Pour une réflexion
saine sur la surpopulation, loin des logiques nationales et des
incitations saugrenues à "repeupler", je renvoie avant tout
à l'indispensable lecture du Zoo humain de Desmond Morris.
8 janvier 2007
Les propos de Pascal Sevran mentionnés il y a déjà quelques mois par Didier Porte ont été abondamment repris ces dernières semaines. Qu'on s'acharne à ce point sur un connard arrogant comme Sevran m'indiffère quelque peu, d'autant qu'il pourra se venger de tant d'affronts après la victoire de son ami Sarko. Mais si les propos de Sevran sont contestables par la responsabilité qu'il attribue aux populations au lieu de poser le problème des responsabilités politiques et religieuses (je laisse de côté le racisme car je ne suis pas persuadé qu'il y ait réellement du racisme dans l'intention de Sevran, seulement un immense mépris pour les pauvres, toutes races confondues), il est regrettable qu'on tende à rejeter en même temps tout discours sur les dangers de la surpopulation.
Récemment, dans une émission de France Culture, des démographes sont venus expliquer que les craintes énoncées dans les années 70 ne se sont pas réalisées, que nous n'allons plus vers la surpopulation catastrophique qu'on annonçait alors. Parce que l'accroissement démographique se ralentit un peu partout, phénomène dû en grande partie à l'augmentation globale du niveau de vie et du niveau d'éducation, en particulier de l'éducation des filles. Et parce que les progrès techniques rendent l'humanité plus apte que prévue à nourrir une population en perpétuelle augmentation. Ces spécialistes s'inquiètent au contraire du ralentissement, à cause des retraites.
Tout cela est bien beau (en particulier la réalité d'un ralentissement de l'évolution), mais semble relever d'une approche libérale et très incomplète du problème. Les conséquences écologiques de la croissance démographique ne sont jamais évoquées, non plus que l'épuisement prochain des ressources énergétiques, la question du chômage (oubli classique quand un libéral veut parler des retraites) ou le problème de la qualité de la vie, qualité qui semble ici se limiter à la capacité qu'a ou non l'humanité de produire assez de céréales pour tout le monde (capacité théorique qui n'implique d'ailleurs pas que tout le monde mange réellement à sa faim). Rien sur le problème de l'eau potable, rien sur la pollution générée par l'industrialisation et la consommation,... Ces braves gens vont même jusqu'à déplorer qu'il existe encore sur terre des zones très peu peuplées : en réalité, à les en croire, il reste encore plein de place, en particulier dans les déserts ! Comme si l'extension du chancre humain sur chaque cm2 de cette planète était une fin en soi, un objectif exaltant ! Comme si c'était plus important que de donner à tous ceux qui y vivent déjà la possibilité d'y vivre un peu mieux, d'y vivre au moins correctement et si possible heureux.
Voilà qui rejoint un peu une récente déclaration de Sarkozy, assez peu relayée par la presse (on se demande bien pourquoi) :
EDUCATION ET EXTINCTION
Les "Sciences de l'Education" étant ce qu'elles sont, l'Humanité continue à se multiplier, mais tout en se détruisant qualitativement de génération en génération.
26 août 2009 : NOUVELLES DE L'EXTINCTION
Désormais bien ancré dans son rôle de quotidien de référence de la connerie unique, Le Monde se réjouit d'une "embellie" dans la natalité française. Parce que la majorité des politiciens continue à prétendre que c'est une bonne chose, parce qu'on continue à encourager une politique de natalité au lieu de la tempérer (par exemple en rendant les allocations familiales beaucoup moins attrayantes au-delà de deux enfants, mais aussi tout simplement en tenant un discours sensé aux gens pour les responsabiliser), parce que la peur existe toujours de se voir envahis par des hordes de Chinois numériquement supérieurs (ils le sont déjà et le resteront, de toute façon !), parce qu'on persiste à prétendre régler certains problèmes (retraites, sécurité sociale, dette publique,...) en comptant sur les générations futures plutôt que sur une meilleure répartition des richesses, sans parler bien sûr de la nécessité pour le système économique de multiplier à l'infini le nombre des consommateurs pour écouler toujours plus de ses produits et services inutiles, pour toutes ces raisons, la plupart des gens continuent à penser qu'une natalité forte, à ce stade de l'histoire humaine, est encore une bonne chose. L'épuisement des ressources naturelles, les problèmes écologiques, le chômage qui augmente depuis trente ans et continuera à augmenter, sont pourtant des évidences, que les gens voient (ou ne veulent pas voir ?), mais ne semblent pas capables de mettre en rapport avec la surpopulation. On se réjouit : "cela fera plus de jeunes pour payer nos retraites !" Comment financeront-ils quoi que ce soit, bande d'abrutis ? La plupart de ces jeunes seront chômeurs, ou exploités pour un salaire de misère, le tout dans un monde de plus en plus inhabitable. Devenus lucides, ils diront sans doute à ceux qui leur ont "donné la vie" : génial, le cadeau ! c'est bon ! reprends ta merde !
