Loin des préjugés judéo-chrétiens où baigne encore notre société et qui fait que nous commençons seulement à envisager vaguement la possibilité de l'euthanasie dans des cas désespérés, je serais assez partisan d'un droit au suicide assisté, propre, sans douleur inutile, y compris pour simple "convenance personnelle". Il conviendrait bien sûr d'imposer un âge minimum (la jeunesse en souffrance ayant parfois tendance à aller un peu trop vite en besogne, sans savoir ce qu'elle perd), ainsi que la nécessité d'un entretien préalable avec une commission constituée par exemple d'un psy et d'un juriste (on évitera les curés) suivi d'une durée de réflexion, le tout étant destiné à repérer et calmer les emportements passagers et à ne donner satisfaction qu'aux gens ayant mûrement réfléchi avant de faire ce choix.

Etant donné ce que devient le monde, politiquement, socialement, écologiquement, il me semblerait assez naturel que les grands vainqueurs laissent le droit de s'en aller paisiblement aux individus qui voient déjà lucidement, ou verront, de plus en plus nombreux avec le temps, le cauchemar qui se met en place derrière l'écran mégafun de la communication moderne.

On se demande beaucoup en ce moment sur quelles valeurs, sur quels projets, doit se reconstruire la gauche, et l'on n'entend pour toute réponse qu'un ramassis de conneries, la principale étant de savoir si oui ou non Royal doit se représenter. 53% de connards qui élisent Sarkozy + 71% des électeurs de gauche qui sont favorables à une candidature Royal en 2012, cela ne fait-il pas un peu trop de demeurés pour un seul pays et cela ne donne-t-il pas raisonnablement l'envie de se flinguer ? C'est pourquoi, au lieu de suggérer des valeurs et des projets (progrès social réel, protection réelle de l'environnement, lutte réelle contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux,...), devant la victoire totale, absolue, du cynisme libéral et devant la veule tartufferie de la pseudo-gauche, on se dit que le seul, le dernier projet qui mérite encore qu'on se batte pour lui, c'est celui du droit à l'euthanasie pour tous.

Le projet me semble avoir de grandes potentialités, tant en matière de provocation swiftienne que de prospective démographique et économique. Que deviennent les maîtres du monde sans la masse de serviteurs-consommateurs-spectateurs que nous sommes ?