THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

2012



16 décembre : CICERON

"Si l'on s'occupe des misérables préoccupations de l'amour-propre, c'est une folie que de n'opposer à la vertu que des vices. A la course, le plus agile obtient le prix : dans la carrière de l'honneur, c'est la vertu qui triomphe de la vertu. Quoi donc ! si je pense bien, penserez-vous mal pour me vaincre ? si vous voyez les honnêtes gens s'unir à moi, rallierez-vous les méchants autour de vous ? Ce serait trahir à la fois les intérêts de la république et ceux de votre gloire. Que dis-je ? s'il s'agissait de disputer la première place, qui ne fut jamais l'objet de mon ambition, que pourrait-il m'arriver de plus désirable ? Avec des opinions pernicieuses, on ne peut me surpasser ; on le peut en proposant des conseils plus utiles, et je m'applaudirai alors d'être vaincu." (Cicéron, Quatorzième Philippique)


12 décembre : SERRES

Invité samedi dernier dans Répliques, Michel Serres, à côté de quelques considérations intéressantes sur l'évolution des techniques de communication, se montre plus béat et plus démago que jamais devant les nouvelles technologies et le développement du crétinisme (il ne le formule pas ainsi), face à un Finkielkraut évidemment consterné mais qui n'ose pas regimber outre mesure, se pliant même aux fantaisies de son glorieux invité en reprenant ses sublimes concepts de "Petite Poucette" (bien) et de "Grand-Papa-Ronchon" (mal).

Serres atteint des sommets en niant totalement que le développement du copier-coller dans l'enseignement soit un fléau et en affirmant que cela a toujours existé, que toutes les thèses par exemple sont pleines de citations. Bien entendu, il oublie de considérer qu'une citation est placée entre guillemets et non présentée comme un propos personnel, et que le commentaire qui l'entoure, s'il n'est pas toujours très original, a du moins le mérite de constituer, lui, une expression personnelle, montrant que l'auteur est capable de former des phrases correctes, ce que ne permet pas de juger (et ce que ne favorise aucunement) le copier-coller. La malhonnêteté intellectuelle du gaillard est si obscène que Finkielkraut, estomaqué, n'a même pas la présence d'esprit de lui faire ces quelques objections.


12 novembre : UNE PUB

La nouvelle pub du Crédit Agricole nous présente des acteurs incarnant des conseillers bancaires honnêtes qui témoignent : "Pour la plupart des gens, banquier = voleur", "moi je ne me considère pas du tout comme un escroc", etc.

C'est tellement révélateur que ça se passe de commentaire.


9 novembre : CHOMAGE ET GAZ DE SCHISTE - GEOLOGUE CHERCHE EMPLOI DE BOUFFON

Je suis tombé l'autre jour sur l'ignoble face de Claude Allègre, venu promouvoir le gaz de schiste. Dès qu'il y a un truc qui peut rapporter du fric mais qui est perçu comme un danger écologique, on sort le bouffon.

Cela dit, son principal argument n'était même pas scientifique. Il s'agissait avant tout de dire que tout cela, gaz de schiste, nucléaire, OGM, cela pouvait créer des emplois et que ceux qui s'y opposent sont donc des salauds, responsables du chômage. La guerre aussi ça crée des emplois, d'ailleurs, le trafic de drogue aussi. Dès qu'il s'agit de justifier une activité débile ou dangereuse, on nous dit que ça crée des emplois (et éventuellement, que c'est une tradition, comme la corrida ou la chasse à la palombe). Par contre, c'est amusant, quand il s'agit de retarder l'âge de la retraite, on ne parle plus des emplois que cela empêche de créer et les gens qui font de telles réformes (ou ceux qui leur succèdent et qui laissent en place ces régressions sociales), contrairement aux défenseurs de l'environnement, ne sont pas qualifiés de salauds.

PS : Depuis lors, le gaz de schiste s'est trouvé un nouvel avocat parmi les "gens honorables", à savoir Michel Rocard, qui affirme que, à ce qu'il a pu en lire (!!!) les dangers de la chose ne lui semblent pas certains et que par ailleurs il serait dommage de ne pas profiter d'une ressource énergétique qui peut faire de la France "l'équivalent de ce qu'est le Qatar pour le pétrole". L'argument est digne d'un vendeur de voitures d'occasion ("vous seriez fou de laisser passer ça !"), mais Rocard oublie évidemment de souligner quelle infime proportion de la population qatari s'enrichit grâce au pétrole (et quelle infime proportion de vautours s'enrichiraient en France grâce au gaz de schiste, aux risques et périls des millions d'imbéciles qui auront été préalablement charmés par le baratin des nouveaux VRP du libéralisme sauvage).


30 octobre : DES NOUVELLES DES REVOLUTIONNAIRES ACTUELLEMENT AU POUVOIR

Jean-Marc Ayrault vient de déclarer qu'il n'était pas fermé à un retour aux 39 heures de travail par semaine. La "gauche" semble bien partie pour faire passer ce que même Sarkozy n'avait pas réussi à faire passer. Quant à une politique de gauche, on l'attend toujours. La seule proposition qui fasse actuellement un peu débat est celle du mariage homosexuel. C'est particulièrement habile de nous resservir le coup du PACS (qui avait déjà servi à donner l'impression que le gouvernement Jospin avait fait quelque chose), alors que le PACS existe déjà ! Cela fait brailler la droite, cela crée de la controverse et donne l'illusion d'une différence entre le PS et l'UMP, le tout sur un sujet qui ne mérite pas le moindre débat.

En effet, j'ai beau essayer de m'informer, je ne parviens pas à comprendre l'intérêt d'un mariage homosexuel (alors que j'en perçois parfaitement le ridicule et le conformisme) qui visiblement n'ajoute rien aux droits accordés par le PACS. Excepté sur le plan de l'adoption : mais si c'est cela l'objectif, pourquoi ne pas tout simplement créer une loi autorisant l'adoption à un couple PACSé ? Sans doute parce que l'utilisation du mot "mariage" permet de faire bondir la droite la plus réac et donc de créer ainsi l'illusion dont je parlais plus haut.

Pendant que la Finance continue à faire la loi et à vampiriser chaque nation, François Hollande, sagement couché à ses pieds, joue les révolutionnaires en agitant quelques gadgets sociétaux pour hypnotiser les cons.

Même Michel Onfray, qui a indirectement favorisé Hollande en contribuant aux attaques de la presse (de "gauche") contre Mélenchon, déclare aujourd'hui : « Depuis que François Hollande est président, on voit qu’il n’est que dans la communication. C’est exactement la même politique que Nicolas Sarkozy. Le style en moins. Il y en a un qui était nerveux, l’autre qui est presque apathique. Il y en a un qui est excité. L’autre qui donne l’impression d’avoir pris des bêta-bloquants. Mais sur le fond, c’est très exactement la même chose, alors on change sur la forme ».

Le constat est juste, et plaisant, mais les mauvaises langues pourraient dire qu'après avoir trahi le Front de Gauche pour obtenir l'organisation de l'expo Camus, Onfray est à présent vexé d'avoir finalement dû y renoncer et mord la main dont il espérait un sucre, et que seul cet échec lui a permis de ne pas être (pour l'instant) totalement devenu le Philippe Val du quinquennat. Je ne voudrais pas lui faire un procès d'intention, mais après son coup de ... d'éclat lors des présidentielles, difficile de croire encore à la totale sincérité qui était jusqu'alors son fond de commerce.


20 octobre : SAMEDI DE CONS

Finkielkraut a invité un ahuri et une ahurie pour parler de "la création du monde". Je pensais que c'était un titre métaphorique : pas du tout. En gros, ils sont un peu moins bornés que des créationnistes bas de gamme, mais nous expliquent que, même s'il ne faut pas prendre la Bible au pied de la lettre, tout de même, il faut se poser la question ... et que si le monde ne parvient pas à expliquer par lui-même sur sa raison d'être (il parle, le monde ?), c'est sans doute qu'il a été créé par un monsieur.

Le même après-midi, faisant preuve d'une ouverture d'esprit qui me perdra (et qui en tous les cas me fait perdre mon temps), j'écoute l'émission Une Vie, une Oeuvre, consacrée à Roger Nimier, lequel s'avère, plus encore que je ne le croyais, un extrême connard, droitiste et prêt, pour impressionner le bourgeois, aux provocations les plus stériles et les plus basses.


