THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

LITTERATURE

"Some books are to be tasted,

others to be swallowed,

and some few to be chewed and digested."

(Bacon)


Du même Francis Bacon (le philosophe du XVI°, pas le peintre) : "La lecture rend un homme complet, la conversation rend un homme exercé, et l'écriture rend un homme exact. Par conséquent, si un homme écrit peu, il a besoin d'une grande mémoire ; s'il confère peu, il a besoin d'un esprit rapide : s'il lit peu, il a besoin de beaucoup d'hypocrisie, pour paraître savoir ce qu'il ne sait pas."


POESIE

J'aime la (bonne) poésie, mais j'en lis peu. Peut-être parce que c'est une expérience de lecture nettement plus dense, plus concentrée, plus intense, qu'un roman, par exemple. La poésie est assez comparable en ce sens à l'usage des stupéfiants : elle a besoin de rareté. Vivre immergé dans la poésie me semble présenter les mêmes risques qu'une consommation abondante de stupéfiants (même si toute comparaison a ses limites).


ROMAN ET POESIE

"A partir du moment où il y a une structure forte dans un roman, cela joue le rôle d'une prosodie et le roman devient un certain type de poésie." (Michel Butor)


POESIE FRANCAISE

La poésie française, lorsqu'elle est belle, est une des plus belles qui soient parce qu'elle travaille sur un intrument (la langue française) au départ extrêmement peu musical, assez terne d'un point de vue sonore, avec ses nombreux -e- muets et son accentuation à peine marquée, ce qui permet toutefois un art d'élégance et de nuances. Cette difficulté initiale explique peut-être le fait qu'elle semble atteindre très tard sa perfection. Avec Baudelaire, serais-je tenté de dire, même si j'ai conscience d'exagérer un peu et d'oublier pas mal de monde en chemin, à commencer par le délectable François Villon.

Mais aujourd'hui la poésie d'un Ronsard nous est "musicalement" moins sensible car nous ne prononçons plus le français de la même manière. Il a fallu retrouver une perfection poétique à partir du français tel qu'il se forme au siècle classique. Racine ou La Fontaine sont déjà des poètes que nos oreilles modernes peuvent goûter pleinement, même si la poésie au sens plein du terme, musique et contenu mêlés, ne prendra toute sa force qu'au XIX°.


POESIE ET MOYEN AGE

Michel Zink, évoquant les liens entre poésie et narration au Moyen Age, développe justement l'idée que nous calquons sur les textes du Moyen Age notre conception moderne de la poésie, née avec Baudelaire. On notera d'ailleurs que le mot "poésie" est employé au Moyen Age comme synonyme de "fable" pour désigner la mythologie antique. Pour ce que nous appelons aujourd'hui poésie, il n'y a pas alors de véritable terme : on s'en approche avec des mots comme "vers", "chant", "chanson",... ou "trobar" en occitan.

"Poésie" (poetria) désignait bien dans l'Antiquité la composition en vers (vers alors métriques et non rythmiques) mais perd ce sens dans le Moyen Age chrétien, pour qui les poètes, sortes de "prêtres" antiques comme les "vates", sont essentiellement liés au paganisme, d'où ce sens nouveau de "poésie" : mythologie. Mais le respect pour l'Antiquité va peu à peu amener à nuancer. On passe de l'idée de "mensonge" à l'idée que ces fictions peuvent être porteuses de vérité sur un plan non-littéral. Poésie devient alors synonyme de polysémie, de ce que le Moyen Age nomme "subtilité".

L'Amour était dans la poésie antique un thème mineur, alors qu'il sera fortement associé à la poésie à partir du Moyen Age. Cela s'explique en partie par le fait que la poésie se trouve dévaluée par le christianisme en tant que langage sacré (la parole divine ne passe plus par la poésie, Jésus a parlé directement aux hommes) ; l'enthousiasme poétique a donc besoin d'une autre source : ce sera l'Amour.


