LOFTERIES DIVERSES
"La France est fascinée par ce
spectacle et on la comprend. On doute qu'il lui ait jamais
été mis sous les yeux un miroir aussi clair de ce
qu'elle est devenue. Elle peut voir là en vraie grandeur et en
temps réel ce que sont ses enfants, les jeunes gens
d'aujourd'hui, quel est le résultat de son système
d'éducation et plus généralement de son
système social de transmission des connaissances et des
valeurs, et ce que c'est que d'être vivant et d'habiter la
terre maintenant, aujourd'hui, parmi nous, pour des garçons et
pour des filles à l'orée de l'âge adulte. Elle
peut entendre ce qu'est sa langue, elle peut appréhender ce
qu'est le sens des mots, au sein d'un groupe considéré
comme représentatif d'une tranche d'âge, et mesurer le
degré de richesse, de complexité et d'efficacité
des instruments syntaxiques des sujets sous observation. Par voie de
conséquence, elle a tout loisir d'apprécier le type de
rapports humains qui fleurissent grâce à ces
instruments-là, les idéaux qu'ils autorisent ou qu'ils
suscitent, la Weltanschauung d'une génération. Ce qui
lui crève les yeux, c'est le néant. Non pas certes le
grand néant métaphysique dont sont sorties des oeuvres
intrépides, d'immenses courants de pensée, des
religions entières et quelques dizaines de civilisation plus
ou moins raisonnables. Non, un tout petit néant de rien du
tout, un néant sans ombre et sans écho, sans rien qui
puisse suggérer le plus élémentaire abîme.
Trente ou quarante siècles de culture de l'âme ou du
regard n'ont pas laissé la moindre trace. Les Parthénon
ont été bâtis en vain, les Comédies
humaine et divine sont lettre morte ; si des Hymnes à la joie
ont jamais retenti, aucun écho n'en est parvenu jusqu'au Loft.
Qu'il y ait eu des peintures, qu'il y en ait peut-être encore,
que des paysages aient ému des voyageurs, qu'une sorte de
lyrisme ait pu sourdre des mots, qu'on ait jamais pu s'exalter pour
une cause, pour une patrie, pour une idée fausse, un pan de
mur jaune, le chagrin d'un peuple ou d'un roi, une fleur sur le
tapis, rien de tout cela n'émet plus la moindre perceptible
vibration entre les lofteurs. Le sens d'arrête au bout des
gestes de manger, de saisir, de désirer, de jouer. Aucun
tremblement sémantique dans l'air et moins encore dans le
temps. Sauf à quitter une bonne fois la condition humaine et
le statut d'être conscient, il ne semble pas qu'on puisse aller
moins loin, convoquer moins de mots, ni tracer un cercle signifiant
plus étroit."
(Renaud Camus, Du Sens)
MAI 2003 : EMISSION DE
MIREILLE DUMAS SUR LA GLOIRE EPHEMERE
Dès le début, Steevy se la joue "j'ai pris des cours de culture générale" et se pose comme l'intellectuel du plateau en introduisant une distinction sémantique :
- Alors moi je fais bien la différence entre la célébrité et la notoriété. Je pense qu'il y a très peu de personnes qui font BIEN la différence.
Doigt doctoral levé, il explique :
- On est CELEBRE quand on a été reconnu pour un travail qu'on a effectué. Mais quand on n'a pas travaillé et qu'on a été ... "starifié" comme ça, LA c'est une NOTORIETE. Nous on a eu une notoriété sans rien faire. Mais j'espère un jour être célèbre.
Mais il a à peine fini que Mireille Dumas lui dit gentiment :
- Oui, sauf que, Steevy, la notoriété, cela suppose qu'on a fait quelque chose de notable, donc c'est plutôt le contraire.
Steevy (outré et affolé) : Oui ... mais ... BEN NON !!!!
Lauryne en rajoute une couche : Ben si. Moi je considère que j'ai eu une certaine célébrité mais je ne considère pas que j'ai pu acquérir une grande notoriété.
Steevy retente le coup en lui expliquant :
- Non, mais ... tu es CELEBRE quand tu es reconnu pour quelque chose !
Lauryne : Non, c'est le contraire.
Mireile Dumas conclut en disant :
- Peu importe, Steevy, on a bien compris que vous avez été ... disons "connu", ça va vous mettre d'accord ... sans avoir rien fait.
Quelque peu déconfit par l'échec de son coming out culturel, Steevy acquiesce en précisant :
- Connu, bon, d'accord, mais quand on me dit "célèbre", non !
Mais le pire reste à venir car une femme autrement plus redoutable que Dumas ou Lauryne attend notre Steevy au tournant, c'est Marthe Villalonga.
D'abord, Steevy précise qu'il a fait un BEP d'audiovisuel mais qu'il n'a pas pu continuer car "l'Education Nationale a supprimé la suite du diplôme" (Salaud d'Allègre ! Pourriture ! Il l'a fait exprès pour nuire à Steevy !).
Puis il explique le tort qu'a causé le Loft à son image :
- Quand on parlait politique, religion ou quoi que ce soit, c'était pas vendeur alors c'était coupé au montage. Ils préféraient montrer quand on s'engueulait ou bien montrer Loana et Jean-Edouard dans la piscine.
Bref, il commence presque à nous convaincre que M6 a fait passer une fine équipe de philosophes pour des blaireaux rien qu'en montant ses émissions malhonnêtement. Personne ne vient le contredire, même pas Aziz qui, même s'il sait très bien que lui (à sa façon) a parlé politique, religion et valeurs, est en train de se demander à quel moment et caché dans quel placard Steevy a bien pu en faire autant. Mais bon, il admet que l'idée est vraie.
Mais c'est là que Marthe V. (présentée avec Frédéric François au début non pas comme "has been" mais comme exemple de succès durable) passe à l'attaque et dit à Steevy qu'elle a été choquée de voir qu'il faisait du théâtre.
- Quand je pense que nous on prenait des cours pendant des années, qu'on devait travailler pour les payer, ... et que tout d'un coup on fait venir ... (elle rit légèrement, un peu gênée) j'allais dire un guignol, excusez moi mais ...
Kenza acquiesce : Mais oui ! On était des guignols justement !
Marthe poursuit cependant sans conserver le terme (peu élogieux) de "guignol" :
- On prend un truc comme ça, on le met là et on vous dit: "Il va jouer une pièce" !
Sans doute peu satisfait par la substitution de "truc comme ça" à "guignol", Steevy est au comble de l'irritation et il engueule Marthe V. :
- Ecoutez ! C'est pas méchant ce que je vais vous dire ! Ce que vous dites, c'est un peu du RACISME ! Les gens se permettent de juger sans savoir !
A part ça, Kenza signale que le psy du Loft, elle ne l'a plus revu après sa sortie, bien qu'elle l'ait maintes fois appelé quand elle était en pleine dépression.