17 octobre : A SEC DE TOILE DANS LE GROS TEMPS

Déconnecté depuis des années de l'actualité des musiques celtiques, je viens d'apprendre par hasard sur internet que Michel Tonnerre était mort cet été, le 3 juillet. Sur la photo de sa page Wikipédia, Michel Tonnerre ressemble à un Corto Maltese qui aurait eu le temps de vieillir. Il y a maintenant bien des années, quand j'ai eu la chance de le rencontrer, nous avions justement parlé de Corto Maltese, de Clint Eastwood. Mais je ne veux ni étaler mes souvenirs de bars, ni même me lancer dans un éloge funèbre.

Passant qui lis ceci, file plutôt écouter Michel Tonnerre, ici ou ailleurs.

Michel Tonnerre est mort, le monde se refroidit encore un peu plus, mais le pire c'est qu'il nous reste toujours Johnny. Monde pourri.


12 octobre : COLLABORATION ET REPUBLIQUE

Selon M., une de nos relations communes devenue inspectrice a déclaré ne pas vouloir passer ses vacances en Corse en raison de l'attitude des indépendantistes. J'argue aussitôt que les pires terroristes corses, dans leur opposition frontale, sont moins nuisibles à la République et à ses valeurs que ceux qui, en tant qu'I.P.R. collaborent à la destruction systématique et démagogique de l'école. Et je ne suis même pas sûr, en disant cela, d'être tant que cela dans le paradoxe ou la mauvaise foi.


6 octobre : DU PIED GAUCHE

Invité de Finkielkraut avec Marcel Gauchet, Jacques Julliard parvient certes à tenir quelques propos intéressants au milieu de ses niaiseries convenues, mais se met à un moment à vouloir faire la morale à la mauvaise gauche, celle des manifestations de Mélenchon, qui, précise Julliard, scandent "un mot qui n'est pas de gauche : Résistance !"

Là, même Finkielkraut tique et l'oblige à préciser que ... ben ... siiii ... quand même ... un peu ... des fois ...

L'autre retire son pied de là comme il peut, mais un peu tard.


23 septembre : PLAISANTERIE FACILE

Ulcéré de voir EELV décider de voter contre le traité budgétaire européen, le renégat néolibéral Daniel Cohn-Bendit annonce qu'il quitte "provisoirement" le parti.

On est tenté de l'y encourager avec ce slogan tout sarkozien (ce qui ne devrait pas être pour lui déplaire) : "Casse-toi, pauv' Cohn."


11 septembre : FADE TO BELGE

Je ne comptais pas évoquer le cas méprisable de Bernard Arnault, qui veut “devenir belge” pour ne pas payer les 75% d’impôts du révolutionnaire Hollande, mais je découvre ce matin qu’il porte plainte contre Libération pour cette une amusante : “Casse-toi, riche con !”

On peut critiquer Libération sur bien des points, mais il est sain que quelqu’un traite cette affaire pour ce qu’elle est (un chantage pourri) et non comme un argument sérieux contre une hausse de l’impôt qui “pèse” (sic) sur les requins.

Un autre qui a une réaction sympa (même si c’est certainement par opportunisme), c’est le baron de Rotschild : Le baron Edouard de Rothschild, principal actionnaire du quotidien et lui-même homme d'affaires fortuné, lui a apporté son soutien. "Ca me paraît dans la droite ligne de ce que Libération doit faire et doit être", a-t-il dit, ajoutant par ailleurs qu'il paierait ses impôts "de bon coeur".


2 septembre : COMMUNICATION

Revenons à cette phrase de Joyce déjà citée : "l'extension progressive du champ de la croissance et de l'expérience chez l'individu s'accompagne d'une régression dans le domaine correspondant des échanges entre les individus."

Force est de constater sa relative exactitude, mais expliquer le phénomène semble plus difficile (d'autant que les explications sont certainement multiples, et variables en fonction des individus). Je me contenterai d'évoquer ce que j'appelle la "transparence", l'effort mutuel (s'il ne l'est pas, il est malheureusement vain, voire nuisible) fait pour rendre la communication réelle, claire et honnête, pour ne pas l'opacifier par le mensonge ou l'imprécision, pour clarifier tout malentendu dès qu'il se présente, etc. Une telle attitude, la seule qui puisse produire une communication saine, suppose évidemment une confiance réciproque., laquelle, sans doute à juste titre, n'est présente que dans de très rares relations, laquelle, en outre, tend par ailleurs à se raréfier avec l'âge (nous voici revenus à Joyce), que ce soit du fait d'expériences relationnelles négatives (rien à voir, ou peu, avec l'expérience positive évoquée par Joyce) ou d'une fermeture aux autres liée au développement d'une approche carriériste, compétitive, égoïste (j'inclus dans cet égoïsme le souci de sa propre cellule familiale) de l'existence.

La transparence ne semble donc possible qu'entre et pour des individus (encore) relativement idéalistes, c'est-à-dire essentiellement jeunes : une fraction seulement de la jeunesse, bien sûr, fraction assez limitée, à la fois idéaliste, généreuse et intelligente, car sans ces qualités la communication est vouée, quel que soit l'âge, au mensonge et/ou au malentendu. Dans la mesure où l'individu tend à perdre avec l'âge cet idéalisme, cette ouverture aux autres, cette curiosité désintéressée, ce souci des idées, des idéaux et des valeurs plus que des petites victoires personnelles mesquines, il est inévitable que le peu de gens capables dans leur jeunesse d'un échange véritable cessent de plus en plus de l'être avec le temps. Ce n'est certainement pas la seule façon d'interpréter le constat de Joyce, mais c'en est une.


1° septembre : STATURE

Nadine Morano vient de déclarer que "personne à l'UMP n'a la stature de Sarkozy". Je ne sais pas si elle rend vraiment service à l'UMP en révélant aussi brutalement que c'est un parti de tocards. D'autant qu'on a très envie de lui répondre : "C'est vrai : personne à l'UMP n'a la stature de Sarkozy ... pas même Sarkozy."


25 juillet : PANTHEONISABLES

Ayant visité le Panthéon, M. me signale qu'il y reste encore beaucoup de place.

Mais parviendra-t-on à remplir un jour tant de places vacantes avec de nouveaux "grands hommes" ? Qui pourrait-on bien faire entrer un jour au Panthéon ? Jack Lang ? Xavier Bertrand ? Philippe Val ? Marc Lévy ? Bernard Kouchner ? Brice Hortefeux ? Alain Finkielkraut ? Steevy ? Chantal Delsol ?...


19 juillet : NIHILISME

La tentation est grande à notre époque de se laisser aller à un certain nihilisme, pas nécessairement destructeur, mais écoeuré, conscient de la vanité de toutes choses. Tout est-il si vain ? En un sens, il serait dommage de ne pas considérer que, même si au bout du compte tout est vain, en effet, la grandeur de la science et de l'art, pour peu qu'on y songe un peu, ont de quoi nous émerveiller. Si je pars du principe que l'homme n'est qu'un hasard de l'évolution, une poussière à l'échelle de l'univers, le simple fait que cette poussière ait poussé déjà si loin la compréhension de l'univers qui l'englobe suffit à la rendre admirable. Que la même poussière ait pu créer des oeuvres d'art splendides pour rendre son environnement et son existence plus beaux, plus supportables, sont tout aussi admirables.

On m'objectera à juste titre que les grands scientifiques et les grands artistes ne sont qu'une minorité et que le reste de l'humanité est loin d'accomplir de tels prodiges. Voyons donc un peu plus large et considérons également comme admirables (de la part d'une poussière née des hasards de l'évolution) toutes les manifestations mineures d'intelligence, de sentiment, de générosité, toute élévation, fut-elle momentanée, au-dessus du stade de la bête brute ou du trader sarkozyste.

Sans doute, même si tout le monde en est a priori capable, ces manifestations sont-elles bien rares comparées à toute la bêtise destructrice qui se donne libre cours tout autour de ces quelques manifestations isolées et temporaires. Mais elles existent et cela suffit à ne pas désespérer totalement de l'espèce humaine.

PS : parti d'un constat nihiliste, voilà donc où j'en arrive ... je me demande si je n'aurais pas (à mon insu) fumé la même chose que la dinde Delsol.


1° juillet : NAZISME ET PHILOSOPHIE

La philosophe (sic) Chantal Delsol était hier l'invitée de Finkielkraut, ainsi que le journaliste de gauche (sic) Jacques Julliard, pour faire le bilan du sarkozysme (à leur manière bien personnelle, il va de soi).

