LE REVENU D'EXISTENCE

* PRESENTATION

* OBJECTION MAJEURE , par Jonathan Doggett-Swift, Secrétaire Général de l'OMCM.

 


PRESENTATION :

Alors l'heure où nous sommes confrontés à une véritable contre-révolution néolibérale, fermement décidée à balayer toute forme de régulation des marchés et de protection sociale, il est important de ne pas limiter notre combat à une résistance défensive mais d'adopter nous aussi une position offensive.

Une des revendications les plus intéressantes du moment est celle d'un revenu d'existence minimum garanti pour tous, en particulier pour les jeunes pas encore entrés dans le monde du travail (ce qui revient pour schématiser à exiger le droit de chacun à un niveau de vie décent). Plusieurs formules de ce revenu d'existence ont été élaborées. ATTAC propose des fiches synthétiques de 4 grandes propositions ; on trouvera également les propositions développées et argumentées de Jean Zin, un ancien des Verts, sur son site Ecologie Révolutionnaire.

Il est à mon avis très important de bien s'informer sur les formes que pourrait prendre ce revenu d'existence, car certains théoriciens néolibéraux en proposent également leur version, évidemment faite pour accentuer la déréglementation. Bref, l'idée est prometteuse mais attention aux contrefaçons !

Pour n'évoquer que quelques unes de ses potentialités, il suffit de considérer ce que l'instauration d'un tel revenu d'existence pour tous impliquerait dans l'évolution des rapports sociaux, en particulier dans la possibilité de résister à toute forme de chantage à l'emploi, à toute forme de précarisation et de dévalorisation des conditions de travail.

Bernard Friot suggère quant à lui l'instauration d'un "salaire à vie", y compris en cas de démission, autre façon très intéressante d'aborder la question.

Très peu médiatisées, ces propositions pourront sans doute dans un premier temps sembler aberrantes à certains. Je ne peux donc que vous inviter tous à consulter les liens en place sur cette page afin de vous faire une idée claire et objective.

Mais à l'heure où les alternatives politiques viables font défaut, et dans la mesure où l'émergence d'une force politique réellement nouvelle ne pourrait guère se faire avant les prochaines échéances électorales, il se pourrait que ce soit cette revendication, la forme proposée, l'engagement formel de mettre en place immédiatement ce revenu d'existence, qui puisse nous aider à faire notre choix aux prochaines élections.

Reste à populariser l'idée malgré le silence des medias, d'ici aux prochaines élections.


OBJECTION MAJEURE AU REVENU D'EXISTENCE :

Une objection trop souvent oubliée par les détracteurs du revenu d'existence, c'est l'impact désatreux qu'aurait un tel bouleversement sur certains secteurs économiques particulièrement florissants.

D'abord, on peut rester sceptique quant à l'effet de cette mesure sur la consommation. En fixant à ce revenu d'existence une limite relativement haute, quelque chose comme 600 ou 700 euros, on peut certes voir toute une frange de la population accéder ainsi à un type de consommation dont elle était jusqu'alors privée, une consommation de loisirs en particulier et non plus seulement une consommation de survie. Certes, mais il ne faut pas nous leurrer : les bénéficiaires de ce revenu d'existence ne vont pas pour autant acheter en masse des carrés Hermès ou des Jaguar rouges : alors, qu'ils crèvent !

D'autre part, revenons un instant sur la notion de survie précédemment évoquée. Si le fait d'être dans une situation de simple survie n'incite pas à varier ses habitudes de consommation, il est en revanche très favorable au développement de certains secteurs économiques parmi les plus rentables, tant au niveau français qu'à l'échelle internationale :

1. LA PROSTITUTION. En maintenant des femmes (ou des hommes) de tous âges (âge légal ou non) dans la misère, on maintient un vivier de chair humaine toujours disponible à la location. D'autre part, comme la misère financière entraîne également pour beaucoup d'individus la misère sexuelle, cela maintient aussi le nombre des clients. Il y a fort à craindre qu'une amélioration générale du niveau de vie, surtout associée à une amélioration de l'enseignement fourni à tous, aurait pour effet un épanouissement amoureux aussi généralisé qu'économiquement tragique, car il aurait pour effet de réduire la clientèle de la prostitution de façon drastique.

2. LA DROGUE : Là aussi, la misère a un impact bénéfique double puisqu'elle fournit à la fois un réservoir de toxicomanes désireux de fuir leur quotidien dans les "paradis artificiels" (préférer ce terme) ou dans l'alcool, mais aussi de revendeurs prêts à prendre tous les risques à notre place pour sortir de leur misère de départ et accéder à l'argent facile.

Mais il serait dommage de limiter à la sphère économique les bienfaits de la misère. Elle exerce également une fonction politique de premier plan, en contribuant au développement de toutes les formes de délinquance, mais également de toutes les formes d'extrêmismes. En effet, il faut mener une existence sacrément désespérante pour avoir envie de jouer les kamikazes pour un type comme Ben Laden. Supprimez radicalement la misère dans le Tiers-Monde et vous supprimez radicalement l'intégrisme religieux. Donnez à chacun la possibilité d'avoir une vie décente et agréable, et plus personne ne voudra risquer sa liberté à braquer des banques ou à dealer de la merde.

Ce serait évidemment catastrophique, car non seulement ces activités sont sources d'importants profits financiers (et ce qui est bon pour la construction de ma piscine privée est forcément bon pour l'ensemble des gens qui n'auront pas le droit de s'y baigner : c'est un axiome néolibéral, tu ne discutes pas, tu le crois ou tu crèves !), mais elles maintiennent en outre un sentiment d'insécurité très utile pour l'installation d'un Etat policier.

C'est pourquoi nous disons :

OUI à la misère du plus grand nombre, source de richesses pour le plus petit nombre (et donc source de richesses pour le plus grand nombre, CQFD) !

NON au revenu d'existence qui compromet le gagne-pain des proxénètes, des trafiquants de drogue, des marchands de peur et des super-ministres de l'Intérieur !

Jonathan Doggett-Swift

Secrétaire Général de l'O.M.C.M (Organisation Mondiale des Commerces Maffieux)

(08/07/2003)


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