THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG
FRANCOIS BEGAUDEAU
5 octobre 2008
L'excellent Laurent Cantet s'est fourvoyé dans l'adaptation au cinéma des insanités de Bégaudeau. Dans le débat sur l'éducation, Bégaudeau est inclassable (et c'est pour lui tout ce qui compte) : ni pédago, ni républicain, juste un connard narcissique et irresponsable qui a trouvé un créneau pour faire parler de lui.
30 octobre 2008 - NOUVELLES DE L'EGO DE BEGAUDEAU
Sur sa lancée ("je profite de ma notoriété, fondée sur un pur bluff, pour me faire un max de fric"), Bégaudeau vient de ternir l'image des excellents antimanuels de Bréal en y commettant un Antimanuel de Littérature. Il y désacralise (bien évidemment) la chose et condamne notamment la classification par siècles des manuels. Il faudrait lui signaler que nous n'en sommes plus au Lagarde et Michard et que tous les pseudo-pédagogues du "français" (littérature étant pour eux un terme ordurier et/ou/car dénué de sens) condamnent depuis des décennies la classification par siècles, et cela avec succès puisque ce sont eux qui décident depuis bien longtemps de tout (programmes, modifications internes du jargon,...). Bégaudeau dénonce donc (à tort d'ailleurs, car un minimum de repères historiques ne fait pas de mal) quelque chose qui n'existe plus depuis près de trente ans, et ce faux rebelle rejoint ainsi la position actuellement dominante.
C'est à croire qu'il n'a jamais ouvert un manuel depuis des décennies, trop occupé sans doute à insulter ses élèves, et qu'il se fonde sur ses propres souvenirs de lycée pour combattre une pratique qui n'existe plus (ce qu'il serait bien placé pour savoir s'il avait un jour songé à faire son métier).
5 janvier 2009 - EN PROGRES ?
Vu l'autre jour un extrait d'émission télé où Bégaudeau faisait une intervention plutôt pertinente politiquement. En outre, il fait pour Télérama l'éloge de Green Day. Je suis donc forcé d'admettre qu'il n'est pas aussi détestable que j'ai pu le dire : il l'est juste sur certains points, mais extrêmement.
3 juillet 2009 : MEA CULPA
Laurent Cantet, dont j'avais déjà beaucoup apprécié l'excellent Ressources humaines, est d'autant plus formidable que, malgré mes a prioris contre François Bégaudeau (sa personnalité, ses intentions, son opportunisme), j'ai trouvé son Entre les murs formidable. J'avais tendance à soupçonner cette palme d'or d'avoir quelque chose de démagogique, mais elle est largement méritée. Le film est passionnant, et impeccablement interprété, y compris par Bégaudeau. Après tout, peut-on lui reprocher d'avoir profité du succès de son livre, puis du film, pour quitter l'enseignement, surtout dans de telles conditions de travail ? Il a au moins le mérite de dresser un constat honnête, y compris concernant l'échec de ses propres "méthodes". Je n'ai toujours pas lu le roman, j'en ai entendu une adaptation radiophonique qui m'a bien moins enthousiasmé que le film, mais qui relevait de toute façon d'un parti pris de transformation de l'original. En tous cas je ne peux qu'admirer le film de Cantet et relativiser mon jugement sur Bégaudeau. J'apprends dans la foulée que Bégaudeau était le chanteur du groupe punk Zabriskie Point, dont j'avais il y a bien longtemps entendu et apprécié quelques morceaux plutôt efficaces, drôles et mélodiquement réussis (ce qui éclaire parfaitement les commentaires élogieux de Bégaudeau sur Green Day). Le considérant avant tout comme un enseignant, j'ai perçu son discours comme insuffisant et sa reconversion comme une trahison : mais il suffisait d'en savoir un peu plus (*) sur le personnage (l'article qui lui est consacré sur Wikipédia suffit amplement), sur son passé de footballeur comme de chanteur punk, sur ses précédents romans, pour considérer qu'il est simplement passé accidentellement par l'enseignement et qu'il a rendu compte de cette expérience au passage, d'une façon qui semble avoir été suffisamment intéressante pour donner lieu à une nouvelle merveille de Laurent Cantet. Voilà (**).
Finalement, la grande leçon de ces derniers mois pourrait être que nul (pas même ceux qui se mêlent de rappeler les règles d'un jugement sain ou de moderniser la Logique de Port-Royal) n'est à l'abri d'un jugement hâtif. Il est toujours bien stupide de se hasarder à juger sans vraiment connaître. En plus d'Entre les murs, j'ai récemment (20 mai 2009) hasardé ici un jugement assez extrême sur le dernier Tarantino, sur la seule base de son résumé (je n'ai d'ailleurs pas vu le film depuis, mais ce que j'en ai entendu dire a considérablement nuancé ce jugement) et je revenais il y a quelques jours à peine (27 juin) sur ma relative injustice envers Alain Finkielkraut.
Bref, il faut apprendre à fermer sa gueule quand on ne sait pas de quoi on parle.
(*) : un lecteur avisé me rappelait il y a peu qu'il suffisait de lire l'article du Monde et non son seul titre pour comprendre l'intérêt de l'éventuel mariage de Julien Coupat sur le plan judiciaire.
(**) : Tout au plus pourrait-on reprocher à Bégaudeau de s'être senti autorisé, dans la foulée de son succès, à commettre un Antimanuel de Littérature, mais enfin, ne l'ayant pas lu, je ne vais pas une fois de plus me sentir autorisé à juger.