Retenons de ce tissu d'inepties :

- que, selon Mme Delsol, "80% de la classe journalistique est aujourd'hui mélenchoniste" (on ne sait pas avec quoi elle a compté, mais on peut subodorer ce qu'elle a fumé avant l'émission).

- que, selon la même, approuvée par Julliard et Finkielkraut, la gauche veut faire croire que le FN est un parti fasciste pour conserver le pouvoir (l'idée étant que si la droite pouvait enfin s'allier avec un FN dédiabolisé, elle aurait largement la majorité dans notre pays de cons, mais là c'est moi qui reformule), alors que le FN, nous explique la bonne Chantal, n'est pas un parti fasciste du tout, que "les partis d'extrême-gauche sont beaucoup moins démocratiques que lui" et que "le FN pourrait effectivement faire peur si nous avions là un parti qui veut restituer (sic) les camps nazis, qui veut recréer Auschwitz", mais ce n'est pas le cas (*).

Voilà qui est puissamment pensé. C'est vrai, ça, après tout. Et de façon plus générale, s'il y avait sur terre des gens cons et malfaisants, ils le diraient !

Un peu plus loin, notre philosophe de comptoir qualifie Jean-Jacques Rousseau de "premier bobo de l'Histoire de France". Inutile de s'attarder sur la stupidité de la formule. Relevons simplement comme ce terme de "bobo" est devenu essentiel dans l'argumentaire de la droite (PS compris), pour discréditer ses adversaires. On se souvient bien sûr des propos de la grande démocrate Marine Le Pen (qui ne porte pas de croix gammées en pendants d'oreilles, ce qui est bien la preuve que) concernant Mélenchon, qualifié de candidat des "bobos". Peut-être ne suis-je pas objectif, mais il me semblait pourtant que le bobo soutenait plus volontier le PS ou, mieux encore, Europe Ecologie. Mais foin de ces évidences, puisque le véritable ennemi est ailleurs : qualifier les électeurs socialistes ou écologistes de "bobos" ne relèverait que du pléonasme, et un pléonasme ne vaut pas grand chose pour jeter le discrédit sur quelqu'un. Voilà qui me rappelle Raphaël Enthoven, qui n'est pas du tout un "bobo" puisqu'il nous expliqua un jour que le pire snob qu'on puisse imaginer était en réalité le chanteur Renaud.

Bon, "gauche" au pouvoir ou pas, cette émission prouve que l'on n'a pas fini d'entendre de plus en plus de conneries, de contre-vérités éhontées, de sophismes boîteux et d'absurdités péremptoires assenées comme autant de preuves absolues. Bon courage à ceux qui voudront encore garder l'esprit à peu près clair dans ce naufrage : défendre des évidences de bon sens devient aujourd'hui aussi vain et épuisant que les activités de Sisyphe.

(*) : la semaine précédente, l'invité était Jean Daniel et on a pu l'entendre tomber d'accord avec Finkielkraut pour dire que le FN avait considérablement évolué en bien grâce à Marine Le Pen, car elle avait apparemment renoncé à l'antisémistisme de son père. Du moment qu'il n'est plus question des Juifs, tout est OK pour nos deux blaireaux.


20 juin : NAZISME ET POESIE

Lors de la soirée électorale de France 2, je constate que le type expédié en province pour donner les résultats de Gilbert Collard (avec deux L et, paraît-il, sans haine) l’appelle “le candidat du rassemblement bleu Marine” (*). Comme c’est charmant ! La jolie vague bleu Marine ! Une si belle formule, ce serait dommage de s’en priver, et ça sonne mieux que Front National (qui lui-même sonnait déjà un peu mieux que NSDAP ou SS).

De même, l'amalgame est de plus en plus fréquent à droite entre le Front de Gauche (par ailleurs très abusivement qualifié d'extrême-gauche) et le Front National, sans que cela semble choquer la plupart des journalistes ou des interlocuteurs PS. Pourtant, après l'échec de la plupart des candidats UMP qui se sont rapprochés du FN (en particulier la harengère du Toulois), les plus républicains commencent à dénoncer la dérive droitière de l'ère Sarkozy et Thierry Solère, dissident UMP qui vient de battre Claude Guéant, a même été jusqu'à rappeler que "l'extrême gauche en France était dans la résistance. L'extrême droite française était à l'époque dans la collaboration".

(*) : à juste titre d'ailleurs puisque Collard se présente sous cette étiquette et ne fait pas officiellement partie du FN, ce qui a fait dire au gros blond (qui visiblement a du mal à l'encaisser) que le FN n'avait qu'un seul député puisque Collard ne compte pas. Mais laissons ces abrutis se bouffer la gueule entre eux.


16 juin : FRANCOIS FILLON, LA BALLADE DES VENDUS

Venu soutenir Nadine Morano à Toul, François Fillon a dit ceci : "Elle a déclaré que les électeurs du FN partageaient les mêmes valeurs qu'elle et, moi, je partage les mêmes valeurs que Mme Morano. Mais les valeurs de Mme Morano, ce ne sont pas les valeurs du Front national."

Nous renvoyons M. Fillon à la Logique de Port-Royal.


3 juin : LE CRETIN DE LA SEMAINE

Depuis que Sarkozy a quitté le pouvoir et que son disciple Mickael Vendetta a quitté la France pour la punir de son vote infâmant en la privant de sa présence, les crétins de la semaine présentent un peu plus de variété. Retenons cette semaine Luka Rocco Magnotta (sic), une sorte de Vendetta canadien dans la mesure où il a lui aussi écumé les castings de télé-réalité, mais qui a également cherché à se faire connaître en faisant l'acteur dans des pornos, en postant des vidéos de lui nourrissant un python de chatons vivants (*) et, plus récemment et avec plus de succès cette fois, en dépeçant un étudiant chinois puis en expédiant des morceaux de sa victime au siège de divers partis politiques canadiens, lesquels, n'en ayant pas l'usage, ont préféré avertir la police.

Je ne mentionnerais pas ce crétin s'il n'avait également déclaré épouser les thèses des suprématistes blancs, c'est-à-dire des néo-nazis locaux. Cela confirme s'il en était besoin le profil du militant d'extrême-droite : crétin et narcissique (nous ne parlons pas ici des simples électeurs, que l'ignorance crasse suffit à caractériser). Voilà visiblement un type capable de n'importe quoi pour faire parler de lui, comme Breivik. C'est certainement pour ces gens-là le seul moyen de se sentir exister, de donner un sens, fut-il grotesque, à leur vie. Incapables de s'ouvrir à autre chose que leur dérisoire petite personne, il ne peut leur venir à l'esprit qu'aimer quelqu'un, par exemple, pourrait être une raison d'être plus épanouissante, ou encore s'intéresser à l'art, à la pensée, aux grandes réalisations de l'humanité. La seule manière dont Magnotta semble avoir conçu qu'on puisse explorer à la fois l'art et l'amour, à savoir la pornographie, semble n'avoir été abordée que dans le même état d'esprit désespérément et stupidement égocentré. Que diable ! Pour devenir une véritable star du X, comme pour devenir un acteur shakespearien, il faut (du moins je le suppose) commencer par étudier modestement le travail des grands prédécesseurs !

Un mot encore sur le rapport de ce débile aux animaux. Feue Jackie Sardou disait qu'il fallait rétablir la peine de mort pour ceux qui maltraitaient les animaux. Et Brigitte Bardot condamne certainement elle aussi les actes de Magnotta, du moins ceux perpétrés sur des animaux, car en ce qui concerne le chinois on peut supposer qu'elle s'en tamponne. Tout cela nous montre que l'extrême-droite est un univers plus complexe qu'il n'y paraît à première vue, en tous cas sur la thématique animalière. D'ailleurs, qu'est-ce que Brigitte Bardot, sinon une sorte de Magnotta féminin qui aurait réussi sans passer par le crime de sang : même désir de gloire facilement acquise en montrant son cul, puis, le temps (et le corps) passant, même reconversion dans les vociférations d'extrême-droite.

(*) : au risque de se faire griffer ! quel courage ! dommage qu'il n'ait pas persévéré dans cette voie en essayant de livrer en pâture au même python quelque tigre adulte !


25 mai : NAVIRES ET LITTERATURE

"Ne m'appelez plus jamais France !" chantait sans rire (il ne rit jamais) Michel Sardou. Après Rimbaud, c'est le second poète français qui se met en tête de s'exprimer au nom d'une embarcation. Sauf qu'ici ce n'est pas le bateau qui a l'air d'être bourré.


