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Jean-Pierre MOCKY (1929-2019)

 

La Cité de l'indicible peur

"Je me suis fait tout seul, moi ! Je suis un no man's land !"

"Je ne devrais pas boire à jeun."

 

La Bourse et la vie

La musique de Richard Anthony, étonnamment, contribue au charme du film, ainsi que le duo Fernandel / Heinz Ruhmann. Mais il y a surtout toute une galerie de personnages improbables, du chef-comptable parisien Marquis, la bouche en coeur et obnubilé par les ordres (Darry Cowl, excellent hors de son registre habituel) aux trois gros frères chauves en imper qui se marrent en pleine rue à deux pas d'un flic : "Ah ah ! On vient de voler 10 millions au notaire ! allons boire un verre !"

 

Litan

Inquiétant film fantastique, extrêmement impressionnant malgré des moyens très réduits (à la Mocky, quoi).

 


Michel de MONTAIGNE (1533-1592)

Outre l'intérêt certain de ce qu'il raconte allié au caractère anti-dogmatique de sa démarche, il y a dans la langue de Montaigne un charme, une saveur qui, à le lire à voix haute, réjouissent la bouche. Un minimum d'habitude du moyen français est tout de même requis pour y trouver ce plaisir, sans quoi évidemment l'incompréhension gâche tout. Je trouve formidable le projet actuellement en cours de traduire les Essais en français moderne, car il est important de mettre leur contenu à la portée du plus grand nombre ; mais il est important aussi de rappeler que cette oeuvre réserve, pour qui fera l'effort de l'aborder dans son texte original, de grands bonheurs littéraires.

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"Mon dessein est de passer doucement, et non laborieusement, ce qui me reste de vie. Il n'est rien pour quoi je me veuille rompre la tête : non pas (= pas même) pour la science, de quelque grand prix qu'elle soit." (Des Livres)

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Dans l'Apologie de Raimond Sebond (II-2), Montaigne appelle les gladiateurs des "escrimeurs à outrance.". C'est là encore qu'on trouve, avant tout un joyeux fourre-tout d'anecdotes animalières servant à prouver tout et son contraire, cette belle phrase sur la relation d'un chat à son "maître" :

"Quand je me jouë à ma chatte, qui sçait si elle passe son temps de moy plus que je ne fay d'elle ? Nous nous entretenons de singeries réciproques. Si j'ay mon heure de commencer ou de refuser, aussi a-t-elle la sienne."

Parmi les anecdotes, on appréciera celles concernant les animaux amoureux de femmes, à commencer par un éléphant amoureux d'une bouquetière d'Alexandrie :

"Se promenant par le marché où l'on vendait des fruits, il en prenait avec sa trompe et les lui portait ; il ne la perdait de vue que le moins qu'il lui était possible, et lui mettait quelquefois la trompe dans le sein par-dessous son collet et lui tâtait les tétins. Ils récitent aussi d'un dragon amoureux d'une fille et d'une oie éprise de l'amour d'un enfant en la ville d'Asope, et d'un bélier serviteur de la ménestrière Glaucia."

Tout ce passage sur les animaux se termine plus ou moins sur une digression concernant la relativité du jugement esthétique (Montaigne estimant au passage que les poissons sont bien plus beaux que nous : "en couleur, netteté, polissure, disposition, nous leur cédons assez"). Abordant l'approche idéaliste et philosophique de cette question, Montaigne écrit ceci :

"Tout ainsi que la préférence en beauté, que Platon attribue à la figure sphérique, les Epicuriens la donnent à la pyramidale plutôt, ou carrée, et ne peuvent avaler un dieu en forme de boule." Un écrivain sans malice aurait dit platement : "ils ne peuvent admettre un dieu en forme de sphère."

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Dans l'essai Sur des vers de Virgile (III,5), évoquant le système des castes en Inde, Montaigne donne cette précision : "Les mariages sont défendus de l'un métier à l'autre : ne peut une de race cordonnière épouser un charpentier."

"Quel mauvais ménage a fait Jupiter avec sa femme, qu'il avait premièrement pratiquée et jouie par amourettes ? C'est ce qu'on dit : chier dans le panier pour après le mettre sur sa tête."

"Ma fille est en l'âge auquel les lois excusent les plus échauffées de se marier."

