THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

RETRAITES et conflits sociaux

Cf. aussi POLITIQUE - PARTI SOCIALISTE

Ordre chronologique, de haut en bas.


21 janvier 2010 : SOCIAL-RETRAITRES

Fillon se dit prêt à trouver un accord avec le PS sur la prochaine réforme des retraites (en attendant la suivante). Il pense évidemment plutôt à Martine Aubry, qui s'est déclarée prête à envisager un nouvel allongement, de même que d'autres "socialistes" et "verts" (tout cela mérite beaucoup de guillemets) et contrairement à Montebourg qui a au moins eu le mérite de poser le problème essentiel : à quoi bon repousser encore l'âge de la retraite alors que "nous avons le taux le plus faible d'employabilité des plus de 55 ans en Europe" ?

En tous cas, on se demande surtout à quel titre le PS participerait à ces accords, si ce n'est pour mieux faire passer la pilule en faisant croire qu'il a obtenu de sauver ça et là quelques meubles. Que le gouvernement demande plutôt son avis à des gens concernés, aux électeurs, par référendum, en excluant les retraités qui n'ont majoritairement plus rien à battre de ceux qui suivent (comme ils l'ont montré déjà avec éclat aux dernières présidentielles) plutôt que de se "concerter" avec les premiers abrutis venus qui sont déjà de son avis. Cela dit, je suis peut-être optimiste en parlant de référendum : les électeurs sont capables de tout, comme nous savons.

***

Quelques jours plus tard, le site crypto-poujadiste Expressionpublique.com produit le sondage suivant : Selon vous, Martine Aubry a-t-elle raison ou tort de laisser entendre que le PS pourrait accepter le report de l’âge du départ à la retraite à 61 ou 62 ans, sous certaines conditions ?

* Raison : la gauche ne peut plus raisonnablement défendre la retraite à 60 ans, du fait de l’évolution de la démographie. 68%

* Tort : ce serait un reniement pour la gauche et une ouverture trop généreuse à l’égard du gouvernement. 28%

La formulation des réponses n'était évidemment pas du tout orientée.


6 mars 2010 : MINC

Invité de Finkielkraut ce samedi, le pétulant enfumeur Alain Minc souligne que le capitalisme actuel n'a rien à voir avec une lutte des classes puisqu'il se fonde sur la défenses des intérêts de petits actionnaires, et en particulier des fonds de retraite. Il oublie de préciser quels décideurs (pour ne pas dire quels escrocs) ont fait en sorte que, dans certains pays, le système de retraite se fonde sur la spéculation et non plus sur la solidarité (*).

(*) : évolution qu'on cherche d'ailleurs à fourguer aussi aux pays qui y ont jusqu'à présent plus ou moins résisté. Il est évident que la dégradation progressive du système des retraites en France est idéale pour inciter de plus en plus de gens à passer à un autre système, a priori plus rémunérateur (du moins, si nul Madoff ne s'en mêle ... mais quel serait l'intérêt de mettre en place un tel système si ce n'était pour arnaquer plus ou moins nettement les petits actionnaires ?)


5 avril 2010 : RETRAITES (ENIEME EPISODE)

Le gouvernement annonce qu'il ne sait pas comment il pourra payer les retraites si coûteuses de tant de fonctionnaires, nouvel épisode dans la préparation de l'opinion à la prochaine réforme des retraites, qu'il s'agisse de reculer l'âge de départ, d'augmenter les cotisations, ou pourquoi pas les deux à la fois ?

En tant que promoteur du concept d'extinction (ce qui me hisse au rang d'un Mickael Vendetta, créateur de celui de "bogossitude"), je suggère au gouvernement deux pistes de réflexion :

- soit favoriser une société un peu plus juste et agréable à vivre pour tous, notamment en consolidant ou restaurant les systèmes de solidarité existants, et en luttant contre l'évasion fiscale.

- soit continuer sur la voie de la régression sociale, mais permettre à chacun, salarié ou déjà retraité, de bénéficier lorsqu'il le souhaite du droit à l'euthanasie. On peut considérer qu'un certain nombre de gens, en tous cas ceux qui ne sont pas ou plus soumis à la superstition religieuse, préfèreraient mourir paisiblement et dignement lorsque la vie qui s'offre désormais à eux n'est plus que maladie, privations et/ou société sarkozyste. Sur ce dernier point, je renvoie à "Honoré", une excellente chanson des Malpolis : je ne peux pas la mettre en ligne mais on peut la trouver aisément sur Deezer. Toujours est-il que cela ferait des retraites en moins à payer, ce qui devrait plaire à ce gouvernement, si les simples raisons d'humanité ne lui suffisent pas.