15 mai : CARTHAGE

On connaît en général bien mieux la deuxième des guerres puniques, celle menée par Hannibal, que la troisième. Pourtant, celle-ci est édifiante quant à la bassesse dont était capable Rome.

Rome déclare la guerre sur un simple prétexte à une Carthage qui ne cherche plus à lui nuire depuis un demi-siècle et qui se hâte d'ailleurs d'accepter ses conditions de paix, à savoir des otages mais aussi sa flotte et toutes les armes dont dispose Carthage. Tout cela étant livré, Rome ajoute une condition : que tout le monde quitte la ville, qui sera rasée.

C'est alors que les Carthaginois décident de résister, reforgent des armes en urgence et tiennent tête trois années durant aux Romains qui les assiègent.


12 mai : ANATOMIE SOMMAIRE DE LA REACTION

Curieusement, l'histoire antique semble nous montrer qu'à Rome comme en Grèce la "république" ou la "démocratie" ont d'abord été les créations d'une aristocratie voulant éliminer des rois ou des "tyrans" agissant un peu trop au service du peuple. Que cela soit vrai ou non, cela montre surtout, hélas, qu'un peuple politiquement inéduqué est aisément manipulable. Ce n'est pas un scoop.

L'hystérie récente de la droite vaincue face à la victoire de la droite (de l'autre droite, qui se fait appeler "la gauche") montre assez bien comment on peut semer le trouble dans une population ignare avec quelques slogans et quelques prophéties d'apocalypse. En l'occurence, François Hollande ne mérite pas de susciter un tel effroi et on aurait plutôt raison de craindre qu'il n'applique pas même le dixième de son programme tiède. Mais peu importe, ce qui m'intéresse ici est la façon dont un élite sociale, menacée, même fort timidement comme c'est le cas aujourd'hui, dans ses exorbitants privilèges, parvient à mettre de son côté au moins une partie des classes populaires, alors que celles-ci auraient tout à gagner d'une politique de gauche. L'ivresse et les dérives du pouvoir dans les révolutions sont une chose, mais il serait intéressant de savoir comment auraient tourné la Révolution française, ou même la Révolution russe, si elles avaient pu se concentrer sur l'application de leur programme au lieu de devoir tourner leurs énergies dans des guerres défensives, civiles ou non.

La chouannerie par exemple est un bel exemple. Le peuple ne pouvait que gagner à cette Révolution, mais, voyant les choses mal tourner pour elle, une certaine élite se replie sur les zones les plus obscurantistes de l'époque pour exciter des demeurés à coups de slogans et les envoyer se faire massacrer pour elle.

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LES FEMMES DU PRESIDENT (SORTI)

A moins de supposer à Sarkozy un pouvoir de séduction qui n'a rien d'évident à première vue (mais la fascination du pouvoir, ou peut-être même de la simple gesticulation, est sur les dindes sans doute plus grand qu'on ne l'imagine), ses péripéties conjugales (pour se limiter à cela) sont un défi à la compréhension. On se demande encore ce que Carla Bruni attendait d'une telle union et la nouvelle question est : jusques à quand fera-t-elle encore semblant avant de passer à autre chose ?

Le cas de Cecilia est tout aussi étrange : pourquoi est-elle partie justement lorsque Sarkozy accédait au pouvoir "suprême", elle qui avait tellement oeuvré pour cela ? Juste pour s'assurer une pension alimentaire plus importante ?

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SPAM & DEVENIR

Un organisme auquel je n'ai rien demandé et auquel je n'ai pas souvenir d'avoir communiqué mon adresse électronique m'envoie une offre de formation pour "devenir un trader professionnel". J'ai répondu à ces gens que je trouvais certes l'idée exaltante, mais moins que de devenir une morve de taupe.


11 mai : CASSE-TOI, PAUV' COMPTE !

Après la victoire de Mitterrand en 1981, des tas d'ahuris foncèrent planquer leur fric en Suisse, persuadés que les chars russes allaient bientôt débouler. Il semblerait que le phénomène se reproduise depuis la victoire de Hollande, ce qui est proprement stupéfiant. D'une part, après avoir vu Mitterrand puis Jospin mener une politique parfaitement libérale, il faut vraiment être un con de droite bien épais pour avoir peur de François Hollande. D'autre part, je suis surpris d'apprendre que ces individus n'avaient pas DEJA placé leur fric en Suisse, en Belgique ou dans l'un quelconque des nombreux paradis fiscaux à leur disposition.

Concernant le second point, mon hypothèse est que le fric était en effet déjà placé "à l'abri" (de l'intérêt collectif), mais que le dépit de voir la droite battue amène ces gens à parler comme d'une menace d'une chose qui est déjà réalisée, comme un unique et pitoyable argument ("puisque c'est comme ça, que vous êtes méchants et que vous avez élu un partageux au couteau entre les dents, toute la richesse va émigrer et ce sera bien fait pour vous") et en même temps comme une sorte de prétexte rétroactif ("ça fait longtemps que je planque mon fric ailleurs, mais finalement j'ai bien fait") propre à entretenir leur bonne conscience.


10 mai : LES 12 TRAVAUX DE MELENCHON

Malgré certaines divergences et quoi qu'en pense Michel Onfray, j'admire de plus en plus ce type (Mélenchon : Onfray, j'ai hélas plutôt tendance à l'admirer de moins en moins). A peine sorti de sa fabuleuse campagne présidentielle, il serait question qu'il se présente aux législatives dans le Pas-de-Calais face à Marine Le Pen. Il ne lâche pas le morceau (si j'ose dire), voué à la fois à tirer Hollande vers la gauche et à nettoyer les écuries d'Augias du vote FN, deux choses indispensables si nous voulons sortir de l'impasse.

Mais le plus admirable, c'est qu'il ait réintroduit la réflexion et l'argumentation dans un "débat" politique depuis longtemps cantonné aux slogans, qu'il s'attaque aux problèmes, et en particulier au problème que constitue le FN, par un discours rationnel et non par l'éternel catéchisme à formules de la pseudo-gauche.

En Grèce (puisque nous évoquions les douze travaux) et dans des circonstances différentes, Alexis Tsipras est confronté aux deux mêmes défis : sortir son pays de la logique néolibérale des partis "de gouvernement", tout en évitant que la crise ne profite à l'extrême-droite.

Bonne chance à eux !


9 mai : RÂCLURES ET NIGAUDS

Cette fois encore, je n'ai fait que survoler épisodiquement la soirée électorale tant elle manquait d'intérêt. Je n'en retiendrai que les commentaires de "militants" (supporters serait plus juste, dans les deux camps), plus dignes d'un prime de la Star Ac' que d'une élection présidentielle : pour les uns, "c'est super, François Hollande il a gagné", quant aux autres, ils sont "dég" (on se souviendra de cette charmante pétasse UMP quasiment en larmes hurlant "connard", je suppose à l'adresse du visage de Hollande qui venait de s'afficher, à moins que ce ne soit à celle de son looser de candidat). On se croirait revenu aux interviews de l'entre-deux-tours 2002 : de l'émotion brute et bête, de l'impulsion, mais évidemment aucune analyse politique. A moins de considérer comme telle cette rengaine des militants UMP : "si c'est comme ça, moi je fais mes valises et je pars en Suisse", révélatrice de ce sens profond de l'intérêt collectif qu'on leur connaît déjà.

A propos de ce honteux projet de taxation des riches qui choque aussi bien Steevy que Jamel Debbouze (qui veut bien soutenir Hollande mais qui estime que si la gauche commence à répartir un peu les richesses ça va un peu trop loin), voici une page web fort instructive :

http://convertisseur.kingconv.com/v/liliane/


3 mai : REPORT DE VOIX

D'après un sondage, au second tour, Sarkozy "obtiendrait le vote de 50% des électeurs de Marine Le Pen, 39% de ceux de François Bayrou et 9% de ceux de Jean-Luc Mélenchon."

