THE UNOFFICIAL JOHN DOGGETT's BLOG

2006 - Highway to Fascism


23 janvier 2006

Je ne me sens pas spécialement prophète et j'aurais même assez fortement tendance à traiter de pignouf toute personne affirmant pouvoir prédire l'avenir, mais je vois pour la France un futur fait de régressions en tous genres et de conflits. De conflits ineptes autant qu'ignobles, car l'intelligence ayant renoncé à combattre réellement l'ignorance, les forces dites de progrès ayant renoncé à combattre vraiment les forces de l'abaissement, les conflits qui sortiront de cette confusion risquent d'être particulièrement absurdes et écoeurants.

J'ai le sentiment que l'Histoire nous réserve des jours sales.


7 mars 2006 : DU C.P.E.

Je ne me sens pas spécialement compétent pour parler droit du travail, mais, tout en étant par principe méfiant et hostile aux décisions d'un tel gouvernement, j'ai tout de même l'impression que le C.P.E. ne fait qu'officialiser un peu plus une situation de précarité qui est déjà amplement présente. Je ne veux pas du tout dire que le C.P.E. est acceptable, loin de moi cette idée (et je passe sur les arguments ignominieux répandus dans les médias par les partisans de cette loi votée à la hussarde) : je veux juste dire deux choses.

La première, c'est que le C.P.E. semble ici un prétexte, ou plus exactement la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Quatre ans sous ce régime, ça devient invivable. Le mouvement de 2003, malgré sa durée et sa détermination, s'est brisé, mais des générations neuves prennent le relais, l'an dernier contre De Robien et plus encore cette année. Peu importe le motif après tout : le cynisme et l'arrogante surdité de cette droite sont devenus insupportables. Que le C.P.E. ne soit qu'un prétexte ne me gêne donc pas du tout.

La deuxième chose, en revanche, m'inquiète beaucoup plus. C'est qu'en s'opposant au gouvernement sur un loi aussi secondaire, on donne au PS la possibilité de tirer sans peine son épingle du jeu. Le combat contre le C.P.E. lui fournit un cheval de bataille qui n'engage à rien. La droite redevient détestable aux yeux de la majorité des français (enfin, c'est l'impression que tout cela donne, mais restons prudent : je crois la masse électrice assez incohérente pour détester en bloc le C.P.E. et pour continuer à vénérer en même temps Sarkozy), le PS redevient une force d'opposition qui semble avoir quelque chose à dire. Mais que dit-il ? "Non au C.P.E." ? Très bien, et que peut-il promettre à partir de là ? De l'abroger dès son retour au pouvoir ? Je crois certes le PS assez courageux pour abroger une mesure qui officialise une forme de précarité, mais sûrement pas pour remettre en cause la précarité généralisée qui existe déjà depuis des années et qui continuera à exister après l'éventuelle abrogation du C.P.E. Si je me laissais aller à mes pulsions paranoïdes, je serais presque tenté de dire qu'il y a un pacte entre l'UMP et le PS : "Voilà, on a réussi à déréglementer un maximum de choses en 5 ans, je crois qu'on est grillés pour un moment, on vous passe le relais pour gérer quelques années le libéralisme aggravé qu'on a mis en place, et pour vous faciliter ce passage de relais, on vous offre un sujet bidon sur lequel vous pourrez enfin vous positionner en opposants de gauche, mais juste pour rire." Je ne le dirai pas parce que je ne le crois pas réellement, mais bon ... quelque part, c'est bien tout de même ce qui est en train de se passer. Et ça nous ramène toujours à ce problème : le narcotique PS gérant mollement le libéralisme, sans susciter de réactions, est-ce que ce n'est pas encore pire que la droite qui au moins a le mérite de stimuler (involontairement bien sûr) une certaine résistance et une certaine réflexion chez les citoyens ? Je continue à me poser la question : et pourtant Dieu sait que je ne voudrais pas avoir à supporter l'UMP au pouvoir cinq ans de plus ...