PROSE ET MOYEN AGE

Michel Zink constate par ailleurs que toute tradition littéraire commence avec les vers et ne découvre qu'ensuite l'usage littéraire (moins évident à première vue) de la prose. Au Moyen Age français, la poésie étant associée à la Fable, il semble que la prose soit de son côté associée à l'idée de vérité. D'ailleurs, n'est-ce pas elle qu'on emploie pour les textes administratifs, les chartes, les lois, mais aussi les sermons et, mieux encore, dans la Bible ? Zink constate que de nombreux textes médiévaux associent la prose littéraire aux romans du Graal, les citant de préférence à d'autres comme exemples de textes en prose : il suggère que la dimension religieuse de ces romans en est la cause.

Il cite une chronique du règne de Philippe Auguste écrite en prose, mais dont l'auteur commence par annoncer en vers qu'il va écrire en prose.


LIRE LA POESIE

Paul Valéry écrivit à propos de la lecture des vers de Racine (mais cela peut, en partie du moins, s'appliquer à toute poésie) : "Apprivoisez-vous d'abord à la mélodie de ces vers (...) Eprouvez à loisir, écoutez jusqu'aux harmoniques les timbres de Racine, les nuances, les reflets réciproques de ses voyelles, les actes nets et purs, les liens souples de ses consonnes et de leurs ajustements. Et donc, et surtout, ne vous hâtez point d’accéder au sens. Approchez-vous de lui sans force et comme insensiblement. N’arrivez à la tendresse, à la violence, que dans la musique et par elle. Défendez-vous longtemps de souligner des mots ; il n’y a pas encore de mots, il n’y a que des syllabes et des rythmes. Demeurez dans ce pur état musical, jusqu'au moment que le sens survenu peu à peu ne pourra plus nuire à la forme de la musique."


"TOTALITE" DU LANGAGE ET DE LA CULTURE

"On sait que l'acquisition du langage se fait, chez l'enfant, non par une simple extension du vocabulaire, mais par une série de divisions internes, sans modification de l'emprise totale : à chaque étape, les quelques mots dont il dispose sont pour l'enfant tout le langage, et ils lui servent à désigner toutes choses avec une précision croissante, mais sans lacune. De même, pour un homme qui n'a lu qu'un livre, ce livre est toute sa "littérature", au sens premier du terme ; lorsqu'il en aura lu deux, ces deux livres se partageront tout son champ littéraire, sans aucun vide entre eux, et ainsi de suite ; et c'est justement parce qu'elle n'a pas de vides à combler qu'une culture peut s'enrichir : elle s'approfondit et se diversifie parce qu'elle n'a pas à s'étendre."

(Gérard Genette, Figures I, "Structuralisme et critique littéraire")


POESIE ET PUBLICITE

Toujours dans Figures I ("L'envers des signes"), Genette oppose la démarche de Barthes dans Mythologies (analyser les connotations idéologiques ajoutées aux objets afin de retrouver leur réalité sous ce vernis) à celle de la poésie moderne (laquelle prétend accéder directement à la réalité des choses, en ignorant purement et simplement la parole idéologique). "La parole "poétique", si l'on veut désigner ainsi celle qui nomme immédiatement le sens profond sans avoir désamorcé le sens idéologique, risque d'être à son tour investie par la parole sociale, et d'aliéner ce qu'elle a pris en charge. Combien de vérités poétiques sont-elles ainsi devenues des mythes publicitaires ? C'est que, sous la pression de l'idéologie, la parole la plus innocente est aussi la plus exposée, et donc la plus dangereuse."


MORT DE LA LITTERATURE

La littérature est quasi-morte. Que d'arbres abattus pour des pages et des pages d'inepties narcissiques ! A côté de quelques rares oeuvres fondamentales qui peuvent nous aider à vivre (Montaigne, Proust, Chateaubriand, Borges, Baudelaire, et quelques autres selon la sensibilité et les besoins de chacun), tout le reste est composé de quelques plaisirs inessentiels mais savoureux par ci par là, mais surtout de beaucoup de verbiage fumeux, insipide et inutile. S'il ne s'agit que de raconter une histoire, le cinéma fait cela bien mieux (*). S'il s'agit d'étaler son ego, grand bien leur fasse, à tous ces "écrivains", mais je ne me sens pas tenu de lire cela.