Le dernier chiffre me laisse sceptique. Je conçois (et même fort bien) qu'un électeur de Mélenchon s'abstienne au second tour ou vote blanc. Je conçois même relativement bien qu'il vote Hollande par simple hommage à l'invention du vide-ordures. Mais qu'il puisse voter Sarkozy me dépasse totalement, même si je crois qu'à long terme cinq ans supplémentaires de sarkozysme seraient peut-être plus efficaces que cinq ans d'incurie PS pour favoriser une montée du Front de Gauche et éviter le FN en 2017. Mais, la connerie des électeurs étant ce qu'elle est, ce n'est même pas certain et, ne sachant si je serai encore là en 2017 (ni d'ailleurs la planète tout entière si l'on en croit les grotesques prophéties attribuées aux aztèques par de sombres demeurés), je préfère ne pas voir si loin et vivre les cinq prochaines années dans un climat, sinon plaisant, en tous cas moins nauséabond que celui des cinq années passées.

Tout cela pour dire que je ne crois pas une seule seconde aux 9% de mélenchonistes qui voteront Sarkozy. J'ai tendance à croire qu'il s'agit en réalité de cette frange de fascistes honteux qui ont prétendu avant le second tour qu'ils voteraient Mélenchon parce qu'ils n'osent pas avouer qu'ils votent FN.


2 mai : FORCENES

Le hasard des titres de presse sélectionnés par Google Actualités fait que j'y trouve notamment les deux titres suivants : "Un forcené interpelé à la mairie de Maisons Laffitte - Le Parisien" et "Un forcené retranché au Plessis-Robinson - Europe 1". Après vérification, il n'y a aucune erreur de localisation et il s'agit bien de deux forcenés différents. Simple coïncidence donc, mais qui m'invite à relire à cette lumière les autres titres sélectionnés :

"Les forcenés afghans annoncent une offensive contre l'OTAN."

"DSK : ce qui attend le forcené après le rejet de son immunité."

"Elections : l'écart se resserre entre François Hollande et un forcené."


25 avril : RATEAU

Depuis dimanche, renonçant au peu de décence (inutile de parler d'une hypothétique "dignité" dont nous n'avons jamais vu la couleur), Sarkozy drague plus éhontément que jamais les électeurs du FN. Peine perdue à mon avis, car ceux-ci ont beau être très cons, il leur a déjà fait le coup il y a cinq ans et je suppose (mais je peux me tromper car mystérieuse est la connerie du faf) que la plupart de ces gens vont s'épargner tout déplacement inutile au second tour. Et en se pétainisant plus que jamais, Sarkozy risque au contraire de détourner de lui les électeurs de Bayrou, et peut-être même une partie de ceux de l'UMP, qui ont bien voulu voter pour le candidat auto-désigné de ce parti malgré cinq années de scandales et d'abjections variées mais qui pourraient juger que là, tout de même, ça va un peu trop loin pour leur bonne conscience.

Evidemment, le problème, c'est que si Sarkozy axait au contraire sa campagne de second tour sur un programme néolibéral plus classique et sans croix gammées dedans, il en serait réduit à tenir à peu près le même discours que Hollande.

Tout est possible avec un manipulateur tel que lui, y compris une réélection-surprise, mais il n'en prend pas le chemin avec cette méthode. Je ne me réjouis que modérément de sa défaite puisqu'elle se fera au profit d'un branquignol à peine moins nuisible et d'une clique à peine moins maffieuse, mais enfin sa défaite semble extrêmement probable et il aurait sans doute pu s'épargner, après cinq années grotesques, le ridicule ultime de se mettre plus bas que terre pour racoler du nazi (et de n'en accrocher quasiment aucun, telle une professionnelle sur le retour dont même les plus paumés ne voudraient plus, même pour rien).


23 avril : BILAN NAVRANT

Inutile de disserter sur l'écoeurement que suscite en moi les résultats. Je me contenterai de reproduire cette intervention de Philippe Sage publiée (malgré tout) sur le site du Nouvel Observateur et qui décrit assez bien un des aspects les plus révoltants de cette défaite (et de cette remontée triomphale du FN).


DERNIERE MINUTE : FRANCOIS HOLLANDE RETIRE SA CANDIDATURE

Le candidat PS François Hollande vient d'annoncer qui renonçait à se présenter aux présidentielles de 2012, dans le but d'éviter un trop grand éparpillement des voix. Il a déclaré : "J'appelle ceux qui voulaient voter pour moi en raison de mon projet libéral à reporter leurs suffrages sur un autre candidat de droite, Nicolas Sarkozy, François Bayrou ou Dominique de Villepin, par exemple. Quant aux électeurs qui souhaitent une politique de gauche que je n'avais ni les moyens ni l'intention de mener, je les invite à voter pour un véritable candidat de gauche, Mélenchon, Chevènement ou autre."

Oui, oui, poisson d'avril, voilà ...


18 avril : LE CHOC DES INCULTURES

J'ai déjà dit ici ce que je pensais de l'ignoble concept de "choc des civilisations". Qu'il puisse perdurer dans l'esprit fangeux de l'extrême-droite, c'est inévitable : mais qu'on ait pu lui donner une telle publicité, le considérer avec autant de respect et de sérieux depuis dix ans, c'est cela qui est sidérant. Comme je l'ai déjà dit (répété en boucle) également, aucune civilisation n'est bonne ou mauvaise par elle-même, elle peut tout au plus connaître des stades plus ou moins archaïques ou régressifs, et surtout le seul concept-clé qui permet de comprendre l'Humanité est la connerie. La connerie est la chose du monde la mieux partagée et elle sévit dans TOUTES les civilisations. Dès lors qu'on n'aborde pas les problèmes par l'usage de la Raison, que l'on préfère s'adresser aux instincts, aux pulsions, aux passions, on entre dans un cercle vicieux où chaque groupe ou individu se mettra dès lors à rivaliser de connerie avec les autres.

Bref, il n'y a pas de choc des cultures (les notions même de culture et de civilisation, dans leur sens le plus noble, vont à l'encontre de l'idée même de choc, d'affrontement brutal), mais plutôt bel et bien (et ce n'est pas nouveau) choc des incultures.

Bush ou Ben Laden, Anders Breivik ou Mohammed Merah : rien de plus qu'une pitoyable collision (et collusion) de connerie.

***

LE MERCATO QUINQUENNAL DES RATS

Comme il y a cinq ans, mais dans l'autre sens, toute une bande de rats est en train de quitter le navire Sarkozy pour afficher son soutien à Hollande. Une raison de plus pour voter Mélenchon !

La presse "sérieuse" (comprenez "d'inspiration libérale" et excluez les farfelus du genre Mediapart) et en particulier la presse dite "de gauche", Nouvel Obs en tête, poursuit sa campagne anti-Mélenchon. Jospin l'avait naguère chargé de raccompagner Bachar el-Assad à l'aéroport : du coup on nous sort une photo où l'on voit Mélenchon marcher à côté du Boucher de l'Année 2012 et supposée prouver qu'ils s'entendent comme larrons en foire (ce que leurs mines sur la photo ne suggère que fort médiocrement).

Si par miracle Mélenchon était élu, il devrait encore faire face durant cinq ans à une opposition démentielle de la part de ces médias (sans parler évidemment du MEDEF, des banques, etc.) Je suggèrerais volontiers que l'Etat reprenne en main TF1, qui n'aurait jamais dû être privatisée et qui, en tant que chaîne la plus regardée (je suppose, ou parmi les plus regardées) est actuellement pour l'idéologie néolibérale (mais aussi sécuritaire, sans parler de la défense des petits métiers de nos régions chère à Jean-Pierre Pernaut) une tribune formidable. Depuis sa privatisation, la chaîne a fait des bénéfices considérables : l'Etat pourrait se contenter de la racheter au prix où elle a été vendue jadis et remplacer tous ces larbins par de vrais journalistes (s'il en existe encore).


12 avril : LE MASSACRE CONTINUE

Lorsque j'évoquais tous les individus que j'ai admiré à une époque et qui ont eu l'évolution la plus consternante, les Finkielkraut ou les Philippe Val, et que je cherchais à qui l'on pouvait encore se raccrocher, il n'y avait plus guère que Michel Onfray, intègre et généralement pertinent malgré ses à peu près. Eh bien c'est terminé. Michel Onfray, bêtise ou trahison, vient de rejoindre à sa manière, en posant à l'anarchiste, les bataillons d'éditorialistes et pseudo-penseurs désormais voués à un seul but : flinguer Mélenchon qui est en train de monter dangereusement dans les sondages.

Onfray déclare en substance qu'il est d'accord à 100% avec le programme de politique intérieure du Front de Gauche, mais qu'il ne votera pas Mélenchon, préférant voter blanc aux deux tours (voilà pour la pose anarchiste), car il désapprouve certaines provocations de Mélenchon vantant les régimes de Chavez ou de Castro.