A propos de la prostitution sacrée dans la Babylone antique : "Et s'est trouvé nation où, pour endormir la concupiscence de ceux qui venaient à la dévotion, on tenait aux églises des garces et des garçons à jouir, et était acte de cérémonie de s'en servir avant venir à l'office."

Montaigne cite ce beau vers d'Ovide : "Quis vetat apposito lumen de lumine sumi ?" (qui pourrait empêcher un flambeau de s'allumer au contact d'un autre flambeau ?) où l'allitération (um) illustre bien ce transfert.

"Le pasteur Cratis étant tombé en l'amour d'une chèvre, son bouc, ainsi qu'il dormait, lui vint par jalousie choquer la tête de la sienne et la lui écrasa."

"Lucullus, César, Pompée, Antoine, Caton et d'autres braves hommes furent cocus et le surent sans en exciter tumulte."

Evoquant la position et l'activité de l'homme durant l'accouplement : "Le plus contemplatif et prudent homme, quand je l'imagine en cette assiette, je le tiens pour un affronteur de faire le prudent et le contemplatif."

"Je ne sais qui, anciennement, désirait (avoir) le gosier allongé comme le col d'une grue pour goûter plus longtemps ce qu'il avalait." Point de vue gourmand qui ramène une nouvelle fois Montaigne, plus digressif que jamais, à la sexualité et à l'intérêt d'y faire également durer le plaisir : "Nous nous devrions plaire d'y être conduits, comme il se fait aux palais magnifiques, par divers portiques et passages, longues et plaisantes galeries, et plusieurs détours. Cette dispensation reviendrait à notre commodité ; nous y arrêterions et nous y aimerions plus longtemps."

Qu'une femme accorde son corps n'est pas une preuve d'amour, souligne Montaigne, car "elles n'y vont parfois que d'une fesse."

"Et où (la nature) a voulu que nos appétits eussent montre et déclaration proéminente, elle a voulu que (ceux des femmes) fussent occultes et intestins et les a fournies de pièces impropres à l'ostentation et simplement pour la défensive."

"Nature se devait contenter d'avoir rendu cet âge misérable, sans le rendre encore ridicule. Je hais de le voir, pour un pouce de chétive vigueur qui l'échauffe trois fois la semaine, s'empresser et se gendarmer de pareille âpreté, comme s'il avait quelque grande et légitime journée dans le ventre : un vrai feu d'étoupe. Et admire sa cuisson si vive et frétillante, en un moment si lourdement congelée et éteinte. Cet appétit ne devrait appartenir qu'à la fleur d'une belle jeunesse. Fiez-vous-y, pour voir, à seconder cette ardeur indéfatigable, pleine, constante et magnanime qui est en vous, il vous la lairra (laissera) vraiment en beau chemin !"

"Les autres plaisirs que nous recevons se peuvent reconnaître par récompenses de nature diverse ; mais celui-ci ne se paye que de même espèce de monnaie. En vérité, en ce déduit, le plaisir que je fais chatouille plus doucement mon imagination que celui que je sens."

"Je trouve plus de volupté à seulement voir le juste et doux mélange de deux jeunes beautés ou à le seulement considérer par fantaisie, qu'à faire moi-même le second d'un mélange triste et informe."

"Si nous avions bon nez, notre ordure nous devrait plus puer d'autant qu'elle est nôtre."

"Esope, ce grand homme, vit son maître qui pissait en se promenant. "Quoi donc, fit-il, nous faudra-t-il chier en courant ?" Ménageons le temps, encore nous en reste-t-il beaucoup d'oisif et mal employé."

 

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"En mes écrits mêmes, je ne retrouve pas toujours l'air de ma première imagination : je ne sais ce que j'ai voulu dire et m'échaude souvent à corriger, et y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu le premier qui valait mieux."

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La Mettrie, au XVIII° siècle définit Montaigne comme "le premier Français qui ait osé penser".

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"Il est certain qu'à la plupart la préparation de la mort a donné plus de tourments que n'a fait la souffrance."

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Lançant son émission "philosophique" sur Montaigne, Raphaël Enthoven trouve judicieux de dire que la métaphysique (à laquelle s'oppose évidemment le matérialisme sceptique de Montaigne) est comme "un altermondialisme universel, qui distille de l'espoir et du manque dans nos vies séturées (*), une drogue".