(*) : je nuancerais toutefois cette affirmation : un bon récit possède évidemment un charme et un intérêt propres, différents de ceux d'un film ... et un mauvais film n'est évidemment pas moins ennuyeux qu'un maivais roman.


LACONISME

Ecrire (pour la publication) devrait impliquer un effort de concision, de densité : dans l'idéal, on devrait faire tenir tout ce que l'on a à dire en un seul livre. Je parle ici de pensée ou de poésie : la narration de pur divertissement peut au contraire (et doit) se décliner en de longs et multiples livres.


PERLES LITTERAIRES

"La poule, ayant mis sa langue en spatule, éjacula." (Rosny ?)

"Je m'amusai à regarder voler les pingouins." (Chateaubriand)


LITTERATURE ET EXPERIENCE

Marc Fumaroli : "La littérature vous fait connaître la cruauté, l'injustice, la méchanceté, les passions les plus odieuses, avant même que vous les ayez souffertes ou éprouvées en vous-même. Et cela, c'est quand même un immense service qu'elle nous rend !"


REFUS DU SENS DEFINITIF

Gérard Genette, Figures I ("L'envers des signes"): La littérature "suggère que le monde signifie, mais sans dire quoi : elle décrit des objets, des personnes, rapporte des événements, et au lieu de leur imposer des significations certaines et figées, comme le fait la parole sociale (et aussi, bien sûr, la "mauvaise littérature"), elle leur laisse, ou plutôt leur restitue (...) ce sens tremblé, ambigu, indéfini, qui est leur vérité."


MASSERA

Extrait (lu sur France-Culture dans Tire ta langue) d'un texte de Jean-Charles Masséra :

"353 fiches ultra-complètes présentent toutes les caractéristiques des personnages qui ont des sentiments en étroite relation avec la croissance des entreprises. Sous la pression croissante des actionnaires, les digimons ont plusieurs stades d'évolution. La création de 353 fiches ultra-complètes présentant toutes les caractéristiques des personnages qui ont des sentiments et qui ont la chance de pouvoir se transformer en un monstre plus gros quand il survient un danger par la réduction des coûts, la création de ces fiches ayant de toute évidence des limites, la progression du retard dans la maîtrise de la lecture et de l'écriture est aujourd'hui essentielle. Les enfants qui veulent le même T-shirt que Jérémy et qui redoublent représentent un marché potentiel énorme."


FOLIE ET LITTERATURE

Pourquoi devient-on fou ? Parce qu'on a regardé la réalité de trop près et qu'on n'était pas assez fort pour la supporter. Assez fort ? Cela reste à prouver. Si Cioran n'est pas devenu fou, ni moi non plus (à ce jour, à ma connaissance et toutes proportions gardées, car il va sans dire que je ne suis pas Cioran), c'est parce que nous sommes des tricheurs masochistes, qui ne regardons la vérité que par intermittence. Nous nous blessons les yeux en regardant régulièrement le soleil en face, puis nous refermons les paupières pour savourer la piqûre de cette cruelle lumière, nous phrasons, nous plaçons des adjectifs devant les substantifs, bref nous prenons du recul. Et c'est cette prise de recul qui sauve. Mais quiconque contemplerait la réalité de manière intense, attentive, prolongée et sans prise de distance, y laisserait la raison.


STYLE ET POSSIBILITE DE CORRIGER

Sujet à méditer : le rapport entre les évolutions respectives des techniques matérielles d'écriture et de la conception du style en littérature. On peut supposer qu'à une époque où corriger, rectifier, raturer, était difficile, voire impossible, on était forcé de considérer la notion de style autrement qu'aujourd'hui.