Comme j'ai déjà pu le dire, je ne sais pas si Mélenchon tiendra ses promesses, mais la situation va empirer à tous points de vue, économiquement et socialement, et lui seul représente aujourd'hui une alternative possible et qui mérite d'être tentée. Le pire, c'est qu'Onfray le pense également et qu'il fasse tout de même ce choix stupide pour un motif aussi faible et contestable. Peut-être a-t-il en fait un problème personnel avec Mélenchon (ce qui ne suffirait pas à justifier une telle irresponsabilité), peut-être fait-il réellement un blocage sur ces provocations ... J'espère au moins qu'il agit ainsi parce qu'il croit, stupidement mais sincèrement, que c'est la meilleure chose à faire, et non, comme tant de rats avant lui, pour contribuer sciemment à l'échec de Mélenchon et en obtenir quelque récompense. Ca ne ressemble en rien au Michel Onfray que l'on a connu, mais je n'aurais jamais cru possible non plus il y a dix ans l'évolution qui a été celle de Philippe Val.

D'ailleurs, comme pour Val avec le TCE, j'ai soutenu Onfray lors de la polémique sur Freud, j'ai entendu ses arguments et admis que son approche, si elle n'épuisait pas le sujet, avait son intérêt, refusant en tous cas d'y voir comme beaucoup une polémique facile destinée à faire un coup de pub et à bien vendre son bouquin. Dans le cas de Val, l'étape suivante fut l'affaire Siné. Puis l'affaire Guillon.

***

John Winthrop (1588-1649), premier gouverneur du Massachussetts : "Si nous n'avons aucun droit sur cette terre, cependant Dieu y a un droit entier. Et s'il lui a plu de nous la donner en l'enlevant à un peuple qui l'a si longtemps usurpé (?) et en a fait un mauvais usage (???), qui peut trouver à redire à ces actes et à ces fins ?"


4 avril : AGE D'OR

Paradoxalement, les Trente Glorieuses, avec la droite au pouvoir, apparaissent aujourd'hui comme un Age d'Or, même (surtout ?) pour les gens de gauche, tandis que l'arrivée du PS au pouvoir en 1981 coïncide plus ou moins avec le début d'une ère de régression.

On peut évidemment nuancer cela en disant que cela coïncide surtout avec l'arrivée de la "Crise", ou plus exactement avec le début de la contre-offensive libérale sous prétexte de crise, laquelle n'a guère eu d'incidence (une incidence qu'on aurait d'ailleur pu et dû contrôler) que sur l'emploi. Il ne faut pas oublier que la protection sociale forte, la nationalisation des secteurs-clés, qui marquent la période des Trente Glorieuses sont le fruit de la Libération et des revendications de la frange communistes de la Résistance, revendications acceptées à l'époque même par la droite gaulliste comme allant de soi. Ne pas oublier non plus qu'à partir de la Crise, la droite comme la gauche ont mené la même politique de dérégulation et de régression sociale. Bref, la première période, malgré la droite au pouvoir, est restée dominée (en tous cas dans certains domaines essentiels) par une idéologie de gauche issue de la Libération, tandis que la seconde (que l'Etat soit aux mains de la droite ou du PS) est dominée par l'idéologie néolibérale.

Au fond, les seules choses qui a positivement changé à partir de 1981, ce sont quelques avancées "sociétales" (abolition de la peine de mort, PACS,...) plus ou moins importantes, mais qui ne suffisent pas à compenser les régressions économiques et sociales qui s'accomplissaient en parallèle.


2 avril : MELENCHON vs SARKOZY

Malgré son encourageante progression, je ne me fais guère d'illusions sur les probabilités de voir Mélenchon au second tour ; en revanche, j'avais la naïveté de croire que, s'il y parvenait, il était forcément vainqueur de ce second tour, face à un Sarkozy aussi largement détesté.

Je viens de discuter avec quelqu'un qui pense qu'il n'en serait rien, que la majorité des Français trouvera toujours Mélenchon "trop à gauche" et que dans un tel cas de figure, même des électeurs PS préféreraient sans doute voter Sarkozy.

J'aimerais tout de même voir ça, rien que pour voir si les gens sont à ce point stupides et rien que pour avoir ainsi un prétexte radical pour ne plus me soucier le moins du monde de politique.


31 mars : FINKIELKRAUT vs LES PIRES CRIMINELS QUI SOIENT (ex aequo avec Mediapart)

L'émission du jour est consacrée à "L'Humour roi". La critique du phénomène est en partie intéressante, en particulier concernant la prolifération de pseudo-humoristes quasi-identiques, développant un "humour de copains" d'un niveau guère plus élevé que les blagues de potes, un humour fondé sur le consensus et le "rire ensemble" plutôt que sur la réflexion critique. Mais on sent trop bien (sans véritable surprise) que derrière la virulence de Finkielkraut (mais aussi de ses deux invités, Albert Algoud et François L'Yvonnet), c'est moins la médiocrité générale des humoristes qui est en cause que la critique politique exercée par certains d'entre eux à l'encontre des "évidences" d'un discours dominant que ces messieurs souhaiteraient voir dominer plus absolument encore, ne supportant plus la moindre contradiction, surtout si elle est portée par des "amuseurs" susceptibles de toucher les masses populaires (classe laborieuse, classe dangereuse).

Le vrai visage de ces Tartuffes se découvre au bout de quelques minutes à peine lorsque François L'Yvonnet précise qu'il n'a rien contre le véritable humour et qu'il y a encore aujourd'hui des humoristes de talent et que, sommé de fournir quelques exemples, il cite Jacques Mailhot, ainsi que Chevallier et Laspalès ... ce qui laisse rêveur quant à son opposition entre l'humour débile et la réflexion critique.

En outre, je sais bien que Jean Amadou et Jacques Faizant sont morts, mais ce malotru aurait tout de même pu ajouter à sa liste d'autres pointures telles que Jean Roucas ou Guy Montagné.


24 mars : 14% ?

Suites de l'affaire de Toulouse. Guéant a précisé que Merah était effectivement connu comme islamiste radical, mais n'avait pas manifesté jusqu'alors de tendances "criminelles" : comme si le radicalisme religieux n'était pas en soi une tendance criminelle !

Le frère aîné se dit "fier" et dit ne pas regretter les tueries. Ce connard sort de sa garde à vue parfaitement libre puisqu'il a visiblement su pousser quelqu'un de plus faible que lui à agir ("se ravaler au rang de la bête" serait plus juste) à sa place, préservant habilement sa propre peau, et il se permet encore de sortir de pareilles ignominies !

Si cette affaire a inévitablement fait remonter Sarkozy dans le coeur d'un certain électorat, il est plus étonnant qu'elle n'ait pas bénéficié à Marine Le Pen et qu'elle n'ait pas davantage réussi à détourner l'attention publique des progrès du Front de Gauche, notamment après sa grande manifestation de dimanche dernier à la Bastille. A en croire les derniers sondages, Mélenchon poursuit sa progression et, avec 14% d'intentions de vote, prend désormais la troisième position, passant devant La Pen et Bayrou.

Il faut certes raison garder. Le nombre d'électeur potentiellement convertible au Front de Gauche n'est pas infini et cette impressionnante progression s'arrêtera nécessairement quelque part ... mais où ? De plus en plus de seuils psychologiques sont franchis, un cercle vertueux s'installe et plus Mélenchon grimpe dans les sondages (et malgré ces médias et ces instituts de sondages qui ont résisté autant qu'ils ont pu avant d'admettre son importance), plus des électeurs de gauche décidés à voter Hollande par défaut en viennent à se dire que si Mélenchon a une chance, cette chance mérite d'être tentée.


23 mars : TOULOUSE

Tout acte de terrorisme aveugle est ignoble, tout acte de terrorisme aveugle l'est aussi. Les tueries de Montauban et de Toulouse semblent relever des deux à la fois. Inutile d'ajouter quoi que ce soit pour qualifier les actes eux-mêmes.

En revanche, et quitte à passer pour un un théoricien du complot, il y a des questions à se poser, et tout d'abord : pourquoi tout cela at-il eu lieu précisément à quelques semaines des présidéntielles ? Avant même l'identification officielle du coupable, on aurait pu parier :

1 - que l'affaire allait faire remonter Sarkozy dans les sondages auprès de sa base électorale, déçue par cinq années de cocufiage forcené mais toujours prête à rentrer au bercail dès qu'on fait appel à ce qu'il y a de plus sensible en elle : la peur.

