QUELQUES DERAPAGES LITTERAIRES DE SOUVESTRE ET ALLAIN

 

Ecrite à quatre mains (ou plus exactement dictée à quatre lèvres) par Pierre Souvestre et Marcel Allain entre 1910 et 1914 (32 volumes), puis reprise après la mort de Souvestre par le seul Allain qui en écrira ainsi encore quelques volumes, la série des Fantômas relève de la littérature populaire (ou "para-littérature" si l'on préfère) et d'un dilettantisme affiché.

Si l'on en croit le témoignage précieux de Marcel Allain, la série a été créée par les deux compères journalistes à la demande de l'éditeur Arthème Fayard sans qu'aucun des deux auteurs n'ait vraiment cru au départ à l'avenir du projet. On connaît l'anecdote fameuse selon laquelle Allain trouva en dernière minute, dans le métro qui les amenait chez Fayard, un nom pour le personnage principal, nom que Souvestre griffonna sur un carnet : FANTOMUS. Et c'est en tentant de déchiffrer l'écriture de Souvestre qu'Arthème Fayard lut par erreur FANTOMAS, trouvant cela fort adéquat, déformation que Souvestre et Allain s'abstinrent évidemment de rectifier tant elle était en effet bienvenue.

L'anecdote, vraie ou fausse, souligne bien le paradoxe qui fait de Fantômas une indéniable réussite malgré ses grandes faiblesses, un véritable phénomène culturel, un coup de génie non-prémédité. Il semble certain que les auteurs n'eurent pas, en tous cas durant longtemps, conscience de la puissance de leur création.

Ce qui est certain, c'est que les romans regorgent d'incohérences et de maladresses, qui en général contribuent à leur charme sans vraiment leur nuire. Marcel Allain a témoigné là encore de cela avec beaucoup d'humour à la fin de sa vie. Il raconte ainsi que, Souvestre ayant écrit quelque part "Il était plat et respectueux comme une punaise", un nombre incroyable de gens avaient "rouspété en disant que les punaises ne sont pas respectueuses." Il évoque également une dame qui lui avait écrit ceci :

"Si l'on additionne chaque fois que vous dites "deux mois plus tard", "un an après",... on découvre que Fandor a 183 ans."

Nous nous attacherons ici à relever de façon non-exhaustive les éventuelles incohérences, maladresses, aussi bien que les tics de langage dont un des plus frappants est sans doute cette manie d'accoler à tout bout de champ l'épithète "tragique" à n'importe quel mot.

(à suivre ...)

 

 

RETOUR INDEX