Attention, j'ai bien parlé de permettre l'euthanasie à ceux qui la demandent ! Sarkozy et ses sbires seraient capables de mal comprendre, de faire bosser tout le monde jusqu'à 90 ans puis d'euthanasier ensuite tous ceux qui ne seraient pas encore morts (ce qui serait stupide, car, s'ils ont tenu jusque là, on pourrait très bien encore les forcer à travailler jusqu'à 100).


24 juin 2010 : LES GAUCHISTES, C'EST COMME LES COCHONS

Michel Rocard, autre "homme de gauche" plus ou moins officiellement rallié, comme Philippe Val, à la défense des intérêts du sarkozysme, estime "courageuse" la réforme des retraites menées par Eric Woerth (le monsieur dont l'épouse conseille, semble-t-il, la mère L'Oréal en matière d'évasion fiscale), Rocard critique l'attitude du PS. Sarkozy s'était déjà permis il y a quelques semaines d'attribuer la responsabilité du problème des retraites à Mitterrand qui avait baissé l'âge de départ sans prévoir les conséquences de son acte irresponsable. Rocard en remet une couche en déclarant que le passage en 1981 à la retraite à 60 ans fut décidé "pour faire plaisir au Parti Communiste". Restons sur cet argument. Admettons que Mitterrand n'ait fait cela que pour "faire plaisir" au PC. La question est : pourquoi cela faisait-il tellement plaisir aux communistes ? Parce qu'ils avaient fait un pari lors d'une beuverie ? ou parce que les communistes étaient alors des farfelus capricieux ? Peut-être tout simplement parce que, sincèrement et/ou pour des raisons électoralistes, les communistes (et peut-être aussi Mitterrand) estimaient juste de baisser l'âge de la retraite pour les gens qui bossent pendant que Mme Bettencourt fait fructifier (cf. Fructis, de L'Oréal) son immense fortune et fraude gaillardement le fisc, avec ou sans l'aide du couple Woerth (Eric Woerth n'a rien à voir dans cette affaire, nous assure l'actuel ministre du budget François Baroin, lequel n'a rien à voir avec son épouse l'actrice Michèle Laroque, domiciliée à Las Vegas pour ne pas payer d'impôts). Vous êtes-vous demandé ce qu'il y avait derrière cette explication aussi réductrice que mesquinement malhonnête ("pour faire plaisir au Parti Communiste"), M. Rocard ? Bien sûr que oui, mais votre souci présent n'est plus de penser, c'est d'empêcher les gens de le faire.

Ignoble larbin.


11 juillet 2010 : GREVE GENERALE EN SEPTEMBRE CONTRE LA REFORME DES RETRAITES ?

Puisqu'on envisage enfin à recourir à la grève générale, n'est-il pas dommage de n'engager une telle épreuve de force (la seule susceptible de porter des fruits face à un tel gouvernement) que sur la base d'une unique revendication, qui plus est portant sur une régression touchant notre avenir, alors que tant d'autres régressions sociales déjà en place touchent d'ores et déjà le présent de très nombreuses personnes ? Une victoire par la grève générale sur le seul point des retraites serait certes une chose formidable, mais elle ne ferait guère que maintenir un statu quo peu réjouissant.

Pourquoi ne pas profiter de l'épreuve de force qui s'annonce, la seule que l'on peut espérer gagner, pour établir une plate-forme revendicative beaucoup plus vaste, concernant droit du travail, fiscalité, santé, école, etc. Bref, tout ce qui ferait à nouveau de la France un pays de justice et de progrès ?

Autre forme d'action proposée : si quelque vieille morue cherche à vous vendre des cosmétiques et qu'il s'avère qu'elle soustrait ses gains au fisc, boycottez la !


20 septembre 2010 : SYNDICATS

Si les syndicats étaient aujourd'hui autre chose qu'une simple machine à canaliser le mécontentement des salariés, s'ils voulaient réellement, par exemple, faire reculer le gouvernement sur la question des retraites, ils mettraient en application les règles de base d'un véritable rapport de forces en appelant à une gréve générale reconductible, en précisant dès le départ qu'une condition sine qua non de la reprise du travail, quel que soit le résultat concernant les retraites, est le paiement intégral des jours de grève. Les salariés n'auraient en ce cas plus aucune raison d'hésiter à faire grève de manière efficace, longue si nécessaire, ce qui est leur seule chance d'obtenir satisfaction, du moins face à une bande d'ordures cyniques.


16 octobre 2010 : POPULISME

Finkielkraut atteint ce matin des sommets de mauvaise foi et de sophistique nauséabonde. Cela dit, seul le degré étonnant de sa malhonnêteté intellectuelle est ici surprenant : on se doutait tout de même un peu qu'en intitulant son émission "Y a-t-il une menace populiste ?", il n'allait pas évoquer le Roi des Populistes, pour l'instant toujours assis sur son trône, mais ceux qui se permettent de contester Populiste Ier, sa vie, son oeuvre, son bouclier fiscal, etc. Même ses invités, Jacques Julliard et Dominique Reynié, qui ne sont pas franchement de virulents gauchistes mais qui, eux, ont sans doute encore une réputation de sérieux à préserver, se sentent régulièrement obligés de faire bonne mesure en évoquant le populisme présidentiel et pas seulement celui de Mélenchon (*), visiblement l'incarnation ultime du populisme selon Finkielkraut, qui a dû oublier ses lunettes à l'Elysée.