2 - que le coupable serait tué dans l'opération et n'aurait donc jamais l'occasion de raconter de fournir toutes les explications (un peu comme autrefois "Human Bomb" à Neuilly : il ne fait pas bon négocier avec la police quand Sarko est dans les parages). Le commandant Prouteau, fondateur du GIGN, estime qu'on aurait facilement pu faire sortir le tueur en quelques minutes rien qu'avec des lacrymogènes.

Bref, voilà un type à la fois fanatique et déséquilibré, connu des services de renseignement, qui se "déclenche" tout à coup au moment "idéal". J'ai peut-être tort mais je peine à croire qu'il n'y a dans tout cela que du hasard. On sait bien que la principale technique de persuasion de Sarkozy est de manipuler les peurs et les émotions que suscitent les faits divers (faits divers qu'on peut parfois être amené à se demander s'il ne les suscite pas lui-même).


18 mars : ENFIN UN PEU D'ESPOIR ?

Lors de la précédente campagne présidentielle, tout était joué d'avance et les idées auxquelles je crois n'étaient portées par aucun candidat capable de faire un score important : je serais même tenté de dire qu'elles n'étaient portées par personne. Cette année, et même si je ne me retrouve que partiellement dans le programme du Front de Gauche, nous avons non seulement un projet qui va globalement dans la bonne direction, mais également un candidat suffisamment courageux pour l'appliquer contre vents et marées (et il y en aura) s'il est élu, et un candidat qui mène une campagne qui m'épate chaque jour davantage. Il a désormais franchi le seuil psychologique de 10% dans les sondages et mène uen campagne comme on n'en avait pas vu depuis longtemps, une campagne fondée sur les idées, sur la raison, sur la force de conviction, et non sur de simples techniques de marketing.

Bref, malgré mes quelques réserves et bien qu'un tel miracle semble peu probable en si peu de temps, j'espère de tout coeur voir Mélenchon monter encore, passer devant le lamentable Hollande, accéder au second tour et là, quasi inévitablement si cette étape est franchie, l'emporter.

J'espère qu'un grand nombre de mes concitoyens seront cette année plus citoyens que ... qu'ils ne l'ont été en 2007. Parce que le pays a besoin de sortir d'un marasme qu'Hollande ne ferait qu'atténuer légèrement.

Et même si on se fout de l'avenir du pays, ne serait-ce que pour avoir droit à un vrai débat entre les deux tours, à un beau combat face à Sarkozy ou même face à Marine Le Pen qui refusa justement si piteusement il y a quelques semaines de débattre avec lui, rien que pour cela, je crois que ça vaut la peine d'aller voter en masse au premier tour.


10 mars : RACAILLE EN HERBE

Un enfant extrêmement mal élevé a jeté des billes et une tomate sur une policière. Le père, d’origine immigrée, ne semble pas avoir inculqué le respect des valeurs républicaines (et de ceux qui les représentent) à cette graine de délinquant.

Si l’on suivait les consignes de notre président, les parents de cette petite racaille se verraient supprimer les allocs et on devrait même envisager (attaquer des policiers étant pour M. Sarkozy une des choses les plus graves qui soient) de renvoyer toute cette populace dans ses pays d’origine (Hongrie pour le père, Italie pour la belle-mère, une braillarde bien connue dans son quartier).

Pour plus d’infos :

http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/candidats/louis-sarkozy-lance-des-billes-sur-une-policiere-depuis-l-elysee-10-03-2012-1899030.php


29 février : ELITE SOCIALE ET LOI DE LA JUNGLE

Ce sont les génies, intellectuels, scientifiques, artistes, qui font avancer l'humanité. Le mode de vie des élites sociales ne serait rien sans eux ; elles ne font que tirer les marrons du feu. Si le fin mot de l'existence était "écraser les plus faibles", les plus forts se contenteraient de bouffer davantage de viande crue que les autres, mais nous en serions encore au stade animal.


28 février : MOI ET MES COPAINS D'ABORD

C'est peu de dire que les sujets d'écoeurement ne manquent pas dans le monde actuel. Il semble que le slogan ait tout conquis, que la répétition de n'importe quoi parvienne à faire de n'importe quelle absurdité une évidence, au détriment de toute logique comme de toute valeur morale. La dernière satisfaction que puissent avoir les dinosaures que nous sommes, c'est de se souvenir de certaines vérités et de certaines valeurs dans un monde où elles ont été effacées. A condition de tenir bon face à la folie ambiante, ce qui n'est pas si simple.

On peut voir un exemple de la confusion contemporaine dans le fait que le président-candidat Sarkozy a paraît-il mis en ligne une "playlist" contenant des chansons qu'il aime. C'est en soi assez ridicule et on se prend à regretter une fois de plus Charles De Gaulle, qui nous aurait épargné ce genre de marketing politique indigne, mais le plus choquant (pour moi) est qu'on puisse trouver sur cette playlist, à côté de génies comme Julien Clerc, Aznavour ou Carla Bruni, une chanson de Brassens. Pauvre Brassens ! Après Juliette Greco qui soutient Hadopi, voilà Sarkozy qui proclame son amour pour lui. Evidemment, le pauvre bougre n'est pas assez éclairé pour se rendre compte à quel point il incarne (au centuple) tout ce que vomissait Brassens. Il s'est juste dit que ça ferait bien sur sa playlist, à la fois populaire et de qualité ... Il aime d'ailleurs sans doute sincèrement certaines chansons de Brassens, dont il ne comprend pas entièrement le sens et les enjeux (en l'occurence, c'est l'Auvergnat qu'il a mis sur sa liste, le flingueur de sans-papiers ...). Il doit sincèrement se dire : "c'est sympa, Brassens, c'est rigolo, par exemple celle avec le singe qui s'tape un type, c'est rigolo ça."

On peut d'ailleurs supposer que c'est Raphaël Enthoven, philosophe de salon et ex de Madame, qui lui explique les chansons de Brassens, Enthoven dont je notais un jour la remarque au sujet de ce fameux singe. Comme son invité affirmait que les chansons de Brassens avaient souvent une moralité comme chez La Fontaine et s'apprêtait à prendre l'exemple du Gorille, Enthoven, toujours prêt à interrompre un véritable érudit pour briller, s'est écrié : "C'est qu'il vaut mieux coucher avec une vieille qu'avec un juge !", l'autre lui précisant gentiment : "Si vous voulez, mais c'est surtout une chanson contre la peine de mort."


14 février : IL FAUT LAISSER LA CHANCE AUX FACHOS

... comme chantait jadis l'illustre Pascal Sevran, grand vitupérateur des "nègres" (sic).

Bayrou a proposé récemment au PS et à diverses autres formations de s'associer pour fournir des signatures à Madame FN. Tout le monde a décliné l'offre, mais tout le monde estime que "ce serait un problème si le FN n'était pas représenté à la présidentielle" dans la mesure où il représente près d'un français sur cinq.

Ils sont sympathiques, les boy-scouts de la démocratie. En 1933, si Hitler n'avait pas eu assez de signatures, ou de flingues, ou de je ne sais quoi, pour prendre le pouvoir, ces crétins auraient fait une collecte, organisé un Nazithon, pour que ces braves gens, qui représentaient après tout une partie de l'opinion, puissent participer (joyeusement comme il sied) au jeu démocratique.

Il va de soi que ne pas fournir de signatures à la légère à n'importe quel facho est tout à l'honneur des maires, même s'il s'agit visiblement ici d'une simple et mesquine consigne tacticienne. Il va de soi aussi que cela ne suffit pas pour lutter contre le fascisme et que pour cela il faudrait lutter contre ses causes, ce que les donneurs de consignes n'ont certainement aucune intention de faire.

Cela dit, l'initiative de Bayrou, pour grotesque qu'elle soit, a eu au moins le mérite de donner lieu à une réaction offusquée de la Pen qui ne veut de l'aide de personne.


7 février : LA PEN ET LES SIGNATURES (FABLE ?)