22 mars 2006

Ca y est. Sentant clairement le vent tourner, Sarkozy se démarque "nettement" de Villepin sur le CPE ("nettement ne signifie pas que Sarkozy a une idéologie "nettement" différente, ni même différente d'ailleurs et certainement pas moins libérale, mais simplement qu'il affirme nettement qu'il se démarque de Villepin, en simples termes de communication, donc).

Ce qui est stupéfiant, d'ailleurs, ce n'est pas l'habileté de Sarkozy : somme tout, n'importe quel con carriériste (pléonasme ?) ferait spontanément la même chose. Ce qui est stupéfiant c'est que Villepin se soit engagé dans ce merdier s'il a (pardon : "avait") vraiment des ambitions présidentielles.


25 mars 2006

Contrairement aux syndicats qui y sont allés hier, les étudiants ont refusé l'invitation de Villepin à "dialoguer", considérant qu'aucun dialogue n'était plus possible avant le retrait du CPE. Bien joué !

Il me semble d'ailleurs que c'est un préalable assez mesuré. Après 4 ans de ce régime, j'ai peine à croire qu'on puisse défiler en demandant simplement le retrait du CPE au lieu de demander la démission de Chirac et de toute la clique, ne serait-ce que pour leur faire un peu sentir à quel point on en a marre, à quel point ils sont mal barrés pour 2007 et à quel point, en attendant, ils seraient bien inspirés de lâcher au moins UN PEU de lest.


27 mars 2006

J'ose espérer qu'un jour on se rendra compte de l'erreur colossale qu'a été en 2003 le choix de ne pas entraver le déroulement du bac. Au nom de l'affectif à court terme, on a ouvert la porte à un avenir de merde pour nos élèves. Enfin, même si ça me soulagerait que ceux qui ont fait ce choix s'en mordent un jour à juste titre les doigts, j'espère plus encore que le mouvement de 2005, non content d'obtenir le retrait du CPE, balaiera la racaille UMP, la racaille PS et toutes les régressions sociales qu'on nous impose depuis des années.


30 mars 2006

Acheté le dernier numéro de Charlie-Hebdo. D'accord sur l'essentiel avec l'édito de Val, ce qui tend à me confirmer que son erreur lamentable sur le Traité Constitutionnel Européen n'est pas forcément le signe qu'il est devenu horriblement réac comme l'affirment bon nombre de gauchistes délirants.

A moins bien sûr que je ne sois moi-même horriblement réac, ce qui sur bien des sujets est loin d'être impossible ...

Dans le même numéro, Cavanna, à moitié sérieux, suggère une manipulation selon laquelle Villepin se montrerait aussi navrant dans la gestion du CPE pour faire monter la tension et créer une atmosphère propice à l'élection de Sarkozy comme sauveur et restaurateur de l'ordre. Sur la liste de diffusion du réseau anti-K, quelqu'un (qui visiblement pense comme moi que le CPE, s'il est important en tant que symbole, n'est pas quelque chose de fondamental) propose une interprétation paranoïde encore plus convaincante : pendant que tout le monde se focalise sur le CPE, le gouvernement continue à faire passer des lois autrement plus nocives. Le moment venu, il abandonnera (ou le PS de retour abrogera) le CPE, calmant ainsi les esprits sur une chose sans conséquence et leur évitant de regarder ailleurs. Technique classique de prestidigitateur.


1° avril 2006

L'accord du Conseil Constitutionnel sur le CPE n'ayant pas permis de sortir de cette crise tout en sauvant la face, et après le discours désastreux d'hier soir, il reste encore un dernier moyen à Chirac de s'en sortir tout en reconstituant son capital de sympathie dans l'opinion : jouer la carte du "poisson d'avril" en assurant qu'il "déconnait" (ce qui est d'ailleurs, de toutes façons, le terme adéquat).

***

Phrases récentes de Villepin, tirées du Nouvel Obs et citées par Didier Porte :

"La France veut être prise, ça la démange dans le bassin."