L'un des invités, Dominique Reynié, finit toutefois, sans doute gagné par ce climat d'allègre déconnade sans scrupules, par se laisser aller à ses plus bas instincts manipulatoires. Il fait mine d'observer avec surprise que le mouvement d'opposition à la réforme des retraites réunit les "grandes victimes" de cette réforme et ses "grands bénéficiaires" : "ensemble, côte à côte, au nom de la Justice, je n'y crois pas." Les "grands bénéficiaires" de la réforme, selon lui ("je m'excuse de le dire ainsi", précise-t-il, sans doute dans un ultime et infime sursaut moral), ce sont (évidemment ?) "ceux qui sont épargnés : les agents de la RATP, de la SNCF,..." Il fallait oser ! Appeler "grands bénéficiaires" de la réforme ceux qui ont simplement la chance d'être moins frappés que d'autres par cette réforme, et qui néanmoins s'impliquent dans le mouvement par solidarité, parce qu'ils savent très bien que les salariés du privé peuvent difficilement se permettre une grève longue, donc efficace. Et ça, ça l'agace, M. Reynié : il estime qu'il faut distinguer, qu'il faut ... diviser ("les grands bénéficiaires" contre les "grandes victimes") : ben oui, c'est ce qu'on appelle diviser pour mieux Reynié, voilà. Dans la foulée, M. Reynié nous expliquera peut-être un jour que les grands bénéficiaires de la Grande Guerre, ce sont ceux qui n'y sont pas morts : les amputés, les gueules cassés, de vrais petits veinards ceux-là ! des "grands bénéficiaires" à faire pâlir d'envie un marchand de canons !

Et puis, accuser les moins frappés d'être "les grands bénéficiaires", ça permet surtout de ne pas se poser la question gênante (qui sont VRAIMENT les grands bénéficiaires de cette réforme ?) et de ne pas impliquer maladroitement dans un débat sérieux des gens qui ne tiennent pas à voir leur nom y figurer (Guillaume Sarkozy, par exemple ?).

Et puis Finkielkraut en remet une couche en constatant que les lycéens qui manifestent disent "les vieux doivent s'en aller car ils prennent notre place sur le marché du travail", ce qui, selon Finkielkraut, "ne témoigne pas d'un vrai sentiment de solidarité : le mot d'ordre, c'est dégagez !". Pouvoir dégager s'ils le souhaitent à un âge raisonnable, c'est justement ce qu'ils demandent, les "vieux", mais Finkielkraut fait tout de même semblant (on l'espère pour lui) de voir une contradiction dans des revendications qui sont parfaitement complémentaires. Il critique ceux qui appellent "une jeunesse sous-informée (**) à manifester au nom d'une exigence de justice tout à fait nébuleuse".

Je crois que je vais vomir.

(*) : cette fixation d'un Finkielkraut sur Mélenchon m'incite plus que jamais à souhaiter que lui et son Parti de Gauche aient le plus tôt possible leur chance de montrer ce qu'ils valent. Visiblement, les larbins du libéralisme craignent nettement plus Mélenchon que DSK ... Voir aussi, sur Rue89, cet échange assez vif entre Xavier Mathieu et Alain Minc : tout mérite d'y être entendu et illustre bien à quelle ordure sophistique nous avons affaire ici, mais je retiendrai ici la réaction de Minc lorsque Mathieu parle de l'attitude exemplaire de Mélenchon : "C'est parce qu'il a fait son numéro de démagogue, mais si Mélenchon était ministre de l'Intérieur, je ne suis pas sûr que vous le trouveriez plus sympathique que Brice Hortefeux."

(**) : "sous-informé" signifie sans doute qu'ils n'ont même pas entendu l'affirmation péremptoire selon laquelle cette réforme est "inévitable", malgré le ressassement dont fait l'objet ce dogme dans l'immense majorité des médias. L'autre jour, sur France 5, je ne sais quel journaliste crétin (ou sous-informé ?) opposait à Marc Blondel : "Mais vous savez bien qu'on n'a pas le choix, qu'elle est inévitable, cette réforme !"


12 octobre 2010 : O TEMPORA

Sur son blog-patates du Monde, Martin Vidberg évoque son père déjà retraité à 56 ans et précise qu'il est heureux pour lui : "je suis ravi qu’il ait profité de la retraite à 56 ans, de la révolution sexuelle, du plein emploi, des Beatles et des Rolling Stones. Ma génération aussi a connu de très beaux progrès comme euh… Facebook ou hum… les boys band ?"

 


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