MODESTE REFLEXION SUR LES RADARS ET LES CONTRAVENTIONS

 

Si, en tant qu'usager de la route, il m'arrive de maudire ce système, il faut tenter de rester objectif et d'en souligner d'abord les avantages :

- dissuader les gens de rouler trop vite, en soi, ce n'est pas un mal.

- à une époque où la fraude et l'évasion fiscales rendent nécéssaires d'autres rentrées d'argent si l'on ne veut pas augmenter encore la pression fiscale sur les classes moyennes qui paient désormais à la place de l'élite, sanctionner financièrement les infractions au code la route ne semble pas une si mauvaise chose.

Mais ce système n'est acceptable que s'il est équitable et honnête. Ce qui implique :

- que radars et amendes soient véritablement gérés par l'Etat et non par des sociétés privées.

- que chacun paie ses amendes et que personne n'ait la moindre possibilité de les faire sauter. Ou plus exactement, que cette possibilité soit réservée à des catégoriées données (médecins, ambulances, etc.), mais certainement pas au premier connard venu qui a un cousin dans la police, un siège de député ou un portefeuille de ministre. Ce sont les passe-droits qui rendent le principe des contraventions aussi répugnant pour beaucoup de gens. Je ne contesterai même pas l'énormité de certaines amendes, car après tout il s'agit de dissuader, mais ces sommes ne sont admissibles par quelqu'un qui a commis une infraction que s'il peut se dire que tous ceux qui recevront la même amende pour la même infraction la paieront eux aussi.

- que le système repose sur la clarté et ne donne pas à tous les niveaux l'impression de vouloir piéger les gens. Si cela ne coûtait pas plus cher que cela ne rapportait d'argent, on pourrait tout à fait admettre que le moindre kilométre de route soit équipé de radars, afin d'inciter les automobilistes à respecter en permanence les limitations : mais faute de cela (et on se passera d'autant mieux de cette surveillance omniprésente qu'elle ne rapporterait rapidement plus rien en termes d'amendes), il est naturel que tous les radars ne soient pas indiqués. Le piège n'est pas là. Il peut être en revanche dans le fait de sanctionner à partir de 5 km/h de dépassement, contre 10 autrefois. Cela rapporte évidemment beaucoup plus ainsi, mais le procédé est à la fois malhonnête et dangereux, parce qu'il est extrêmement difficile de gérer correctement une variation de vitesse aussi faible et qu'une telle mesure incite davantage à regarder le compteur qu'à regarder la route : en termes de sécurité routière, il y a mieux. Avec une limite de 10 km/h, on n'est absolument pas pris en traître : si on dépasse la limite autorisée, c'est qu'on le sait, on s'en rend parfaitement compte et on n'a plus qu'à en assumer les conséquences. Ramener la limite à 10 km/h serait donc une mesure d'équité et de bon sens, quitte à compenser les pertes financières que cela causerait en augmentant aussi bien le nombre des contrôles que le montant des amendes.

Propositions annexes :

- le montant des amendes pourrait être indexé sur le revenu imposable, car la même amende qui oblige certains à manger des pâtes jusqu'à la fin du mois ne représente absolument rien pour d'autres. De là à dire que c'est la raison pour laquelle certains de ces autres se sentent autorisés à rouler comme des dingues, ...

- le système du retrait de points est certes dissuasif, mais la même force dissuasive pourrait être obtenue par une augmentation du montant des amendes, avec cet avantage de faire peser toute la sanction sur un chaque délit pris isolément, sans hypothéquer l'avenir. On arrive avec les retraits de points à des situations aberrantes, beaucoup de gens roulant sans permis parce qu'ils ont besoin de conduire pour leur travail. Le délai sans infractions au bout duquel les points sont rétablis est récemment passé de deux à trois ans. Ca n'a aucun sens (*). Pas besoin d'une grande imagination pour imaginer le sentiment du pauvre diable qui fait des efforts pendant 35 mois, qui conduit impeccablement pendant tout ce temps pour récupérer ses points et qui, un jour du 36° mois où il est un peu en retard, est flashé à 114 km/h sur une portion à 110. Le voilà reparti pour trois ans !

Pour conclure, disons simplement qu'il est navrant d'avoir à émettre des suggestions de simple bon sens sur des sujets aussi inintéressants.

(*) : Petit détail indiquant malgré tout une lueur (suffisante ?) d'intelligence dans le dispositif actuel : ne pas perdre de point pendant 1 an permet tout de même de récupérer 1 point lorsque la dernière perte de points était de 1 point

 

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