Voilà. On se fatigue à expliquer que, malgré la difficulté de la langue, malgré son aspect conservateur qu'il faut considérer en fonction du contexte (et du choix que fait Montaigne de ne pas s'opposer frontalement aux conventions de la société où il vit), Montaigne est un des penseurs les plus géniaux, les plus complets, les plus honnêtes et les plus drôles de tous les temps, mais il y a toujours un con pour venir pourrir l'image de Montaigne en l'utilisant pour étaler ses opinions visqueuses et serviles.

* : A la relecture je vois bien qu'il y a là une faute de frappe sur le site de France Culture où j'ai copié-collé la citation, mais allez savoir maintenant ce qu'a réellement dit ce type ! "saturées" ?...

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La Logique de Port-Royal, dans sa troisième partie (cf. le passage concernant la jalousie) est sans pitié envers Montaigne, auteur "plein d'un si grand nombre d'infamies honteuses et de maximes épicuriennes". On peut admettre que le fait de parler de soi ne constitue pas la meilleure stratégie argumentative (mais Montaigne cherche-t-il à convaincre ?...) et qu'il y ait une part d'amour-propre dans la façon dont il affiche sa sincérité et "ose" peindre ses défauts (mais cela ne fait que le rendre plus humain).

Le reproche le plus intéressant concerne le fait que Montaigne ne désire pas être autre. Il dit ne pouvoir nommer "repentir" le "déplaisir de n'être ni ange, ni Caton" et ajoute : "mes actions sont réglées et conformes à ce que je suis et à ma condition : je ne puis faire mieux, et le repentir ne touche pas proprement les choses qui ne sont point en notre force." Une telle vision des choses heurte évidemment la vision chrétienne des auteurs de Port-Royal, et ça on s'en fout. Mais on pourrait, d'un point de vue purement humaniste et laïc, s'interroger sur le danger qu'il y a à se contenter ainsi de ce que l'on est, sans chercher à s'améliorer, à se dépasser. Bref, on pourrait trouver en Montaigne le précurseur du stupide mot d'ordre contemporain : rester soi-même. Mais ce serait faire peu de cas du fait que Montaigne se contente de "rester lui-même" dans les domaines où le changement n'est pas "en sa force", du fait qu'il y a beaucoup de (fausse ?) modestie dans cette déclaration ("je ne puis faire mieux") et du fait que, si l'on n'y regarde de près, Montaigne a tout de même écrit une oeuvre de l'ampleur des Essais, ce que ni Loana ni Steevy n'ont (encore) fait.

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Dans le fameux I-20 ("que philosopher ..."), Montaigne comparant la volupté physique à celle que procure la vertu, note qu'elle n'est pas sans défauts, "incommodités et traverses" et qu'elle procure "une satiété si lourde qu'elle equipolle à pénitence."

I,24, pg 128, citant Machiavel : "Quiconque aura sa vie à mépris, se rendra toujours maître de celle d'autrui." Avertissement contre les risques d'assassinat politique, que l'on peut aussi bien prendre comme un éloge du "suicide assistant".

I,25, pg 133, à propos de certains philosophes : "Les voulez-vous faire juges des droits d'un procès, des actions d'un homme ? Ils en sont bien prêts ! Ils cerchent encore s'il y a vie, s'il y a mouvement, si l'homme est autre chose qu'un boeuf ; que c'est qu'agir et souffrir ; quelles bestes ce sont que loix et justice."

Dans l'essai Des Cannibales (I,31), à propos de sortes de prophètes qui passent dans les villages : "(...) et s'il leur advient autrement qu'il ne leur a prédit, il est haché en mille pièces s'ils l'attrapent, et condamné pour faux prophète. A cette cause, celuy qui s'est une fois mesconté, on ne le void plus."

 


MONTESQUIEU (1689-1755)

De l'Esprit des lois (1748)

"La liberté politique ne se trouve que dans les gouvernements modérés. Mais elle n'est pas toujours dans les gouvernements modérés ; elle n'y est que lorsqu'on n'abuse pas du pouvoir ; mais c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. Qui le dirait ! la vertu même a besoin de limites.

Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Une constitution peut être telle que personne ne sera contraint de faire les choses auxquelles la loi ne l'oblige pas, et à ne point faire celles que la loi lui permet."

(Les négations rendent la dernière phrase assez incompréhensible, mais si on la relit très attentivement en fronçant les sourcils, ça devient parfaitement clair)

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Et puisque nous sommes dans l'Esprit des lois, autant citer également ce passage archi-connu mais qui reste un chef-d'oeuvre d'ironie :

"Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :

Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.

Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre.

On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.

Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font des eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez des nations policées, est d'une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.

De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?"

(Pour bien saisir le sens du paragraphe concernant les peuples d'Asie et les eunuques, on peut essayer le truc de tout à l'heure avec les sourcils, mais là je ne garantis rien)


Les Heures Chaudes de MONTPARNASSE

Dans cette fabuleuse série documentaire de Jean-Marie Drot, on peut voir témoigner (ou lire leurs textes) les survivants de la grande époque de Montparnasse, rien que du beau monde.

Etonnant, Van Dongen, qui répond poliment et tout naturellement qu'il ne garde aucun souvenir de cette période car il ne repense jamais au passé. A son âge, il préfère utiliser le temps qui lui reste à chercher la Vérité plutôt qu'à ressasser des souvenirs. Attitude assez rare chez un vieillard pour être soulignée.

Sylvia Beach raconte comment Hemingway l'a aidée à faire passer Ulysse de Joyce à ses souscripteurs américains, le livre étant interdit aux Etats-Unis et saisi à la douane. Sylvia Beach paya la location d'un atelier à Toronto pour un peintre de Chicago, ami d'Hemingway, lequel peintre allait y travailler et repassait ensuite la frontière avec chaque jour un nouvel exemplaire d'Ulysse.

Prévert raconte avoir connu Yves Tanguy au régiment, "à Lunéville, près de Saint-Nicolas du Port" (sic).

- Et il faisait déjà de la peinture ?

- Ah non, il ne faisait pas de peinture. Il était comme moi : il faisait surtout de la prison.


MONTY PYTHON

Le Sens de la Vie

Revu récemment en DVD. Je lui préfère nettement Sacré Graal et La Vie de Brian, mais c'est tout de même dans celui-ci que se trouve ce que je considère comme la scène la plus drôle et la plus sidérante de toute l'histoire du cinéma, à savoir le délire musical auquel donne lieu cette chanson au texte pour le moins improbable, "Every Sperm is sacred". Le contraste entre le texte et les images, les voix d'enfants, Terry Jones incroyable en mère de famille nombreuse, l'irruption de centaines de figurants costumés, ... tout est parfait (et parfaitement saugrenu). Et la scène suivante avec le couple protestant n'est pas mal non plus.

Impressionnant aussi, le court métrage initial de Terry Gilliam, improprement traduit "Compagnie d'Assurance Crimson", crimson n'etant pas le nom de la compagnie mais un adjectif signifiant quelque chose comme "écarlate" et faisant évidemment référence au cultissime Corsaire rouge (The Crimson Pirate) de Robert Siodmak.

Le DVD propose en bonus une bande-annonce télépathique. Les Monty Python costumés et alignés font face à la caméra en silence. Le film se conclut par le constat que c'est expérimental et que le résultat n'est pas garanti : "We apologize for wasting your time."

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La Vie de Brian

Eric Idle note avec étonnement que la chanson finale du film a été parmi les dix chansons les plus demandées pour des obsèques depuis au moins quinze ans.

Le film a déclenché des réactions hystériques chez pas mal de culs-bénits. Sur la photo d'une manif, on peut voir une dame tenir une pancarte indiquant que "Python = Serpent = Satan".

Le making of présente ensuite des extraits d'un débat télévisé sidérant, opposant d'une part John Cleese et Michael Palin, extrêmement tendus et sérieux, d'autre part deux défenseurs de la Foi qui en font des tonnes, notamment un évêque en costume bien pourpre, avec permanente et bagues énormes, qu'on pourrait prendre à première vue pour John Cleese grimé : tout cela ressemble furieusement à un débat du Monty Python Flying Circus, la réalité dépassant la fiction. Un peu plus tard, on voit d'ailleurs une parodie inversée de la scène, dans laquelle Rowan Atkinson incarne un évêque qui a réalisé un film sur les Monty Python : "Je ne m'attendais pas à de telles réactions ! Je ne m'attendais pas à voir débarquer ... l'Inquisition espagnole !".

Les habitants des villes où la munipalité avait interdit le film affrétaient des bus pour aller le voir dans la ville voisine. Totalement interdit en Norvège (ainsi qu'en Irlande et en Afrique du Sud), le film était projeté en Suède avec cette accroche : "Ce film est si drôle qu'il est interdit en Norvège !"

