui commençait seulement - enfin ! - à se remettre un peu en question, d'en rester là et de s'auto-congratuler pour cette superbe remontée.

Le soir des résultats, la télé envoie ses reporters dans les Q.G. de chaque formation politique. Je suis plus que jamais frappé par l'aspect de la plupart des militants FN, qui suintent l'aigreur et la haine d'une manière particulièrement frappante. J'ai horreur des simplifications abusives, mais tout de même, on sent que suivre une bonne psychothérapie et/ou tirer enfin un coup dans la joie ferait le plus grand bien à la plupart de ces teigneux et teigneuses.

Au lendemain des résultats, les deux faits qui occupent le plus les médias sont :

- la déclaration faite aux journalistes par Alain Juppé, battu aux législatives et contraint à quitter son poste de ministre : "Vous aimeriez me voir crever, pas vrai ?". Complètement parano. Personne ne veut le voir crever. Pour qui il se prend ? On s'en cogne, de lui !

- l'annonce de la séparation du couple Hollande-Royal. Qu'est-ce qu'on en a à battre, franchement ? C'est ça, l'actualité politique ?


29 juin : SECRET SALOPE STORY

Le célèbre sarkozyste Patrick Devedjian fait parler de lui actuellement après la diffusion d'un reportage au cours duquel on l'entend traiter de "salope" sa rivale UDF Anne-Marie Comparini. Il se trouve néanmoins beaucoup de grandes âmes, dont Franz-Olivier Gisbert, pour prendre la défense du pauvre diable et crier au "lynchage médiatique". Le principal argument des Gisbert et autres, c'est, en substance, qu'il peut arriver à tout le monde de traiter une femme de salope. Voilà. Ca ne les choque pas d'écrire une conneries pareille, alors bon, ils l'écrivent. Cela dit, lorsqu'on est un pauvre type qui ne parvient pas à se retenir de traiter une femme de salope, même devant une caméra de télé qui tourne, est-il bien raisonnable de faire de la politique ?

***

A ce propos, quelques mots sur Alain Minc, autre sarkozyste convaincu, un des plus actifs propagateurs de l'ultralibéralisme en France, devenu depuis des années président du conseil de surveillance du quotidien français de référence (et supposé de gauche). Au sein de la tourmente actuelle, les journalistes du Monde essaient (enfin !) de s'en débarrasser. Le bougre crie au putsch.

***

TF1 a donc relancé le Loft sous une forme nouvelle, Secret Story. Une des candidates, Laly, est particulièrement agressive, grossière et désagréable. Son secret : elle est à la fois flic et strip-teaseuse. C'est-à-dire qu'elle incarne à elle seule les deux dimensions fondamentales du sarkozysme.


11 octobre : ADN-NSDAP

La plus récente et grossière provocation du régime Sarkozy est l'affaire des tests ADN. Je n'ai pas pour ambition de relever toutes les ignominies de ce gouvernement (une vie n'y suffirait pas), mais j'ai été frappé par les réactions négatives de deux individus, à savoir Fadela Amara, "ni pute ni soumise", mais ralliée à Sarkozy dans le cadre de l'ouverture (mais ni pute, ni soumise, quand même, puisqu'on vous le dit) et Enrico Macias, chanteur humanisto-niais lui aussi rallié, par "amitié" (Enrico est tellement affable qu'il serait ami avec une hyène ou avec un piranha si l'occasion lui en était donnée, mais passons).

Commençons avec Fadela Amara. Comme elle ne mâche pas ses mots, elle a publiquement déclaré à propos de cet aspect de la proposition de loi sur l'immigration : "C'est dégueulasse !".