"Ce serait une honte si un poète, composant un vers, y introduisait une figure de style ou un ornement rhétorique et que, questionné à ce sujet, il n'était pas capable de débarrasser ces mots de leur déguisement afin d'en révéler la vraie signification." (Dante, Vita Nova)


UMBRATILIS VITAE

Jean-Louis Ezine signale quelque part que les Anciens appelaient la lecture "umbratilis vitae", la vie à l'ombre.

"Bonheur de vivre à l'ombre, dans l'ombre des pages, dans la forêt des pages, où un livre vous tient délicieusement prisonnier. Dans cet orbe du loisir silencieux, on est à contre-jour, à contre-monde."


ROMAN ET NEOTENIE

Desmond Morris évoque, dans Le Singe nu, la néoténie, à savoir le fait que, dans certaines espèces, et tout spécialement la nôtre, l'enfance soit beaucoup plus longue que dans d'autres, ce qui permet d'apprendre plus longtemps et donc davantage (c'était évidemment avant l'apparition de Philippe Meirieu, Claude Allègre et autres râclures de même acabit). Aspect peut-être annexe, secondaire, de ce principe, le fait qu'un genre comme le roman ait longtemps été méprisé par les "gens sérieux" et réservé aux femmes (oisives et frivoles, comme chacun sait). Depuis quelques siècles, le roman est devenu le genre littéraire le plus apprécié et il a produit le pire, mais aussi le meilleur. Régression ? Pas forcément. Si l'on se rapporte à la néoténie, le succès du roman marque peut-être une étape nouvelle de l'humanité (étape créée par l'automatisation des tâches, mais niée, occultée, par l'élite sociale qui entend bénéficier seule de ce progrès technique et maintenir les autres soit dans un travail aliénant, soit dans l'exclusion sociale), étape dans laquelle il importera pour l'homme de rester enfant plus longtemps encore, de continuer à jouer, à s'étonner, à rêver, à refuser de devenir un simple chasseur ou producteur : non par régression, mais pour contribuer à faire évoluer le genre humain.


ILIADES ET ODYSSEES

Il semble que ce soit Raymond Queneau qui ait suggéré que tout roman était soit une Iliade, soit une Odyssée (il déclare avoir entendu Michel Butor évoquer l'Iliade dans cette optique, mais pas l'Odyssée). Riche idée, mais qu'il explique de façon assez discutable, selon une opposition sans grand intérêt ni pertinence : soit un récit où un individu se détache sur le fond de l'Histoire (l'Iliade, à cause du rôle d'Achille), soit un récit centré sur le destin d'un personnage (l'Odyssée). J'ai toujours cru (mais peut-être est-ce parce que j'ai trouvé cette opposition chez un autre auteur, Borges peut-être ?) qu'il s'agissait plus simplement (mais plus efficacement) d'opposer les récits de l'affrontement aux récits du voyage et de l'expérimentation. Et je m'y tiendrai donc.


L'ECLAT ET LE FLUX

Je hasarderais, comme simple piste de réflexion, une opposition entre deux grands types de plaisir littéraire (qu'il s'agisse d'ailleurs du plaisir de lire ou de celui d'écrire) :

- une écriture du flux.

- une écriture de l'éclat, du point, de la densité, privilégiant la concision pour mettre en valeur des mots particulièrement forts et bien choisis.

Evidemment, l'un n'empêche par l'autre, mais le flux, en perdant la concision, tend à rendre les éclats moins frappants.


ROMAN DU ROMAN IMPUISSANT

Sur l'incapacité du roman à embrasser le réel pour lui donner une cohérence, sur la mise en scène de cette incapacité du roman "dépassé", débordé par le réel qu'il cherche à dire, deux romans superbes : le Tristram Shandy de Sterne et L'Emploi du temps de Butor.


NOUVEAU ROMAN

Le Nouveau Roman crée souvent une indiscutable fascination à partir d'une apparente simplicité, banalité. Parce qu'une telle focalisation sur la banalité est inhabituelle dans le roman, parce que la simplicité crée ici une opacité, donc un mystère.