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Monty Python Flying Circus

Quelques grands moments :

* Episode 11 : la reconstitution de la bataille de Pearl Harbour (et sa suite épisode 22)

* Episode 16 : belle animation de Gilliam à la 19° minute, avec des mains devenant des arbres, des oiseaux,...

* Episode 23 : le match entre les gynécologues de Bornemouth et les imitateurs de Long John Silver.


Michael MOORE (né en 1954)

Roger et Moi

Des abrutis payent 100$ pour passer une nuit dans la nouvelle prison de Flint à la veille de son ouverture, après une réception de bon goût dans les locaux, réception au cours de laquelle, déguisé(e)s soit en bagnards soit en fêtards des années folles (ne me demandez par le rapport, je décris ce que j'ai vu, c'est tout), ils se font prendre leurs empreintes en riant de bon coeur.


Desmond MORRIS (né en 1928)

Grand dénonciateur, dans l'excellent Zoo humain (plus essentiel encore que Le Singe nu), des multiples dangers de la surpopulation, Desmond Morris souligne une difficulté paradoxale du libre contrôle qu'il préconise. La prise de conscience du problème (sous un aspect ou sous un autre) étant par nature le fait des individus les plus éclairés, le sacrifice que ceux-ci feront de leur postérité individuelle risque finalement de ne servir à sauver du désastre qu'une espèce humaine de plus en plus abrutie.

C'est un paradoxe amusant, mais, outre qu'il y a encore des gens sensés qui font (tout de même) des enfants, on pourrait bien entendu rétorquer que c'est faire peu de cas des possibilités de l'éducation.

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Morris souligne que la tendance contemporaine à créer pour les enfants des terrains de jeux "immaculés, stériles et géométriques" satisfait très mal leur besoin d'exploration et qu'il ne faut pas s'étonner de les voir préférer jouer dans des tas de détritus. Aujourd'hui, et sans aucune métaphore facile, cela explique sans doute aussi un peu le succès d'internet.

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Zoo humain, pg 35, sur les jargons de spécialistes (cf. Bluff)


Georges MOUSTAKI (1934-2013)

La voix de Moustaki est en elle-même, par sa douceur, sa nonchalance et sa netteté, une invitation à l'hédonisme et au repos. Il faut bien par exemple admettre que Ballade en fumée est une des chansons les plus redoutables pour qui tente d'arrêter de fumer ou de ne pas recommencer.

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"Il rêvait d'une vie que l'on prend par la taille

Sans avoir à la gagner comme une bataille."

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"Il est trop tard". J'aime la légèreté insouciante avec laquelle se conclut chaque couplet :

"Passe, passe le temps,

Il n'y en a plus pour très longtemps."

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"Le ciel est endeuillé par-dessus l'Acropole

Et liberté ne se dit plus en espagnol" (En Méditerranée, beau résumé du temps des Colonels et de Franco)


Friedrich Wilhelm MURNAU (1888-1931)

Faust

Malgré les moyens techniques dérisoires de l'époque, dès les premiers plans (la guerre, la peste et la famine chevauchant, ou encore les ombres chinoises de la foire), on peut dire que ça a de la gueule.

Tartuffe

Très intéressant par sa mise en abyme qui actualise la pièce de Molière en l'encadrant par une situation moderne comparable, dans laquelle la projection cinématographique de l'histoire de Tartuffe sert de révélateur. Mais le meilleur est évidemment la pirouette finale qui amplifie la mise en abyme en demandant au spectateur : "toi-même, sais-tu vraiment qui est assis à côté de toi ?".


LES MYSTERES DE L'OUEST

Revu un épisode par hasard.

Note : quand James West balance un sbire par la rambarde de l'étage, dans un saloon, au lieu de courir sans tarder derrière Loveless qui s'enfuit, il reste penché un moment pour vérifier que le type touche bien le sol.

Le propos de l'épisode est on ne peut plus délirant : le docteur Loveless a inventé le moyen de faire entrer des vrais gens dans des tableaux (dans des "peintures", oui) au moyen de sons (sic).

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Un dialogue du premier épisode de la 2° saison, la Nuit des excentriques :

- Monsieur West ! Une fois de plus vous avez réussi à me faire sortir de mes gonds !

- Est-ce que c'est mal ?


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