L'emploi de ce terme a suscité de vives réactions de la part des députés UMP, qui lui ont fait savoir que de tels propos étaient insultants à leur égard et qu'elle devrait surveiller un peu la manière dont elle parle des choix (fussent-ils abjects) d'un gouvernement dont elle fait partie (eh oui, car c'est cela qui est drôle). Eh bien, ce matin, après avoir rencontré Sarkozy, Fadela Amara a déclaré en substance qu'il l'avait rassurée. Non, pas en lui certifiant que le truc dégueulasse qui la choque tant serait supprimé ! non, non ! Il l'a rassurée en lui disant qu'il n'était pas choqué par son vocabulaire et sa liberté de ton, et qu'elle avait le droit de continuer à dire "dégueulasse" si ça lui chantait. Et Fadela Amara de conclure, toute ragaillardie par ces bonnes paroles : "Donc, voilà, tout est réglé, on va pouvoir continuer à travailler ensemble !"

Si je saisis bien, Fadela Amara se fout au bout du compte que la loi "dégueulasse" passe ou non, du moment que sa liberté personnelle de dire que c'est dégueulasse est préservée. C'est la résistance de confort, quoi ! non seulement ça suffit à son bonheur, mais la voilà joyeusement repartie pour "travailler" aux côtés de types qui mettent en place des lois qu'elle juge "dégueulasses". Visiblement, cette contradiction ne choque pas grand monde. Toutes proportions gardées évidemment, que l'on imagine un officier allemand "humaniste", employé dans un camp de la mort contre ses valeurs, mais qui accepterait de faire le boulot en disant : "Je trouve ça dégueulasse, mais le Führer m'a personnellement assuré que j'avais tout à fait le droit d'exprimer cet avis, donc tout est pour le mieux." Et encore ! sous Hitler, on risquait sa propre peau alors que Fadela Amara ne risquait pas grand chose en démissionnant, si ce n'est de perdre ce qui semble pour elle l'essentiel : une tribune médiatique où exprimer ce qui lui passe par la tête, y fait trois petits tours et puis s'en va.

Passons au second schizophrène, Enrico Macias. Lui aussi a déclaré trouver cette affaire d'ADN choquante, précisant même que cela lui rappelait des heures sombres de notre Histoire. Cela dit, il déclare continuer à faire totalement confiance à son ami Sarkozy. Un journaliste lui demande s'il en a discuté avec le président ; Enrico répond que non, parce que la dernière fois qu'ils se sont vus il y avait le match de rugby alors ils n'ont pas eu le temps d'en parler (je n'invente rien, évidemment). Voilà. Là encore, mutatis mutandis, transposons, histoire de bien souligner l'aberration : imaginons Maurice Chevalier déclarant qu'il est choqué par l'extermination des Juifs, mais qu'il continue à faire confiance à Adolf Hitler qui est un homme charmant et très humain.

- Mais vous avez discuté avec le Führer de votre opposition à l'extermination des Juifs ?

- Ah ben non, pasque la dernière fois que je l'ai vu, on avait prévu de faire une belote, alors bon ...


2 novembre : DEPOLITICATION

Engagé lors des événements de 1848 (en tous cas fort ardent pour inciter les émeutiers à aller trucider le général Aupick, son beau-père), Baudelaire écrit plus tard, dans sa correspondance, que le coup d'Etat de 1851 l'a "dépolitiqué".

Cet écoeurement, ce sentiment qu'il n'y a plus rien à attendre dans ce domaine, beaucoup le ressentent depuis la victoire de Sarkozy. On dira, au choix, que les gens se "dépolitiquent" plus facilement à notre époque, ou que les coups d'Etat sont aujourd'hui plus discrets, les médias ayant remplacé les armes. Mais peut-être est-ce intellectuellement malhonnête de comparer cela à un coup d'Etat. Peut-être faut-il simplement constater que 53% des Français (au moins) sont d'absolus crétins. De quoi se dépolitiquer, de toute façon, et Baudelaire n'avait pas meilleure opinion de ses contemporains soumis à Napoléon III.


8 novembre : REPONSE ADAPTEE

Les étudiants se mobilisent contre l'autonomie des Universités. La ministre Pécresse propose de faire un geste en faveur du logement étudiant.

Gouvernement de marchands de tapis !


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