Parallèlement à cette natalité qui remonte, il n'est évidemment toujours pas question d'autoriser l'euthanasie. Non. La vie est un don de Dieu, il ne serait pas poli de la refuser (cf. ci-dessus : génial, le cadeau !...) sous prétexte qu'on souffre horriblement. Il faut absolument finir son assiette, même si le contenu est infect. Bref, nous sommes tous condamnés à l'existence forcée parce que des gens continuent à croire au Père Noël et qu'ils ne veulent pas le vexer. Dans L'Age de Cristal ou dans Soleil Vert, on nous présente des mondes futurs où l'euthanasie a été au contraire largement répandue pour lutter contre la surpopulation : évidemment, dans le premier, elle est obligatoire pour chacun à trente ans, et dans le second on recycle les cadavres pour nourrir ceux qui restent, mais enfin c'est déjà mieux que notre monde à la con, qui oblige la majorité de ses habitants à travailler et à vivre dans des conditions épouvantables mais leur refuse le droit de mourir en douceur.
21 août 2010
Mathis Wackernagel président de l'ONG Global Footprint Network, explique que, du point de vue des ressources de la planète, l'Humanité vit désormais "à crédit" : “Il aura fallu moins de neuf mois pour épuiser le budget écologique de l’année 2010. Si vous dépensez votre budget annuel en neuf mois, vous allez probablement être extrêmement inquiet : la situation n’est pas moins grave quand il s’agit de notre budget écologique. Pour inverser la tendance, il n’y a qu’une solution, selon lui, "Arriver à ce que la population mondiale commence à décroître. Les gens pensent que ce serait terrible. Pour nous ce serait en fait un avantage économique. C’est un choix mais on n’en veut pas encore.”
Je ne le lui ai pas fait dire.
16 janvier 2011 : L'EMPIRE DES SANS
C'est le titre d'un documentaire d'Arte sur un de ces phénomènes de société bizarroïdes dont les Japonais sont coutumiers. En voici le résumé : "Au Japon, le phénomène des couples sans actitivé sexuelle concerne de plus en plus de ménages. Après la naissance du premier enfant, 40% des couples disent ne plus avoir de relations sexuelles. Plusieurs personnes ont accepté d'en parler face à la caméra. Ils expriment la difficulté d'une existence sans relations intimes. Leur désir semble les pousser vers un érotisme égocentré. Pour eux, la sexualité partagée a cessé d'être un élément de construction de soi et du couple. Pour satisfaire les pulsions de ces adeptes de l'amour en solitaire, une véritable industrie s'est mise en place au Japon. Le marché de l'autoérotisme explose. Les experts estiment que si ce phénomène se généralisait, le pays aura perdu plus de la moitié de sa population en 2050."
Mine de rien, la dernière phrase fournit presque une explication. Desmond Morris, qui fut un des premiers à dénoncer les dangers de la surpopulation (et, consciemment ou non, les Japonais doivent y être particulièrement sensibles), dirait que la Nature trouve des solutions pour amener l'espèce humaine à se réguler. Pendant ce temps là, et tandis que la planète s'épuise sous notre nombre, notre frénésie de consommation, notre productivisme stupide, des tas de crétins continuent à prôner des politiques natalistes sous prétexte de soutenir l'économie alors que le seul objectif de celle-ci devrait être de permettre à chaque être humain de vivre convenablement, et non de faire engranger des bénéfices colossaux à de cosmétiques mégères.