"On les a baisés avec du gravier."

"Je ne ferai pas comme Balladur avec le CIP : moi j'ai des couilles."

"Il faut reprendre l'offensive et montrer qu'on a des couilles."

Formidable, le nouveau Chateaubriand.

Porte conclut ainsi :

"Un petit conseil, si vous le permettez, monsieur le premier ministre, au lendemain de la décision du Conseil Constitutionnel : vous devriez parler un peu moins de vos couilles et penser plutôt à les mettre à l'abri, parce que je ne donne pas cher de leur peau, bon week-end !"


10 avril 2006

CPE retiré ce matin. C'est un premier recul. Sur un point certes mineur, c'est la première reconquête de la gauche face à un pouvoir qui joue depuis 2002 le passage en force et le pourrissement. Symboliquement, c'est formidable. Reste à savoir ce qu'on fait après ce premier pas. Si on se contente de sabler le champagne et d'attendre le retour de la pseudo-gauche au pouvoir, c'est une victoire bien illusoire.

N'oublions pas que la "loi sur l'égalité des chances" est maintenue, avec tout ce qu'elle implique, comme le travail dès 14 ans.


19 mai 2006

L'actualité tournait aujourd'hui autour d'un événement politique, social, métaphysique et culturel de grande ampleur : le prochain retour en France d'Alain Juppé (là il est juste revenu faire un tour et chercher une maison, mais promis, bientôt il reviendra pour de bon). A entendre les médias, on a un peu l'impression que c'est Victor Hugo rentrant de Guernesey après des années d'exil. Il serait tout de même bon de rappeler :

- que ce type est un sale con.

- qu'il est parti (bosser au Québec : l'enfer !) depuis à peine un an : pas de quoi faire autant de foin au sujet de son retour, d'autant que, globalement, tout le monde, même à droite, s'en fout complètement.

- que personne ne l'a exilé mais qu'il est parti de son propre chef, vexé d'avoir été condamné par la justice dans une sordide affaire d'emplois fictifs. Même s'il est un peu injuste qu'il ait été le seul condamné et que Chirac soit toujours en circulation, on est loin de Victor Hugo !


7 juin 2006

L'auto-proclamé "nouveau Chateaubriand" se révèle être un pitoyable "manipulateur manipulé" à l'âme (et au brushing) de gigolo de province (sur le retour). Nous avons déjà évoqué (21 mai) le "nouveau Baudelaire" ... Ah ! il s'annonce bien, le XXI° siècle, si c'est c'est ça le nouveau Chateaubriand et le nouveau Baudelaire ! On peut cependant rêver que les vrais successeurs de ces gens-là restent encore à venir. Et, s'ils ne viennent pas, on peut toujours relire Chateaubriand et Baudelaire.


12 juillet 2006

Par chance, la France a perdu la finale de la Coupe du Monde de football. Je dis cela d'un point de vue purement politique, n'ayant que faire de l'aspect sportif de l'affaire. Ce genre de victoires donne lieu à des enthousiasmes et à des indulgences assez sidérants. En 1998, Chirac aussi bien que Jospin avaient atteint une cote de popularité incroyable après la victoire de l'équipe de France. Cette fois, Chirac, qui était très bas, reprend 5 points rien que par la grâce d'une accession en demi-finale. Je laisse imaginer le résultat en cas de victoire ...


14 septembre

Didier Porte relève cette déclaration de Michel Drucker : "Si je prends ma retraite, je meurs", qu'il commente ainsi : "C'est quoi, ce chantage ? Personnellement, je demande à voir." Mais il signale surtout cette réponse sidérante de Jack Lang, à qui Pascale Clark demandait :

"Si vous deviez résumer votre candidature à une seule promesse, quelle serait-elle ?

- Si je suis élu président, je resterai moi-même."

Commentaire de Porte : "Au secours ! Nolwenn se présente à la présidentielle !"


