euthanasie

  


24 mai 2008

Finkielkraut, dans un très bon jour, tient des propos particulièrement sensés sur l'euthanasie face à deux mollassons qui tergiversent. A dire vrai, l'un d'eux fait plus que tergiverser et déploie tous les arguments fumeux qu'il peut trouver pour condamner (poliment et avec une compassion de bon aloi) toute idée de suicide assisté. Derrière cet argumentaire, on devine toujours, n'osant dire son nom, la morale judéo-chrétienne et/ou le désir de n'avoir pas à tremper là-dedans en tant que médecin. L'un des arguments les plus ahurissants est le suivant :

- avant d'envisager l'euthanasie, la médecine doit d'abord faire tout son possible pour soulager les souffrances du malade.

- or, actuellement, en France, tout les malades, loin de là, n'ont pas accès aux soins palliatifs qui pourraient leur permettre de mourir dans des souffrances relativement moins atroces.

- donc, la priorité est de développer l'accès aux soins palliatifs au lieu de songer à autoriser l'euthanasie.

Il est évidemment choquant que des tas de gens meurent encore dans d'horribles souffrances alors que dans certains cas il existe des moyens de réduire ces souffrances, et il faut bien entendu espérer que des progrès seront faits en ce sens (soit dit en passant, avec des Sarkozy au pouvoir, je pense qu'on peut espérer encore longtemps) ; mais je ne vois pas en quoi un tel argument permet de renvoyer aux calendes grecques un débat sur l'euthanasie. Les deux choses ne sont pas incompatibles : il y a des malades qui préfèrent lutter jusqu'à la fin (et il est naturel de souhaiter que la médecine leur permette de souffrir le moins possible) et d'autres (je dis "d'autres" mais c'est autant une question de situation que de personne) qui souhaiteront plutôt en finir "proprement" pendant qu'ils ont encore toute leur lucidité.

Autre argument , en substance : "Je ne juge pas les gens qui veulent mourir, mais ce n'est pas la fonction du médecin de participer à cela". Finkielkraut objecte que la médecine peut au moins indiquer aux gens les solutions les plus adaptées. Réponse du type : "Mais ça, chacun sait très bien comment il faut faire, depuis des siècles." Mauvaise foi des moralisateurs : lorsqu'est paru Suicide, mode d'emploi, il a immédiatement été interdit.


Voir aussi : Modeste proposition sur l'euthanasie.


26 août 2009

Parallèlement à cette natalité qui remonte, il n'est évidemment toujours pas question d'autoriser l'euthanasie. Non. La vie est un don de Dieu, il ne serait pas poli de la refuser (cf. ci-dessus : génial, le cadeau !...) sous prétexte qu'on souffre horriblement. Il faut absolument finir son assiette, même si le contenu est infect. Bref, nous sommes tous condamnés à l'existence forcée parce que des gens continuent à croire au Père Noël et qu'ils ne veulent pas le vexer. Dans L'Age de Cristal ou dans Soleil Vert, on nous présente des mondes futurs où l'euthanasie a été au contraire largement répandue pour lutter contre la surpopulation : évidemment, dans le premier, elle est obligatoire pour chacun à trente ans, et dans le second on recycle les cadavres pour nourrir ceux qui restent, mais enfin c'est déjà mieux que notre monde à la con, qui oblige la majorité de ses habitants à travailler et à vivre dans des conditions épouvantables mais leur refuse le droit de mourir en douceur.


Pour information, en 2010, 94% des Français se déclarent favorables à une légalisation de l'euthanasie. Mais on peut supposer que nos politiciens ne sont pas aussi nombreux à envisager une telle chose.


18 janvier 2011

Le Sénat vient d'adopter une proposition de loi visant à légaliser l'euthanasie : "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier (...) d'une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur". Cette proposition a été concoctée et votée par des gens de tous bords politiques, UMP, PS, PC, PG, Centristes. Mais la majorité des députés UMP semble fermement décidée à rejeter cette loi, avec des arguments passablement malhonnêtes et répugnants (cf. l'article du Monde pour plus de détails). Il est évident que la loi ne passera pas, pas cette fois, mais le simple fait qu'elle ait pu être conduite jusqu'à ce stade est déjà en soi une avancée considérable.

 


24 mai 2012

Chamfort pensait déjà que la condamnation du suicide avait plus à voir avec l'exploitation humaine qu'avec la morale :

"Les rois et les prêtes, en proscrivant la doctrine du suicide, ont voulu assurer la durée de notre esclavage. Ils veulent nous tenir enfermés dans un cachot sans issue." (Maximes, 484)


 

  Retour Extinction

Retour Menu Blog

Retour Page d'accueil