ROMAN ET DIVERTISSEMENT

Pourquoi se priver, au nom de la grande Littérature, du plaisir qu'apporte un bon roman d'aventures ou de science-fiction, un Terry Pratchett, un Edgar Rice Burroughs,... ? Il est évident que les deux types de lecture et de plaisir peuvent coexister, et il est sans doute plus urgent de s'abstenir de perdre un temps précieux à lire de pompeux imbéciles ne cherchant qu'à se faire un nom, que de vitupérer des oeuvres ne visant qu'au seul plaisir, mais y atteignant avec talent.


FLAUBERT

Qu'est-ce qui motive l'écriture d'un Flaubert, si ce n'est l'esthétique et rien que l'esthétique ? Il y aurait d'ailleurs beaucoup à étudier sur la façon dont Flaubert a mis en avant l'importance du style, ce qui fait de lui un des auteurs les plus étudiés par les critiques, un cas fascinant, mais peut-être aussi, dans une certaine mesure, un cas à part.


BRISSET

Jean-Pierre Brisset est un "fou littéraire". On peut avoir un aperçu de son oeuvre étonnante, mais vite épuisante, faite de sornettes pseudo-étymologiques, dans l'Anthologie de l'humour noir de Breton. Selon Breton, Brisset ne cherchait pas du tout à faire rire, mais si c'est le cas, c'est effarant car sans le vouloir il faisait le maximum pour ça, entre l'ascendance batracienne de l'homme et l'étymologie de "turlututu" ...


SCIENCES ET ANALYSE DE LA FICTION

Construire une démonstration critique d'apparence scientifique à propos d'une oeuvre de fiction me semble pouvoir relever de deux grandes catégories :

- le QUASI-scientique, lorsque le réalisme relatif de l'oeuvre de fiction, l'observation du réel qu'on y trouve, la psychologie humaine dont elle relève, font de cette oeuvre un matériau raisonnablement utilisable (exemple : étudier un aspect de la société française du XIX° à travers Balzac ou Zola, ou, dans un autre genre, démontrer l'homosexualité de Fantômas)

- le PSEUDO-scientifique, lorsqu'on mime la démarche scientifique sur un sujet qui ne saurait en aucun cas relever sérieusement d'une telle démarche (exemple : prouver que le marsupilami descend du tigre).


RACINE

Il y a souvent chez Racine un moment trouble et troublant, dans lequel un personnage (Andromaque par exemple, ou Bajazet avant le début de la pièce), en général sous la pression des circonstances, se laisse aller à séduire plus ou moins quelqu'un qu'il ou elle n'aime pas vraiment. Mais ce bref instant suffit à nourrir les sentiments de l'autre et surtout crée un malaise chez le lecteur vis-à-vis de ce personnage "séducteur", qui nous semble commettre une faute en ne mesurant pas assez l'effet de ses actes.

"L'on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu'on aime." (La Bruyère)


METAPHORE HARDIE

"Shakespeare est un colosse gothique semblable au Saint Christophe de Notre-Dame, entre les jambes duquel nous passerions tous sans que notre tête touchât à ses parties honteuses." (Diderot)


PLAISIR DE L'ALLUSION

Dans Combray, à propos de Legrandin, Proust fait référence à Saint Sébastien. "... le regard restait douloureux, comme celui d'un beau martyr dont le corps est hérissé de flèches." On appréciera au passage l'épithète, a priori inutile et assez déplacée. Un peu plus loin, l'idée est reprise plus explicitement, Legrandin étant qualifié de "Saint Sébastien du snobisme". D'abord l'allusion, qu'on laisse au lecteur l'éventuel plaisir de percevoir et de comprendre par lui-même , puis seulement ensuite une confirmation (ou une explication) de l'allusion (si nécessaire). Cet ordre est évidemment préférable, moins lourd, plus efficace, plus générateur de plaisir, que l'ordre inverse. De même, il est préférable (et c'est généralement ce que fait Proust) de synthétiser une métaphore filée (toujours si nécessaire) après l'avoir déroulée, plutôt que de l'annoncer d'abord puis de la développer, ici encore afin de laisser au lecteur le plaisir de comprendre les choses de lui-même.


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