8 décembre : DEJA LE FASCISME ?

Etrange affaire à Nantes. Le 24 novembre dernier, un ouvrier tunisien en état d'ivresse est embarqué par une voiture de police. Depuis, on est sans nouvelles de lui : pas la moindre trace de son passage au commissariat, aucune main courante, rien. Dans l'état actuel de l'affaire, abstenons-nous de tirer des conclusions définitives sur ce qui s'est réellement passé, mais interrogeons-nous tout de même sur ce qui a pu se passer et qui risque de se passer de plus en plus sous un régime sécuritaire sarko-fascisant.

Tous ceux qui ont eu la chance de ne pas connaître le fascisme s'en font souvent une idée assez abstraite. Il s'agit essentiellement dans leur esprit d'une limitation de la liberté d'expression (perspective qui n'effraie guère ceux qui n'ont pas grand chose à exprimer) agrémentée d'une discrimination plus ou moins sauvage contre telle ou telle catégorie de métèques ou autres marginaux dont ces mêmes gens se sentent assez médiocrement solidaires ("c'est tant pis pour eux ! après tout, du moment que, nous, on peut continuer à vivre tranquilles ! et puis au moins les rues sont calmes avec ce gouvernement ..."). C'est oublier que pour instaurer et maintenir un régime de ce type, il est nécessaire de déployer des forces de maintien de l'ordre (police, milices, S.A.,...) aux méthodes brutales et qui bénéficieront d'une totale impunité, donc d'une liberté quasi-totale de nuisance, y compris arbitraire (et comme les milices de ce genre n'attirent pas en priorité des gens rationnels, pondérés, humanistes et psychologiquement épanouis, on imagine bien que ça peut déraper assez facilement). Le fascisme est avant tout la négation du droit (dans une démocratie, la justice est parfois imparfaite, mais tout le monde a droit à un avocat, tout le monde a le droit de faire appel, d'informer la presse de ce qui lui arrive, etc.). Le fascisme est le triomphe de l'arbitraire. Pour ne pas nuire à l'efficacité de ses miliciens dans l'éradication de toute contestation politique, le pouvoir doit non seulement couvrir les méthodes radicales utilisées, mais également les débordements de violence arbitraire commis par ses sbires pour leur seul plaisir. 1900, le film de Bertolucci illustre parfaitement cela avec le personnage interprété par Donald Sutherland, qui trouve dans l'appartenance à une milice fasciste la possibilité de se livrer impunément aux pires atrocités, y compris les moins motivées politiquement, comme le viol d'enfants : qui oserait prendre le risque de dénoncer les agissements d'un cadre du Parti dans un Etat où le Parti est seul maître ?

Une fois encore, évitons de conclure sans preuves sur l'affaire de Nantes. Mais ce qui est certain, c'est que la politique sécuritaire actuelle crée depuis quatre ans chez certains policiers un sentiment de relative impunité, que ce sentiment d'impunité pourrait bien générer le pire, générer ce que l'on est bien obligé d'imaginer dans cette affaire tout en espérant se tromper, et que de telles dérives ne feront que s'amplifier si l'on continue dans cette voie plus que trouble. Qu'on veuille privilégier une police et une justice plus répressives, c'est un choix politique qui peut se défendre : mais laisser la moindre petite porte ouverte à l'arbitraire et à l'impunité pour les forces de l'ordre, c'est un danger terrible pour la démocratie. Et la démocratie n'est pas qu'un joli mot. C'est le droit de vivre sa vie sans être arrêté et assassiné sans raison par des représentants de l'Etat.


26 décembre

Une belle analyse de l'emploi raisonné d'un réseau de relations pour trouver un emploi (avec le cas de Marie Drucker, un exemple pour tous les chômeurs) :

http://elryu.blogspot.com:80/2006/12/druckerbaroin-un-exemple-pour-tout-les.html


Retour Menu Blog

Retour Sommaire principal

Retour Sommaire archives 2003-2017