PETIT ARGUMENTAIRE DE LA DROITE MODERNE

Merci à Alain Finkielkraut et autres éminents léche-culs de la droite moderne. Loin du simplisme des électeurs de droite les plus bêtes, leur effort constant pour "construire" une pensée articulée, fut-ce au service d'une conclusion inepte, sont d'un grand secours pour discerner les arguments récurrents de ceux qui ont vendu leur capacité de raisonnement au plus offrant.


L'homme n'est pas naturellement bon, à l'exception de l'homme de pouvoir :

On ne manquera pas une occasion de dénoncer le manichéisme de ceux qui opposent victimes et bourreaux. On évitera bien entendu ce dernier terme et on parlera plutôt de "salauds", avec beaucoup de guillemets destinés à bien souligner que c'est ainsi que les appellent, dans leurs excès hystériques, les méchants gauchistes.

Un pauvre glandu, prétendue "victime" de la logique du profit, licencié ou précaire, n'est pas une véritable victime, car lui-même n'est certainement pas parfait. On invitera l'aimable assistance à se demander si cet individu n'a pas quelques péchés ou négligences sur la conscience (ne serait-ce que le poids du péché originel, si l'on ne trouve rien de mieux), qui expliqueraient sa situation sociale, certes navrante (toujours songer à compatir), mais sans doute en grande partie issue de sa propre incurie. Car enfin il faut un peu se prendre en charge ! On soulignera qu'il est un peu facile d'accuser toujours autrui, lé société, l'Etat,... Parler de ressentiment, d'aigreur, de jalousie.

En revanche, on veillera à bien mettre en valeur le statut de victime "refusé" aux hommes de pouvoir : ministre au coeur d'un scandale immobilier, homme d'affaires se retirant avec un parachute doré après avoir mis sur la paille les petits actionnaires, etc. Parler de "curée médiatique", plaindre et victimiser le monsieur respectable. Relativiser. Cas d'école : Elisabeth Lévy défendant le ministre Hervé Gaymard (logé dans un superbe appartement de 600 m2, le tout payé 14.400 euros par mois par l'Etat), en le mettant sur le même plan que des sportifs ou des acteurs qui gagnent des fortunes (en substance : "dans ces cas-là, le luxe ne choque personne ! il y a vraiment deux poids, deux mesures ! C'est scandaleux !"). La comparaison est évidemment faussée du simple fait que le salaire (fut-il énorme) d'un footballeur ou d'un acteur n'a rien à voir avec l'argent du contribuable, mais on s'efforcera d'omettre cette nuance qui gâcherait une si belle envolée.

Bref, à partir de vérités psychologiques de base, issues d'un sain rejet du manichéisme (un individu est en effet rarement totalement bon ou totalement mauvais), il s'agit d'effacer la réalité concrète des situations, à savoir que si un individu A, certes pourvu de certaines qualités (conversation charmante, beaucoup d'humour,...) exploite un individu B, certes rempli de défauts, cela reste de l'exploitation. Au contraire, on appliquera systématiquement la règle "deux poids, deux mesures" dénoncée plus haut par Elisabeth Lévy (mais ici bienvenue ... question de contexte !) : un loqueteux qui en bave a sûrement mérité son sort ; un homme de pouvoir pris la main dans le sac ne doit pas être accablé. C'est d'autant plus facile à faire passer que la populace a souvent une tendance naturelle à mépriser ceux qui s'en sortent encore moins bien qu'elle et à vouer une admiration sans bornes à ceux qui lui écrasent la gueule.


Les deux concepts fondamentaux sont ceux de "progrès" (= super !) et de "résistance au progrès" (= très mal) :

Le mot "régression" ne doit plus exister. Il pourrait troubler les esprits faibles et leur rappeler que le mot "progrès" suppose une évolution "vers le mieux" et non pas seulement une évolution (dans une direction unique, inévitable et décidée par nos maîtres).


 

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