THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

HEDONISME

Quelques propos hédonistes et motivants cités (ou paraphrasés) par Onfray dans son nouveau cycle de conférences :

* Nietzsche : "Choisissez chaque instant dans votre existence pour faire de telle sorte qu'il puisse se répéter sans cesse. Si vous deviez voir un moment de votre existence se répéter sans cesse, comment aimeriez-vous que ce soit ce moment ? Faites le choix de ce que vous aimeriez voir se répéter."

* Nietzsche : "Je veux que la vie soit aussi éxubérante, aussi luxuriante, aussi tropicale que possible, en moi et autour de moi. Je dirai donc oui à tout ce qui rend la vie plus belle, plus intense, plus digne d'être vécue."

* Saint-Evremond : "Une heure de vie bien ménagée m'est plus considérable que l'intérêt d'une médiocre réputation."

* Chamfort : "Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne : voilà toute morale."

On peut avoir l'impression de ne pas avoir assez de temps pour tout explorer, et encore moins pour réexplorer ce qui mériterait de l'être (A La Recherche du temps perdu, l'intégrale de Bach ou de Brassens, de Kubrick ou de Kurosawa, le programme de Jospin en 2002,...). Et pourtant ... Si l'on considère par exemple tous ces gens qui durant des siècles ont passé leur vie (je ne parle même pas ici de ceux qui la passaient à s'user en un travail physique harassant pour survivre !) à composer de lourds ouvrages pour tenter de décider si oui ou non le corps et le sang du Christ sont présents dans l'eucharistie et, si oui, de quelle façon, eh bien, il me semble que, par comparaison, on peut se dire qu'une fois le tri fait et les occupations oiseuses de ce genre mises de côté, on a tout de même pas mal de temps dans une vie pour faire des choses intéressantes.

"Une pendule! disait Rodolphe, qui n'avait jamais pu se soumettre à l'impérieuse tyrannie du cadran, mais c'est un ennemi intime qui vous compte implacablement votre existence heure par heure, minute par minute, et vous dit à chaque instant: voici une partie de ta vie qui s'en va. Ah! Je ne pourrais pas dormir tranquille dans une chambre où se trouverait un de ces instruments de torture, dans le voisinage desquels la nonchalance et la rêverie sont impossibles... Une pendule dont les aiguilles s'allongent jusqu'à votre lit et viennent vous piquer le matin quand vous êtes encore plongé dans les molles douceurs du premier réveil... Une pendule dont la voix vous crie: ding, ding, ding! C'est l'heure des affaires, quitte ton rêve charmant, échappe aux caresses de tes visions (et quelquefois à celles des réalités). Mets ton chapeau, tes bottes, il fait froid, il pleut, va-t'en à tes affaires, c'est l'heure, ding, ding... C'est déjà bien assez d'avoir l'almanach... "

Henry Murger, Scènes de la vie de bohème.

La volupté qui nous (ou serais-je le seul ?) submerge devant la forme du parfait des verbes latins est un des plaisirs les plus inexplicables qui soit. Certaines de ces formes sont tout particulièrement admirables, telles que celles en -xi (dicere fait ainsi dixi, et surtout, ô merveille ! dixisti) ou celles qui redoublent la syllabe initiale du radical (ainsi pour mordere : eum momordi, je l'ai mordu).

La poésie et la musique doivent avoir quelque chose à faire avec le souffle, le spiritus, le vent, l'impermanent, le passager, le non-analysable, l'ondoyant, comme les parfums. A ce propos, j'ai appris récemment l'existence dans la culture japonaise du Koh-Do (Voie de l'encens) qui est un art comparable pour l'olfaction à ce qu'est la musique pour l'ouïe, ou si l'on préfère rester prudent dans ses comparaisons, à ce que sont l'oenologie et la gastronomie pour le goût. C'est un phénomène culturel extrêmement raffiné, avec des jeux complexes consistant à reconnaître des encens différents et à composer des poèmes sur chacun d'eux.

Pour ceux qui ont de l'argent à investir dans le Koh-Do, signalons cet intéressant produit au tarif tout aussi intéressant (2940 euros, soit 84 euros le bâtonnet). Je ne donne l'adresse que pour les éventuels sceptiques qui me soupçonneraient d'avoir inhalé de l'encens précieux de façon abusive.

http://www.encens-de-qualite.com/encens-du-monde/encens-precieux-kyara.html

On notera avec profit les 10 vertus de l'encens :

Avec d'autant plus de profit que cette liste peut tout aussi facilement s'appliquer à diverses choses ou gens : les considérations politico-économiques de Steevy, la musique, l'Amour, l'amour, la littérature, mes cours, Gilles Lapouge le vendredi sur France-Culture, et autres activités plus ou moins condamnées par le Vatican.

Bien que peu consommateur de fruits (en dépit des récentes directives ministérielles), je n'ai pu résister, en humant leur odeur, à acheter quelques fraises. Voilà un fruit extraordinaire et délectable. En outre, on observera qu'une fraise fraîche et idéalement mûre parfume agréablement un baiser. Il y aurait beaucoup à dire sur les fraises et, plutôt que radoter sur l'impasse politique où se trouve notre pays, je ferais sans doute mieux d'approfondir cette question, ne serait-ce que pour sauver l'honneur de l'Occident face aux Japonais qui friment avec leur Koh-Do. Il est donc temps de créer, en réponse à l'arrogance culturelle nippone, un art de vivre nouveau, l'Ichigo-Do, ou "Voie de la Fraise".

Il est absurde de regretter de n'avoir pas réalisé ses rêves. Les rêves ne sont pas faits pour être réalisés, seulement pour entretenir de douces nostalgies.

En dehors de quelques projets essentiels propres à créer un bonheur, ou du moins une satisfaction, durable et capable de s'auto-entretenir (un travail ou une relation épanouissants,... je ne sais d'ailleurs pas s'il s'agit d'exemples ou des seules exceptions dignes d'être mentionnées), en dehors de cela, donc, un rêve satisfait n'amène que la déception, l'ennui, le désoeuvrement.

"Tous les jours, une fois par jour, faites-vous donc un petit cadeau. Ne le programmez pas, ne l'attendez pas non plus : vous le saisissez au bond ! Ca peut être une nouvelle chemise, une petite sieste au bureau, ou une bonne tasse d'un bon café bien chaud comme celui-ci." (Twin Peaks, épisode 6)

"Rien n'est vraiment terrible si on arrive à gommer la peur de son esprit." (épisode 8)

"La persistance d'une situation désirée par le principe de plaisir ne donne qu'un sentiment d'aise assez tiède ; nos dispositifs sont tels que nous ne pouvons jouir intensément que de ce qui est contraste, et très peu de ce qui est état."