Les difficultés qu'éprouve La Pen à obtenir ses 500 signatures est un grand classique du FN, excellente occasion pour les anti-démocrates de hurler au déni de démocratie. Mais il semblerait que cette fois la difficulté soit réelle et qu'il existe une chance pour qu'elle ne les obtienne vraiment pas. N'éprouvant à la vérité que fort peu de compassion pour les déboires administratifs des fascistes, j'ai d'abord cherché à envisager les aspects positifs (je veux dire : plus positifs encore que la simple absence du FN) que cela pourrait avoir sur l'élection. Je me suis dit qu'une grande partie de l'électorat populaire des Pen, déçus depuis des décennies (et à juste titre) tant par le PS que par l'UMP (encore qu'on puisse difficilement être "déçu" par l'UMP dans la mesure où ce parti annonce généralement la couleur de sa politique à la con et manque rarement de l'appliquer scrupuleusement) ... qu'une grande partie de l'électorat populaire du FN, donc, privé de sa nouvelle star, pourrait bien se reporter sur la gauche de gauche, en l'occurence sur Mélenchon, lui donnant ainsi une sérieuse chance d'arriver au second tour et même de l'emporter.

Un récent sondage envisageant l'hypothèse d'un premier tour sans la Pen montre qu'il n'en serait rien et que, faute de FN, les cocus du sarkozysme préfèreraient globalement retomber dans les bras du bougre plutôt que de voter Mélenchon au risque de voir enfin une vraie politique de gauche améliorer leur sort (je ne présente pas cela comme une certitude, mais enfin leur quotidien a plus de chances de s'améliorer avec un Mélenchon qu'avec un Hollande, pour ne rien dire d'un Sarkozy ou d'une Pen, évidemment).

La morale à en tirer est sans doute que cette histoire de "déçus du socialisme venus se réfugier dans le giron du FN" n'est elle-même qu'une fable et que les électeurs du FN sont, dans leur immense majorité, non pas des déçus de la gauche mais de purs et durs vrais cons de droite pour qui la notion de progrès social (si tant est qu'elle ait pour eux un sens) compte moins que la satisfaction d'expliquer le monde avec des catégories simples et de voir enfin les catégories honnies et causes de tous les maux (arabes, fonctionnaires, etc.) en prendre plein la gueule. Comprendre qui sont les vrais responsables ne les intéresse pas, car les vrais responsables sont trop loin et trop bien protégés pour pouvoir en prendre plein la gueule. Et puis ce sont souvent des blancs cravatés, ça ne ferait pas le même effet. Bref, peu importe de continuer à sombrer toujours plus dans la misère pour le profit de quelques uns, du moment qu'on garde l'espoir de voir un jour les arabes foutus dehors.

A moins d'un coup de théâtre, Mélenchon n'a donc aucune chance de parvenir au second tour, et dans une certaine mesure, étant donné la consternante nullité de son programme éducatif, je suis presque tenté de dire que c'est bien fait pour sa gueule. Sur ce plan-là, Chevènement ayant baissé pavillon, il ne reste plus que Bayrou pour afficher un programme encourageant, mais c'est bien le seul point sur lequel il l'est !


21 janvier : LE RETOUR DE MALIKA SOREL

Finkielkraut a réinvité Malika Sorel, déjà venue parler dans son émission d'intégration et confrontée ici à un larbin du PS qui explique avec hauteur que le modèle républicain d'intégration n'a pas mieux que le multicuturalisme de la Grande-Bretagne empêché le développement en son sein d'un islam radical et terroriste. On a envie de lui dire que le modèle républicain n'est plus vraiment appliqué depuis longtemps et qu'il paraît difficile de le faire fonctionner en détruisant l'école républicaine, tout en laissant la finance gouverner le monde et le chomâge se développer. Ce n'est pas exactement ce que lui répond Malika Sorel, mais ce n'est pas mal non plus : "La fonction des élites, c'est d'amener leur peuple vers le progrès, certainement pas de dire "le changement est là, accompagnons-le !" ou même pire, "nous ne pouvons plus rien, tout nous dépasse". Parce que, lorsque des élites disent cela, c'est qu'elles ne sont plus à leur place. Il faut s'attendre, quand les élites ne guident plus, à ce qu'un jour on s'en débarrasse, on les remplace par de vraies élites, et nous en avons eues dans le passé."


15 janvier : PLATONISME, NOMINALISME, ENFUMISME

On entend de plus en plus de philosophes (avec ou sans guillemets) assurer que le "monde des Idées" n'était chez Platon qu'une façon de parler. C'est faire, me semble-t-il (mais je suis loin d'être qualifié en ces matières), bien peu de cas de la querelle qui opposa durant des siècles "nominalistes" et "réalistes", les premiers estimant que les concepts n'étaient que des mots bien pratiques (le concept de cheval n'a aucune existence concrète, seuls sont réels les divers individus-chevaux) tandis que les seconds affirmaient que l'idée de Cheval était une réalité. Plus exactement, comme le rappelle Borges dans ses Enquêtes, le réalisme platonicien domina durant des siècles avant que le nominalisme ne s'impose peu à peu et ne soit désormais considéré comme allant de soi.

Expliquer aujourd'hui que Platon "n'a pas vraiment voulu dire ça" me semble une imposture comparable à celle de ces théologiens dont les ancêtres faisaient brûler quiconque osait contester le moindre détail des Ecritures et qui, maintenant que la science a triomphé et rend impossible de croire à bien des affirmations de la Bible, nous expliquent que celle-ci doit être comprise de manière symbolique et métaphorique.

Lorsque Paco Rabanne annonçait la fin du monde pour l'an 2000, il voulait simplement signifier par là la fin d'un certain monde. C'était une fin du monde métraphorique, mais personne n'a compris et tout le monde s'est foutu de sa gueule (surtout après la date annoncée).

Lorsqu'un quelconque Steevy vous affirme que le Brésil se trouve en Australie ou que Staline a vécu au XIII° siècle, au lieu de rire bêtement, comprenez par là que "d'une certaine façon, le Brésil a métaphoriquement quelque chose d'australien" et que "sur certains plans (à vous de trouver lesquels !), Staline avait beaucoup de points communs avec les hommes du XIII° siècle".


14 janvier : TRIPLE A ET TRIPLE BUSE

Commentant la perte du triple A français, François Hollande y voit la preuve de l'échec de la politique de Sarkozy. On voit le niveau du gaillard : toute occasion lui est bonne pour attaquer l'adversaire (qui en l'occurence le mérite) mais que nous révèle cette réaction sur François Hollande ? Qu'il accorde de l'importance aux décisions des agences de notation, qu'il se couche devant elles et commente leur décision en véritable fayot.

On se prend à rêver en repensant à De Gaulle qui, face aux vélléités indépendantistes de Rainier de Monaco, avait simplement déclaré : "coupez lui l'électricité, ça va le calmer", ou à Staline demandant : "Le Vatican ? Combien de divisions ?".


12 janvier : DELON, DE VISCONTI A AFFLELOU

Même "bien conservé" et contrairement à quelques confrères moins favorisés au départ physiquement et qui ont montré en fin de carrière de quoi ils étaient capables (que l'on songe à Galabru, Serrault, Marielle,...), Delon a un milieu de carrière inintéressant (à quelques exceptions près, comme Monsieur Klein ou son interprétation de Charlus) et une fin de carrière plus lamentable encore, dont le sommet, malgré son actuelle expérience publicitaire, restera malgré tout l'insurpassable navet de BHL, Le Jour et la nuit.

A l'âge où les vrais grands acteurs donnent toute leur mesure, à l'âge où d'autres stars vieillies comme Clint Eastwood réalisent des films pour la plupart superbes, Delon pose pour Afflelou. On pourrait être tenté d'en déduire qu'il n'a jamais eu un bien grand talent, juste une sorte de présence, et même d'en déduire qu'il n'y a pas grand chose dans le crâne d'Alain Delon, mais ça on le savait déjà.


10 janvier : MONA OZOUF ET LA LECTURE

Par ailleurs très intéressante, Mona Ozouf se risque à mon avis un peu trop vite à certaines affirmations sur les problèmes liés la lecture :

- du simple fait qu'elle-même est passée (avec succès) par la méthode globale, elle déduit que celle-ci n'est pas responsable.

- elle suppose que la manque de goût des jeunes pour la lecture vient de leur incapacité à varier le rythme de leur lecture, à s'attarder sur certains passages, à en occulter totalement d'autres (selon elle, ils veulent tout lire du début à la fin, ce qui les ennuie donc) : c'est oublier qu'on peut prendre plaisir aux livres même sans sauter de passages et surtout c'est n'avoir jamais vu un enfant peiner sur sa lecture en déchiffrant laborieusement.

 


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